Géopolitique : mais qui sont nos vrais alliés ?

Dans un monde multipolaire, le royaume fait face à une redistribution intégrale des cartes géopolitiques où l’allié d’hier peut devenir le rival de demain. Entre soutiens sincères et coups bas à peine assumés, le Maroc peut-il toujours compter sur ceux qui prétendent être ses vrais “amis” ?

Par et

L’Angleterre n’a pas d’amis ou d’ennemis permanents, elle n’a que des intérêts permanents.” Cette phrase de Henry John Temple, dit Lord Templeton, Premier ministre du Royaume-Uni pendant l’ère victorienne, encapsule l’esprit du moment.

La Guerre froide avait polarisé le monde en deux camps distincts. Le camp libéral occidental, mené par les États-Unis et le camp communiste, sous influence de l’URSS. La chute du mur de Berlin sonnait la fin de l’histoire d’après le politologue Francis Fukuyama. Mais c’était sans compter sur la montée des populismes et des radicalismes.

Ces dernières années, un concept a fait son chemin dans le jargon géopolitique : les démocratures. Mélanges de libéralisme et d’un simulacre de démocratie cachant un autoritarisme froid, des pays comme la Turquie, la Russie, la Hongrie et bien entendu l’incontournable Chine ont fait pièce aux schismes d’antan.

Les deux idéologies antagonistes du XXe siècle se sont effacées, laissant place à un émiettement d’écoles de pensée politiques, motivées par le seul intérêt souverain. C’est le grand retour des États-nations que l’on croyait solubles dans le multilatéralisme et surtout dans la sacro-sainte mondialisation, et son proverbial “village planétaire”. Tout cela a été balayé par l’émergence des régimes illibéraux, renforcés par l’affaissement de l’Occident.

La diplomatie du “deal” permanent

L’éclatement des blocs a donné naissance à ce que l’on appelle la diplomatie transactionnelle. Une diplomatie du coup par coup, libérée des fidélités envers une quelconque puissance d’influence. Cette diplomatie nouvelle est décomplexée, adaptable à de multiples contextes. Elle peut engager le dialogue avec l’ennemi d’hier et tourner le dos à l’ami historique.

Le Maroc ne fait donc pas exception dans cette nouvelle donne géopolitique, caractérisée par la culture du « deal » et de la transaction

Le Maroc en est un parfait exemple. Agissant désormais d’égal à égal avec d’anciennes puissances de tutelle, il n’hésite pas à rabrouer la France, à mettre la pression sur l’Espagne, à fustiger une résolution du parlement européen, dans une stratégie polymorphe ayant un seul objectif en ligne de mire : défendre coûte que coûte ses intérêts stratégiques. Le Maroc ne fait donc pas exception dans cette nouvelle donne géopolitique, caractérisée par la culture du « deal » et de la transaction.

Un certain nombre de pays émergents dont l’Inde s’en font une spécialité. La patrie de Gandhi érige désormais ce non-alignement systématique au rang de seconde nature. Son Premier ministre, l’ultra-conservateur Narendra Modi, parle aux Américains comme aux Chinois, échange des biens et marchandises avec les Européens et avec les Russes, refuse d’ostraciser les ennemis de la démocratie occidentale et ne pactise pas aveuglément avec les puissances autoritaires.

Cet ADN indien se diffuse lentement à ce que l’on appelle désormais les pays du Sud global… Lire la suite

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