L’effet Tanger Med
L’aventure entrepreneuriale de Bachir Sentissi est le fruit d’un processus laborieux et de son parcours entre le Canada et le Maroc. Après l’obtention de son MBA en management à McGill University en 1998, il rejoint l’un des plus grands transporteurs de fret ferroviaire en Amérique du Nord, à savoir la compagnie de chemins de fer Canadian National (CN).
“Cette expérience professionnelle auprès d’un acteur majeur de la logistique a imprimé sa marque sur l’évolution de ma carrière et mes centres d’intérêt, notamment la problématique de collecte et de traitement des flux d’informations et de biens au sein des organisations”, précise d’emblée Bachir Sentissi.
Capitalisant sur son passage chez CN, le lancement du port de Tanger Med lui apparaît comme une bonne raison d’accélérer son retour au bercail : il prend alors en charge le développement commercial au sein de Tanger Med Port Authority.
Après des études et une carrière exclusivement canadiennes, atterrir dans un mégaprojet comme celui de Tanger Med lui permet de s’adapter rapidement à l’écosystème business du Maroc.
Du RFID à l’IoT
La découverte de la dynamique du marché local le pousse d’ailleurs à se lancer à son propre compte en créant en 2011 sa première startup, Oritech, au Technopark de Casablanca, avec un positionnement de niche : la digitalisation et l’optimisation de la traçabilité de la chaîne logistique à travers la technologie RFID (de l’anglais Radio Frequency Identification).
“Ce choix s’explique par les opportunités offertes par cette technologie émergente dans l’identification grâce à ses avantages métiers, à savoir la grande distance de lecture, l’unicité des identifiants et l’encryptage des données”, assure Bachir Sentissi, qui s’est allié à l’Américain Alien Technology afin d’obtenir l’agrément de l’autorité de régulation, l’ANRT, pour exploiter sur le territoire marocain un lecteur RFID sur bande UHF (867,6-868 MHz).
Au fur et à mesure des déploiements de projets RFID pour ses clients sur le marché marocain, il découvre le potentiel de l’Internet des objets (IoT, de l’anglais Internet of Things). Cette révolution technologique permet de créer un réseau d’objets et de terminaux connectés équipés de capteurs qui transmettent et reçoivent des données entre eux et à d’autres systèmes. Il décide alors, en 2021, de cofonder Teraflow avec Mohamed Zaim Wadghiri.
2024 : cap sur Dubaï
“Avec cette nouvelle plateforme digitale, notre ambition est de travailler sur la nouvelle génération d’ERP qui intègre de manière native les dernières innovations de l’Intelligence artificielle, l’Internet des objets…”
“Avec cette nouvelle plateforme digitale, notre ambition est de travailler sur la nouvelle génération d’ERP qui intègre de manière native les dernières innovations de l’Intelligence artificielle, l’Internet des objets et la business intelligence avec une offre SaaS basée sur le Cloud”, promet, sur un ton confiant, le cofondateur de Teraflow, qui emploie déjà une vingtaine de collaborateurs.
Techniquement, il s’agit d’un ERP (de l’anglais Enterprise Resource Planning, un ensemble d’outils logiciels intégrés qui permettent de gérer les principales facettes de l’activité d’une entreprise) qui dispose d’un large éventail de modules pour répondre aux besoins métiers spécifiques. Il s’agit notamment de modules de gestion des achats, de stockage, des ventes, de CRM, d’immobilisations, de production ou encore de gestion de flotte.
Ce virage vers l’édition logicielle devrait s’accentuer par l’ouverture, courant 2024, d’un bureau à Dubaï pour profiter de la dynamique des marchés du Moyen-Orient et accélérer le processus de levée de fonds auprès d’investisseurs potentiels. Une quête de financement vitale pour financer les investissements de R&D de la plateforme et sa stratégie de développement commercial à l’international.