Au lendemain du séisme, le réveil douloureux des Marrakchis

Marrakech et sa médina ont été fortement touchés par le tremblement de terre de vendredi soir. Craignant pour sa sécurité, une large partie de la population préfère s’abriter dans les parcs ou sur le long des principales avenues de la ville. Reportage au lendemain du drame.

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Marrakech au lendemain du séisme, le 9 septembre 2023. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Le tremblement de terre nous a été fatal. Nous n’avons personne à qui demander de l’aide”, s’écrie cette jeune maman au cœur de Derb Dabachi en portant son enfant sur son dos. A l’arrière-plan, un décor de fin du monde. Dans la médina de Marrakech, le séisme d’une magnitude de 6,8 à 7 sur l’échelle ouverte de Richter a laissé de graves séquelles. De l’avis de tous, c’est la partie la plus endommagée de la ville, juste derrière le quartier extra-muros de Sidi Youssef Ben Ali.

On peut ainsi difficilement accéder au Mellah dont les ruelles sont encombrées par les débris tombés la veille, mais des dommages matériels sont à déplorer dans la quasi-totalité des quartiers de l’ancienne ville.

Des dommages matériels sont à déplorer dans la quasi-totalité des quartiers de l’ancienne ville.Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

État des lieux

De nombreuses façades de maisons, mais aussi de mosquées se sont écroulées. Rien que sur la place Jemaâ El Fna, deux minarets se sont effondrés suite aux secousses. Fort heureusement, leur chute n’a fait aucune victime.

Des centaines de résidents ont dû quitter leur domicile suite au séisme de la veille. La médina croule sous les décombres, et des zones entières sont désormais désertées. Dans les rues les plus larges, on peut encore circuler, mais avec une extrême prudence. Et au lendemain de la catastrophe, des familles continuent de quitter leur maison, menaçant de s’écrouler.

 

L’ancienne médina a croulé sous les décombres.Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Le recensement des dégâts se fait encore au compte-goutte. “On compte des dizaines de maisons de grande et petite taille détruites partout dans la médina et dans la kasbah, mais c’est à Sidi Mimoun (non loin de Jemaâ El Fna) que certaines constructions se sont complètement effondrées, sans faire de victimes”, nous indique Abdelkbir, guide touristique et enfant de la médina.

En quittant la médina, les bords de route sont tous occupés par des familles en détresse. Elles ont fait sortir de leur foyer le strict minimum vital. Sur les grandes artères, le bruit des ambulances est presque continu: véhicules qui font partie des opérations de recherche et secours dans le Haut Atlas, véhicules des FAR qui ont été envoyés en renfort pour épauler le CHU de Marrakech dans sa mission de ramener les blessés des villages enclavés du Haouz aux services d’urgence.

Résilience collective

Notre sécurité vaut plus que tout ce que nous possédons comme biens matériels. Nous craignons de nouvelles secousses ou des effondrements brusques, nous préférons donc nous tenir à l’abri en attendant une reprise en main au plus vite”, explique Adil, chauffeur de taxi qui a emmené toute sa famille dans le parc situé au croisement de l’avenue Mohammed VI et l’hôtel Mamounia.

La deuxième nuit “à la belle étoile” reste — pour le moment — la solution la moins douloureuse..Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Apprenant les nouvelles au fur et à mesure sur leurs téléphones, les Marrakchis se rendent compte que c’est en montagne que les victimes se comptent par milliers

Dans le parc, la grande majorité des familles viennent de la médina et de la kasbah. De l’avis de tous, les premières heures ayant suivi le séisme ont été particulièrement éprouvantes. Au fur et à mesure que la nuit avançait, sur leur téléphone, les Marrakchis ont découvert que c’est dans les montagnes que les victimes se comptent par milliers.

Solidaires, Mehdi et son frère Najib sont allés faire don de leur sang dans le centre de transfusion de Guéliz. Leur cadet, Zouhir, 14 ans, a été touché par les premières images provenant des villages surplombant Marrakech. “Même à mon âge, j’aurais préféré me retrouver parmi ces gens pour aider à les sortir des décombres”, s’exclame l’adolescent.

Larbi, père de trois enfants regrette le fait que les espaces occupés par les familles manquent des services les plus élémentaires.Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Larbi, père de trois enfants, regrette que les espaces occupés par les familles manquent des services les plus élémentaires. Entre le manque d’eau courante et de sanitaires, les sinistrés doivent s’accommoder d’une situation inédite. Mais pour eux, une deuxième nuit “à la belle étoile” est envisagée — pour le moment — comme la solution la moins douloureuse.

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