Après avoir été validé par les différents circuits étatiques, dans quelle mesure le nouveau dispositif d’aides directes au logement arrivera-t-il, selon vous, à redynamiser un secteur de l’immobilier en difficulté depuis déjà quelques années ?
Effectivement, un nouveau dispositif de l’aide directe pour le soutien au logement inédit a été lancé par Sa Majesté lors d’une séance de travail à laquelle a pris part Madame Fatima Ezzahra El Mansouri, ministre de l’Aménagement du Territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville, le 17 octobre 2023.
Ce nouveau programme constitue un basculement de l’aide destinée à l’offre (à travers les exonérations fiscales en faveur des promoteurs immobiliers), à une aide financière destinée directement aux acquéreurs visant à améliorer leur pouvoir d’achat et leur facilitant l’accès à la propriété immobilière.
Ce basculement permettra de répondre à la forte demande existante pour l’acquisition de logements destinés à l’habitation principale et donnera un nouvel élan au marché immobilier qui sera désormais libre et ouvert à la concurrence positive et loyale.
Cette nouvelle approche a été convenue suite aux crises successives (COVID, sécheresse, crise économique…), ce qui a affaibli le pouvoir d’achat des ménages, ainsi, cette aide directe créera une dynamique d’achat qui animera l’ensemble de l’écosystème du secteur tout en permettant au citoyen d’accéder à un logement à prix abordable.
Quelles sont vos estimations en termes de nombre de bénéficiaires pour la première année de son entrée en vigueur ?
Il y a lieu de rappeler que la moyenne de production des deux typologies concernées par le dispositif d’aide est aux alentours de 110.000 unités annuellement. Cette moyenne pourra être revue à la hausse avec l’impulsion escomptée par ce nouveau programme.
Pour la première année de l’entrée en vigueur du dispositif, le nombre estimé de bénéficiaires est lié au parc de logements ayant un permis d’habiter depuis le 1er janvier 2023. Les estimations seront par conséquent plus affinées après la première année qui permettra de suivre l’évolution des demandes sur la base des dossiers examinés au niveau de la plateforme.
Il convient tout de même de noter qu’en parallèle à cette offre de logements, le parc issu du programme social de 250.000 DH HT sera toujours présent sur le marché pour les prochaines années.
Vous avez opté pour le digital pour barrer la route à toute personne ou à tout milieu désirant bénéficier des avantages de ce mécanisme d’aide en dehors des conditions prévues par la réglementation ?
De prime abord, la digitalisation et la dématérialisation constituent un levier pour le développement de l’administration publique. Notre ministère s’inscrit parfaitement dans cette nouvelle dynamique en vue de moderniser et digitaliser ses procédures administratives.
La gestion du dispositif de l’aide directe pour le soutien au logement sera à 100% digitalisée en vue de favoriser la transparence, l’équité et la bonne gouvernance du programme ainsi que l’égalité des chances vis-à-vis de l’aide de l’État pour le logement.
Quelle réponse donnez-vous à ceux qui prétendent qu’il serait impossible, dans les conditions actuelles du marché, de produire des logements aux prix forfaitaires annoncés ?
Le dispositif de l’aide est destiné à tous les Marocains dans l’urbain comme dans le rural ainsi que ceux résidant à l’étranger et qui souhaitent acquérir un premier logement au Royaume. Les montants de 300.000 DH et 700.000 DH constituent des moyennes nationales compte tenu de la variété des prix. Cette nouvelle approche obligera l’investisseur à bien étudier le marché avant le lancement de son projet.
Une bonne étude de faisabilité pourrait tout à fait prévoir une mixité entre les logements sociaux et les logements destinés à la classe moyenne avec un dosage du nombre à produire favorable à l’investissement. Il est également important de signaler que le programme a pour but d’assurer une répartition équitable de la production des logements à faible coût sur l’ensemble du territoire marocain, et ne pas concentrer l’effort uniquement sur certaines grandes métropoles.
Pour certains, le succès de cette initiative dépendrait également du PPP. Êtes-vous de cet avis ?
Le déploiement effectif de ce dispositif permettra à long terme de garantir une production de logements répondant à la forte demande, tout en permettant au secteur de maintenir sa valeur ajoutée et préserver son avantage concurrentiel pour l’économie nationale, et ce, à travers l’adhésion du secteur privé.
En effet, le fait de laisser le marché libre et ne pas limiter le nombre de logements à produire permettra aux petites et moyennes entreprises de s’insérer facilement dans ce programme et participer à la redynamisation du secteur.
Dans le même sens, qu’attendez-vous des promoteurs immobiliers ? Le ministère compte beaucoup sur l’appui et l’adhésion des promoteurs immobiliers, avec lesquels il a toujours collaboré.
D’ailleurs, le secteur privé constitue le producteur majoritaire des programmes de logements sociaux. Plusieurs réunions ont été tenues avec les promoteurs immobiliers qui ont démontré leur implication et leur adhésion à ce programme royal.
Bien évidemment, et avec la nouvelle dynamique d’achat qui sera enclenchée par ce nouveau dispositif, plusieurs d’entre eux feront des efforts en matière de réduction de marge bénéficiaire et de qualité de production afin qu’ils soient concurrentiels sur le marché et capter les acquéreurs.
Toutefois, avec la mise en place de ce nouveau mécanisme d’acquisition de logements, le citoyen marocain ne cesse d’exprimer son souhait d’accès à un logement de bonne facture. Comment comptez-vous garantir aux futurs acquéreurs un toit décent et de qualité ?
Ce nouveau dispositif qui s’étale sur la période 2024-2028, et dont l’approche d’aide à l’accès à la propriété repose sur le renforcement du pouvoir d’achat des ménages, à travers une aide financière directe à l’acquéreur permettra non seulement de faciliter l’accès au logement aux citoyens, mais aussi, de leur garantir un cadre de vie décent.
D’une part, Les logements objet du nouveau programme d’aide seront réalisés dans le respect total des plans d’aménagement en vigueur et en conformité avec les normes techniques et de qualité, et d’autre part le marché libre renforcera la concurrence, ce qui aura un impact direct sur la qualité des produits.