Exclusif. Nicolas Sarkozy, le grand entretien

France-Maroc, Mohammed VI, Sahara, conflit au Proche-Orient, monde en crise, exercice du pouvoir, Afrique... de passage au Maroc, l’ancien président de la république française dit tout à TelQuel.

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TOUMI/TELQUEL

Nicolas Sarkozy est trempé. Sa chemise lui colle au corps. On le retrouve au sortir d’une conférence qu’il vient de donner devant le gratin de la politique et de l’économie marocaines. En ce pluvieux mercredi 13 décembre, l’élite rbatie s’est pressée à l’hôtel la Tour Hassan pour écouter celui que l’on pourrait qualifier de dernier président “ami” authentique du Maroc.

Répondant à l’invitation de Mohamed Benamour dont le think tank le “Conseil du développement et de la solidarité (CDS)” s’est imposé au fil du temps comme une agora intellectuelle incontournable, l’ancien président de la république française (2007-2012) a fait le show dans la capitale. Sa sudation extrême en rend compte.

Comme l’indique le titre du troisième tome de ses mémoires, Le Temps des combats, Nicolas Sarkozy fait de la politique comme on se livre à un combat de boxe. Et mouille la chemise pour défendre ses points de vue.

Des visages familiers trustent les premiers rangs d’une salle bondée où l’on a soigneusement déposé un exemplaire des mémoires de Sarkozy sur chaque siège. Il y a là le conseiller royal André Azoulay, l’ex-ministre français reconverti dans les affaires Eric Besson, l’ancien ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar.

On aperçoit également le président du Conseil de la concurrence, Ahmed Rahhou, le président du directoire du Crédit agricole, Mohamed Fikrat, ou encore le secrétaire général du PPS, Nabil Benabdallah…

À fleur de peau

Interrogé sur son rapport au Maroc, Sarkozy déclame son amour pour le royaume : “Ce que je dis là, je le dis publiquement et en privé”. Il aime ce peuple marocain, hospitalier, généreux, d’une fière allure, mais qui peut aussi être susceptible, à fleur de peau, “comme moi, parfois”, avoue Sarkozy.

L’ancien président entretient des liens privilégiés avec le roi du Maroc qu’il qualifie de “grand dirigeant”, de “visionnaire”. À chaque bon mot de l’ancien locataire de l’Élysée, une éruption d’applaudissements fait vibrer la salle.

Le public est conquis, mais retient son souffle lorsque la figure de proue de la droite gaulliste partage son point de vue sur le conflit à Gaza

Le public est conquis, mais retient son souffle lorsque la figure de proue de la droite gaulliste partage son point de vue sur le conflit à Gaza. Sans cacher son soutien à Israël, l’ex-chef d’Etat rappelle qu’il a été celui qui a défendu l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO, et ce contre l’avis de son “ami” Netanyahu.

Pour Sarkozy, la paix dans cette région gangrenée par la violence est inévitable. Il rappelle que la France et l’Allemagne, deux pays qui n’ont eu de cesse de guerroyer, ont fini non seulement par faire la paix mais par former le couple le plus solide d’Europe. Il revient également sur une de ses marottes: la démographie.

Plus que le dérèglement climatique, c’est, selon lui, le dérèglement démographique qui constitue la vraie menace. “Depuis que je suis né, la population mondiale a augmenté de 4 milliards d’individus, c’est du jamais vu dans l’histoire de l’humanité”, lance Sarkozy un brin malthusien.

Jonglant entre les sujets, papillonnant de la relation solide, fraternelle et historique qui soude la France et le Maroc à la gémellité qui fédère les continents européen et africain (“Nous ne sommes qu’un seul et unique continent” a-t-il insisté), Sarkozy a livré le fond de sa pensée, sans détours, et au risque de brusquer une audience hypersensible au conflit qui secoue le Proche-Orient.

Au final, la fine fleur de l’establishment rbati a semblé conquise par cet homme d’Etat atypique, brut de décoffrage, doté d’une pensée lucide mais pétri de contradictions, capable à la fois de militer pour que l’Afrique ait sa place au Conseil de sécurité des Nations Unies et d’estimer que le continent ne s’est pas suffisamment inscrit dans l’histoire (une remarque sur laquelle il revient dans cet entretien).

En exclusivité pour TelQuel, Nicolas Sarkozy répond avec franchise à nos questions et entrouvre une petite porte sur la psyché d’un leader politique qui, quoi qu’on en dise, et sans doute davantage encore que ses deux successeurs à l’Élysée, aura marqué son époque.

Par ses combats, ses frustrations, ses défaites, ses réussites, mais aussi ses regrets, il fait apparaître une personnalité à la fois robuste et faillible, péremptoire tout en étant nuancée. C’est cette somme de contrastes que nous vous invitons à découvrir à travers cet entretien inédit. Lire la suite.

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En exclusivité pour TelQuel, Nicolas Sarkozy répond avec franchise à nos questions et entrouvre une petite porte sur la psyché d’un leader politique qui, quoi qu’on en dise, aura marqué son époque.Crédit: TOUMI/TELQUEL