Hind Laidi : l'ange gardien de Jood vole au secours des sinistrés

Elle a lancé Jood en 2016 afin d’aider les personnes sans domicile fixe (SDF). Aujourd’hui, son association est l’une des plus impliquées dans l’assistance aux rescapés du séisme d’Al Haouz.

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Le choc

La Casablancaise Hind Laidi se présente comme une mère de 2 enfants, “entrepreneure par nature”. Pendant plus de 10 ans, elle a dirigé Clikom, une agence de communication par l’objet. Mais en 2009, elle découvre qu’elle a une grave maladie, dont elle n’est pas sûre de pouvoir se remettre.

Après la réussite d’une opération chirurgicale risquée, sa mère sacrifie un mouton, prépare un couscous qu’elle répartit en barquettes et lui demande de les distribuer, le soir-même, à des SDF. Cette nuit-là, Hind Laidi prend conscience de la détresse dans laquelle vivent ces laissés-pour-compte.

Je culpabilisais et je me trouvais bête, minable de me soucier de problèmes futiles”, raconte-t-elle avec émotion : certains se sont mis à “prier comme s’ils avaient gagné à l’Euromillions” en ouvrant les barquettes. Si le choc est immédiat, cette initiative reste d’abord sans suite. Mais le souvenir de la soirée ne la quitte pas.

Les premier Jooders

En 2015, c’est au tour de Hind Laidi de présider un cercle casablancais de l’association Ladies Circle. N’ayant pas cessé de penser aux SDF qu’elle a pu rencontrer lors de sa toute première maraude et consciente de la force de frappe que constitue l’ensemble des femmes du cercle, Hind Laidi décide de lancer un programme caritatif dont l’objectif est de livrer 100 repas par sortie à des sans-abris.

“Mon but, c’était d’assurer cette action pendant toute l’année de mon mandat”, explique l’entrepreneure. L’opération est une réussite et ses ambitions humanitaires prennent forme. Ce qui mène à la création, en 2016, de l’association Jood. Très vite, les actions de Hind Laidi fédèrent et dépassent le cercle amical et familial.

Forte de son passé dans la communication, l’ancienne femme d’affaires réussit à susciter l’intérêt de nombreux bénévoles et donateurs. Dès 2017, elle lance les premières antennes de Jood à Marrakech et à El Jadida et y forme plusieurs équipes de bénévoles pour reproduire ce qui a été réalisé à Casablanca.

Vitesse grand V

Chemin faisant, la fondatrice de Jood fait la rencontre de Soukaïna, une jeune femme balafrée avec un bébé de 8 mois. Les deux dorment dans la rue, suite à la fuite de Soukaïna du domicile familial. “Une jeune fille sans-abri comme Soukaïna est fortement exposée à des violences sexuelles, à des viols”, indique Hind Laidi.

Celle-ci décide de tout faire pour changer la vie de la jeune femme et réussit, grâce à la mobilisation de nombreux “jooders”, à lui trouver un emploi et un logement. “Aujourd’hui, son fils a 9 ans et elle travaille toujours dans un café”. En parallèle, la croissance de Jood se poursuit : elle compte désormais 11 salariés dans 6 villes, ainsi qu’un large réseau de donateurs et de bénévoles.

Surtout, l’association est à l’origine d’un projet novateur dans le paysage humanitaire marocain : un camion-douche dédié aux SDF, pour leur permettre de se laver, d’avoir une meilleure hygiène. Une initiative née après les nombreux refus et bannissements de hammams populaires que Hind Laidi réservait régulièrement pour les sans-abris.

SOS pour Al Haouz

Du 10 au 17 septembre, l’ONG a mené à bien 1676 missions de sauvetage, en ambulance et en hélicoptère, tout en mettant le camion-douche à disposition des rescapés

Quand la région d’Al Haouz a été frappée par le séisme, Jood a été l’une des premières associations mobilisées. Du 10 au 17 septembre, l’ONG a mené à bien 1676 missions de sauvetage, en ambulance et en hélicoptère, tout en mettant le camion-douche à disposition des rescapés.

Je veux lancer un SOS. Plusieurs organisations internationales, des ONG habituées à travailler sur les sites de catastrophes naturelles, sont venues se greffer à Jood pour créer une vraie base de données afin d’éviter les doublons, en termes de travail ou de moyens fournis. Le souci c’est que, comme de nombreuses personnes interviennent seules, sans concertation, on n’arrive pas à mettre en place une base de données fiable. J’invite ceux qui veulent donner à ramener leurs dons à nos dépôts pour que l’on puisse les répertorier et mieux les dispatcher.