TelQuel : Après la réussite du pari d’accréditation en tant qu’université conforme aux standards internationaux des universités américaines, quelles sont vos priorités de développement à court terme ?
Amine Bensaid : Notre positionnement en tant qu’Université marocaine conforme aux standards internationaux des universités américaines et dotée de la prestigieuse accréditation NECHE, à l’instar d’universités de renom comme Harvard ou MIT, nous pousse à nous focaliser sur deux priorités.
La première a trait à l’adaptation au rythme d’évolution du marché de travail. L’offre de l’AUI est orientée vers la facilitation de l’accès rapide au marché du travail pour nos lauréats. Notre seconde préoccupation opérationnelle est la potentialisation, au sens d’“empowerment”, de nos étudiants tout au long de leur cursus universitaire et de leur expérience post-diplomation.
Ce travail d’épanouissement de notre capital humain accompagne une mutation de la génération Z qui est plus motivée par la montée en compétences, par l’impact qu’elle peut avoir, et par le bien-être, que par le souci d’accès au marché uniquement. Le taux d’employabilité de nos lauréats est, dans ce sens, très éloquent puisqu’il varie, dans les filières d’ingénierie, entre 87 % et 100 % à la sortie de l’Université.
Comment l’école d’ingénieurs de l’AUI s’est-elle adaptée aux mutations du digital pour mettre à jour son offre de formation sur les nouveaux métiers de l’IA et le Big Data ?
Le virage pour l’école d’ingénieurs de l’AUI a démarré à la rentrée universitaire 2020. Cette école forme aujourd’hui quelque 1680 étudiants sur un total de 3750 étudiants, toutes filières confondues.
Concrètement, nous avons décidé de lancer simultanément plusieurs nouveaux Bachelors et Masters sur des thématiques disruptives telles que l’intelligence artificielle et la robotique, le Big Data analytics, l’industrie 4.0, le cloud computing ou encore le mobile software design. L’objectif de cette démarche de renouvellement de notre offre de formations est de répondre à la demande et aux besoins en ressources qualifiées exprimés par l’écosystème des professionnels du digital aussi bien national qu’international.
D’ailleurs, cette refonte de notre offre de formation a permis une augmentation exponentielle du nombre d’inscrits à notre école d’ingénieurs. Aujourd’hui, le nombre d’étudiants a plus que triplé en passant de 475 étudiants en 2020 à 1680 étudiants à la rentrée universitaire de 2023.
Au-delà de l’approche hermétique entre la Faculté des sciences humaines et sociales et l’École d’ingénieurs ou encore la Business School, dans quelle mesure jetez-vous des passerelles de formation entre ces univers disciplinaires distincts ?
Notre approche est transversale. Parallèlement au renforcement du catalogue de formation de l’École d’ingénieurs, la Business School de l’AUI a également renforcé ses formations en lançant des spécialités en marketing digital et en “AI and Business Analytics” qui intègrent des modules spécifiques en relation avec le marketing digital, l’IA, le Big Data et les Industries 4.0.
Notre Business School capitalise ainsi sur la performance exceptionnelle de ses étudiants dans les spécialités qui marient les disciplines de Business avec les disciplines quantitatives et informatiques. En effet, la cohorte 2023 de notre Business School s’est classée dans le top 5 % au monde dans la discipline “Quantitative Analysis” et dans le top 6 % au monde dans la discipline “Information Systems” parmi les étudiants des 3000 formations de Business dans le monde qui ont participé en 2023 à l’examen MFT (Major Field Test) en Business.
L’objectif est de former des lauréats capables d’avoir un background technique et business, avec différentes combinaisons de spécialités majeures et mineures, selon les affinités de l’étudiant et/ou le besoin de l’employeur, compatible avec la dynamique du marché de l’emploi et la croissance des entreprises sous l’effet des ruptures technologiques comme l’IA et le Big Data.
À cet égard, pour accompagner cette croissance des filières de nos différentes facultés, de nos corps enseignants et nos étudiants, nous avons réceptionné récemment 8 nouveaux bâtiments résidentiels et nous prévoyons l’ouverture de 4 nouveaux bâtiments académiques avec de nouveaux laboratoires et 6 bâtiments résidentiels supplémentaires d’ici juin 2024, pour être en mesure d’accueillir 5000 étudiants à l’horizon 2026.
L’ouverture et le partenariat avec le secteur privé était toujours un argument d’attrait pour le recrutement des étudiants à l’Université Al Akahwayn. Quelle est votre démarche de partenariat avec le secteur privé à l’ère du télétravail et du nomadisme des employés ?
La grande nouveauté sur ce volet est l’intégration de la composante “expérientielle” dans nos formations. Par exemple, nous avons développé la formule de formation par alternance dès la deuxième année de nos cursus de sorte à permettre aux étudiants le choix de faire le premier semestre à l’université et le second en entreprise. Nous avons lancé cette formule avec une dizaine d’entreprises partenaires. Nous avons augmenté la dose d’agilité dans ces formations grâce à notre campus à Casablanca qui permet à nos étudiants de faire ce mix, très tôt, entre la vie active et la formation académique.
Nous avons également innové avec nos partenaires comme la filiale marocaine du cabinet international Leyton, Capgemini, Alten, ou encore A&K Advisors, chez qui nos étudiants, résidant sur notre campus à Ifrane, sont recrutés en mode télétravail, souvent pour le compte de clients à l’international, parallèlement à leur cursus universitaire. Actuellement, nous offrons cette formule de télétravail pour nos étudiants avec huit entreprises partenaires. Des négociations sont en cours, également, pour des partenariats de formations développés conjointement avec des multinationales technologiques.
Au-delà de la formation et l’accès au marché de travail, le classement d’une université dépend de ses laboratoires de recherche et des publications de ses chercheurs. Quel est l’état des lieux de l’AUI sur le volet de R&D ?
L’AUI se veut une locomotive d’un enseignement qui valorise l’apprentissage entrepreneurial, le leadership académique et des démarches novatrices et créatives visant à doter les étudiants de la génération Z de compétences transversales leur permettant de générer une valeur ajoutée pour leur entreprise et avoir un impact palpable sur les plans économique et social, y compris à l’échelle internationale.
Cette même vision pragmatique guide notre approche en matière de R&D. Autrement dit, notre focus n’est pas seulement l’augmentation du nombre de nos publications scientifiques. L’enjeu est de développer un écosystème de R&D qui a un impact réel et concret par rapport aux besoins de notre pays.
À titre indicatif, notre R&D s’intéresse aux problématiques de l’optimisation de l’eau, de la protection des forêts des incendies, des énergies renouvelables pour vaincre le froid hivernal que vivent nos concitoyens dans les montagnes, de l’impact de l’IA sur l’éducation….
Parallèlement, nous avons réussi à décrocher un financement de l’UE en tant que chef de file d’un projet ambitieux d’un million d’euros relatif à l’étude du leadership et de l’innovation dans le domaine de l’enseignement supérieur.