Imad Barrakad, DG de la SMIT : “Il n’y a eu aucun retard dans le programme Forsa, que ce soit pour l’édition 2022 ou 2023”

Retards dans le versement des financements, prise en charge, accompagnement… Alors que les bénéficiaires et requérants du programme Forsa se plaignent de dysfonctionnements, TelQuel a interpellé Imad Barrakad, le DG de la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) qui pilote ce programme dédié à l’entrepreneuriat des jeunes. Lui assure que le dispositif fonctionne pleinement, chiffres exclusifs à l’appui.

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Imad Barrakad, directeur général de la Société marocaine d'ingénierie touristique (SMIT). Crédit: SMIT / Facebook

TelQuel : Il y a présentement un sit-in devant le ministère de requérants de Forsa qui se plaignent de retards de versement des financements. Combien de personnes n’ont pas reçu leur enveloppe et à quoi ces retards sont-ils dus ?

Imad Barrakad : Il ne s’agissait pas d’un sit-in, mais plutôt de candidats venus se renseigner sur leur situation. Je voudrais préciser que les candidats souhaitant avoir des informations sur leur statut peuvent contacter directement les responsables régionaux Forsa qui ont tous les détails. Aussi, un centre de relation client est mis à disposition des porteurs de projets pour toute information ou réclamation.

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Pour Forsa 2022, il n’y a aucun retard au niveau du financement : le programme a largement atteint son objectif puisque plus de 10.000 bénéficiaires ont reçu leur financement avant fin décembre 2022.

Pour la 2e édition, le programme connaît une cadence encore plus élevée. Pour vous donner quelques chiffres, la SMIT a déjà viré aux Institutions de financement (IF) partenaires les fonds pour plus de 10.000 projets, et plus de 8500 porteurs de projets ont déjà reçu leur virement. Nous bouclerons les 10.000 projets dans les 10 jours qui viennent, soit une avance de plus d’un mois et demi sur le planning initial.

Lancement du programme gouvernemental Forsa par Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, en mars 2022.Crédit: MAP

Pour ce qui est des cas qui n’ont pas eu de financements, il est important de souligner qu’au lancement de Forsa 2023, 134.000 dossiers de projets ont été soumis via la plateforme numérique Forsa.ma. Au vu de notre objectif de 10.000, nous ne pouvions pas satisfaire toutes les demandes. Nous avions également fait le choix d’ouvrir la plateforme pendant trois semaines afin de donner la chance à tous les candidats et sélectionner les meilleurs projets, et la concurrence a été rude.

Toutefois, de nombreux porteurs de projets signalent qu’ils attendent toujours le financement de leur projet, alors qu’ils n’ont pas encore franchi l’étape finale de déblocage, qui implique la signature d’un contrat entre l’IF et les porteurs de projets. C’est le cas notamment des candidats qui ont visité les locaux Forsa le jeudi 19 octobre 2023. Aucun n’avait de contrat signé.

Les retards enregistrés en 2023 ont également été enregistrés en 2022, assurent des lauréats ou requérants. Que faites-vous au niveau de la SMIT pour régler ces situations ?

Comme je l’ai déjà dit, il n’y a eu aucun retard, que ce soit pour l’édition 2022 ou 2023.

Pour 2022, les 168.000 candidatures ont été revues et traitées avec un système en agilité et qui a connu une mobilisation massive de toutes les parties prenantes impliquées dans le programme aux niveaux central et régional. La sélection et le financement de 10.000 projets en l’espace de 8 mois ont été possibles grâce à cette mobilisation. Pour encore vous donner quelques chiffres : 29.000 entretiens individuels ont été réalisés, 22.000 projets ont été discutés et revus en Commissions régionales de sélection, et 12.500 projets ont été traités en Commissions régionales de financement. Plus de 450 commissions régionales de sélection plus de 600 Commissions régionales de financement ont été tenues.

L’édition 2023 a connu un rythme encore plus soutenu. Par ailleurs, le suivi de l’avancement des demandes de financement et des appels de fonds se fait en temps réel grâce à un système entièrement digitalisé. À tout moment, nous pouvons identifier l’état d’avancement ou les éventuels obstacles de chaque projet, nous permettant de repérer les retards et de les rectifier immédiatement.

Toutes les forces vives sont mobilisées, et nous ne ménageons aucun effort pour permettre aux porteurs de projets de recevoir rapidement leur virement et commencer le travail sur leur projet.

Quels retours d’expérience avez-vous auprès des bénéficiaires et des demandeurs ? Que faut-il améliorer ?

Forsa a connu un engouement sans précédent, surtout auprès des jeunes et des femmes. Nous avons des retours très positifs de la part des bénéficiaires. La formation en ligne sur la plateforme Forsa Academy constitue l’un des atouts majeurs du programme qui a permis a plus de 20.000 porteurs de projets pour chaque édition de se former sur les notions de base de l’entrepreneuriat.

Bien évidemment, nous aurions voulu satisfaire toutes les demandes, mais nous sommes limités par l’enveloppe budgétaire allouée au programme, qui est de 1,25 milliard de dirhams par an. Le processus a été très sélectif également pour retenir les meilleurs projets.

Les porteurs de projets qui ne sont pas arrivés à bénéficier des financements Forsa ne devraient pas baisser les bras. Ils disposent aujourd’hui de toutes les bases pour chercher d’autres financements auprès d’autres programmes et initiatives publics et privés, ainsi que des initiatives régionales.

Comment traitez-vous la revendication sur l’augmentation du plafond des financements de Forsa ?

Le programme Forsa dans sa conception a ciblé un positionnement spécifique qui l’a rendu unique et en complémentarité avec les autres initiatives existantes. Il ne s’agissait pas de créer un énième programme dédié à l’entrepreneuriat, mais d’offrir une nouvelle offre de services innovante et répondant aux besoins d’une cible bien définie.

“Nous croyons, avec l’expérience acquise grâce au programme Forsa, que les bénéficiaires seront outillés pour rechercher d’autres sources de financement”

Imad Barrakad

Nous le disions depuis le début, le but est d’être ouvert à toutes les catégories sans critères d’éligibilité contraignants et avec un plafond de 100.000 dirhams en prêt d’honneur (dont 10.000 dirhams de subvention) et une offre d’accompagnement et de formation.

Nous croyons, avec l’expérience acquise grâce au programme Forsa, que les bénéficiaires seront outillés pour rechercher d’autres sources de financement qui permettront l’accélération de leurs projets, et ce à travers les autres initiatives que le Maroc offre aujourd’hui.