Grève des enseignants : 7 millions d’élèves pris en otage

Par égoïsme, par corporatisme, par recherche d’une rente, par attachement au statu quo, les syndicats et les coordinations d’enseignants refusent aux 7 millions d’élèves marocains de l’école publique le bénéfice d’une réforme qui assurerait leur avenir. Intolérable !

Par

TELQUEL

La tension est palpable au sein de l’éducation nationale. Le décret relatif au Statut unifié des fonctionnaires du département divise depuis son approbation en Conseil de gouvernement le 27 septembre. Publié le 9 octobre au Bulletin officiel (BO), le texte provoque une vague de protestations.

Au parlement et dans les médias, le ministre de l’Éducation nationale, Chakib Benmoussa, défend le projet attendu depuis sa nomination. Son argument : l’accord du 14 janvier 2023 est le fruit d’un dialogue entre ministère et syndicats. Son PV de sept pages, dont TelQuel détient une copie, prévoit une concertation “dans le cadre d’une dynamique plaçant l’élève au centre du processus”.

En vain. Cosignataires de ce PV, les syndicats les plus représentatifs ont fait volte-face. Respectivement affiliés à l’UMT, la CDT, l’UGTM et la FDT, ils se sont retournés contre le ministre. Le dialogue sectoriel revient à la case départ.

8 millions d’heures perdues

Selon ce quartet de syndicats, le ministère “s’est écarté de la méthodologie participative” après soumission du décret au Conseil de gouvernement, “sans achever la discussion sur toutes ses dispositions”. Au menu : boycott de la réunion avec le ministre le 24 octobre, sit-in et grève les 24 et 25 octobre.

Unilatéralement retirée du dialogue, la FNE (non affiliée) a déclaré grève du 31 octobre au 2 novembre et du 7 au 9 novembre, avec des marches à Rabat et des sit-in en régions. Pour la FNFE (affiliée à l’UNTM, proche du PJD), c’est du 31 octobre au 3 novembre, et sit-in devant le ministère.

Des statistiques officieuses évoquent une perte de 8 millions d’heures de classe dans plus de 12.000 établissements. Le débrayage a suscité la colère des parents d’élèves qui ont manifesté dans plusieurs villes. Contactée par TelQuel, une source proche du ministère affirme que les grévistes écoperont d’une retenue sur salaire pour “absence non justifiée”.

Il est “hors de question que les enfants soient les victimes. La grève est un droit, mais la loi doit s’appliquer. Nous sommes dans une politique de main tendue, en motivant ceux qui travaillent, et ils sont nombreux, mais il faut être ferme sur une réforme essentielle pour l’avenir de millions d’enfants”, justifie notre source.

Mais qu’est-ce qui peut bien motiver la volte-face des syndicats enseignants alors que nouveau Statut unifié comprend de nombreux nouveaux avantages (augmentations, primes, formations) pour les membres de l’Éducation nationale ? Les réponses dans la suite de l’article.

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