Musée national de la photographie : “Kourtna”, pour l’amour du jeu

L’exposition “Kourtna”, au Musée national de la photographie à Rabat, a accueilli ses premiers visiteurs le 10 mai. Elle présente une sélection de photos qui explorent les liens profonds entre le Maroc, le football et l’art.

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Vue de l'exposition "Kourtna" au Musée national de la photographie à Rabat. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Lorsque l’on demande à Mehdi Qotbi d’extraire une seule chose du parcours de l’exposition, le président de la Fondation nationale des musées (FNM) hésite un temps, avant de trancher : “la petite salle au fond à droite”. C’est à une pièce étroite du Fort Rottembourg — la fortification érigée à la fin du XIXe siècle sur la corniche de Rabat qui sert désormais de Musée national de la photographie — que Mehdi Qotbi fait allusion.

Nichée dans un recoin de la bâtisse, on y accède d’abord par le son. En boucle, l’hymne national, entonné par un stade tout entier, est diffusé par des speakers fixés au plafond. À l’intérieur, les photographies exposées capturent la grandeur du tour de force des Lions de l’Atlas lors de la Coupe du Monde au Qatar. L’euphorie des rues, le drame du dernier match. Et le retour, prenant, d’une équipe accueillie en fanfare.

Quinze artistes

Alors que le travail de Mourad Fedouache se concentre sur le suspense qui régnait dans les foyers, les cafés, ou encore dans les rues de Sidi Yahya El Gharb pendant les matchs, Nizar Laajali choisit lui de montrer la liesse, pure, des soirs de victoire.

La liesse des soirs de victoire vue par Nizar Laajali.Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

“Kourtna”, c’est ça. C’est le football dans ce qu’il a de symbolique, dans ce qu’il a de glorieux, et puis, surtout, dans ce qu’il a de populaire. L’ambition est de “concevoir une expérience muséale à partir d’un ensemble de photos et de thématiques, afin d’illustrer l’impact du football au Maroc” et cela à travers les yeux de quinze photographes et artistes contemporains marocains.

Une des photographies du diptyque L’Équipe (2017) de Mohamed El Baz, en dialogue avec la série d’Inès Bouallou, Enfance revisitée (2023).Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Établie en trois temps — Le football, une passion populaire/The beautiful game/Football et investigations artistiques —, l’exposition alterne entre les clichés pris sur le vif et les mises en scène, comme cette impressionnante photo noir et blanc d’Azzedine Ounahi, signée Youness Hamiddine, où le joueur de l’équipe nationale pose de dos, capuche vissée sur la tête, devant un but vide.

On retrouve également quelques installations comme l’impressionnant Suspended memory de Youssef Ouchra ou les ludiques vitrines dans lesquelles sont exposés des objets communs qui reflètent, en quelque sorte, “l’âme de la pratique footballistique locale” : vieux ballons couverts de terre battue, godasses déchiquetées, sandales en plastique… Une plongée brève mais intense au cœur de la fabrique d’une mythologie nationale puissante et fédératrice : le football.

Suspended memory de Youssef Ouchra.Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

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