SIAM 2023 : le Royaume-Uni, un invité d’honneur pas comme les autres

Grand pays agricole, la Grande-Bretagne est l’invité d’honneur de la 15ème édition du SIAM. Un choix qui ne s’est clairement pas fait au hasard dans la mesure où les relations économiques entre les deux royaumes ont connu un réel bond ces dernières années.

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Les échanges avec le Royaume-Uni ont explosé suite au Brexit. Crédit: YASSINE TOUMI/TELQUEL

Illustration de sa modernité et de grande ouverture sur les NTIC, les relations économiques entre le Maroc et le Royaume-Uni avancent à pas sûrs. Liés par une panoplie d’accords de coopération touchant différents secteurs, allant de l’industrie à l’agriculture, en passant par le tourisme, les deux pays viennent de démontrer, à travers cette 15e édition, leur volonté manifeste d’aller de l’avant en tout ce qui concerne l’écosystème agricole.

Il est important de souligner toutefois que le secteur agricole s’avère aujourd’hui plus que jamais un créneau prometteur permettant de renforcer davantage la coopération entre les deux pays, liés déjà par un accord d’association régissant leurs échanges commerciaux après le Brexit.

En effet, en octobre 2019, les deux pays qui ont bel et bien concrétisé un accord d’association leur permettant de canaliser leur relation économique, depuis le processus de sortie du Royaume-Uni de l’UE, expriment aujourd’hui leur volonté de développer leurs intérêts communs à même de pouvoir profiter notamment au secteur agricole.

Dans le détail, après le Brexit, le gouvernement britannique concentre de plus en plus ses efforts sur le marché marocain, perçu comme une source d’approvisionnement complémentaire dans un contexte où les aléas climatiques pèsent lourdement sur l’agriculture mondiale.

Un leader dans les techniques

Soucieux de garantir la durabilité de ses importations agricoles, le Royaume-Uni veut désormais accompagner l’agriculture marocaine dans sa transition vers un modèle adapté aux changements climatiques, suite aux effets de la sécheresse, du stress hydrique et des perturbations saisonnières qui impactent lourdement la production de légumes.

Cela dit, le SIAM offre une occasion précieuse pour les Britanniques de renforcer leur ancrage agricole au Maroc, dans l’objectif d’accompagner l’agriculture marocaine pour qu’elle soit plus immunisée contre les aléas climatiques et la rareté de l’eau.

Dans une déclaration à la presse, l’ambassadeur du Royaume-Uni à Rabat, Simon Martin, explique que les deux pays sont liés par des accords de coopération dans nombre de domaines, notamment agricole, précisant que les exportations de fruits et légumes marocains vers le Royaume-Uni ont connu une hausse de 15% l’année dernière.

Pour sa part, le consul général du Royaume-Uni à Casablanca, Tom Hill, a indiqué que les opportunités de collaboration entre les entreprises marocaines et britanniques portent notamment sur l’Agritech et les techniques d’irrigation qui permettraient aux agriculteurs de se consacrer sur d’autres activités, d’augmenter la précision de l’irrigation pour réduire les pertes et de réduire la consommation d’eau.

Il a, de même, soulevé l’ambition conjointe du Maroc et du Royaume-Uni d’élargir les liens économiques pour inclure l’agriculture durable dans le commerce bilatéral, affirmant l’engagement de son pays à échanger avec le Maroc, mais aussi son engagement envers le commerce dans le secteur agricole à tous les niveaux, des petits exploitants aux agriculteurs commerciaux.

Il est à noter par ailleurs que la Grande-Bretagne se présente comme un leader dans les techniques agricoles dans plusieurs aspects, notamment l’irrigation, l’usage des eaux usées, les semences, la mécanisation et la décarbonation de l’agriculture.

Ce savoir-faire sera représenté par 30 entreprises britanniques qui débarqueront au Salon de Meknès, accompagnées de 60 experts porteurs de solutions. Dans le même sens et en matière de technique agricole, les Britanniques accordent une importance majeure au secteur des tomates et proposent une assistance aux producteurs marocains.

Cette aide est incarnée par le programme CASA (Commercial Agriculture for Smallholders and Agribusiness) qui vise à améliorer la durabilité de la production marocaine. Ce programme qui se résume en trois apports, à savoir formation, soutien financier et assistance technique, permettra aux producteurs marocains de se prémunir contre la sécheresse par l’optimisation de la gestion de l’eau et l’irrigation.

Une volonté manifeste

Le ministre britannique de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires Rurales, Lord Richard BenyonCrédit: DR

Les autorités britanniques envisagent aussi d’évoluer dans le domaine de la recherche et le développement, en mettant en œuvre des initiatives d’échange et de collaboration entre les universités des deux pays, dans le but de développer une prochaine génération de scientifiques et d’ingénieurs marocains.

Concernant le volet financier, le gouvernement britannique propose un programme destiné à financer l’agriculture écologique et la biodiversité. Ces financements ne sont certes pas toujours dirigés vers l’optimisation de la production, mais peuvent cibler des projets ayant un impact socio-environnemental.

À Meknès, dans le cadre de la 15e du SIAM, le Royaume-Uni dispose d’un espace de 400m², situé au cœur du Pôle International. Cet espace compte plus de 30 entreprises britanniques représentant les secteurs clés de l’agriculture, notamment l’agro-technique, les machines, le développement durable, l’horticulture et la logistique.

Plus de 60 experts britanniques du secteur prennent part à des panels, notamment dans les thèmes de la pénurie d’eau, l’investissement dans l’agriculture durable, la recherche et développement, la biodiversité et l’agri-tech.

Côté officiel, une délégation de plus de 70 experts et représentants du gouvernement britannique, présidée par le ministre britannique de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires Rurales, Lord Richard Benyon, étaient attendus.

D’autres entreprises sont aussi présentes, comme Emerson, une société britannique qui se concentre sur le développement du projet de potasse de Khémisset dans le nord, un ingrédient clé pour les engrais essentiels à la sécurité alimentaire. Toutefois et pour beaucoup, cette volonté manifeste d’aller de l’avant s’inscrit parfaitement dans l’étroite lignée des relations privilégiées qui unissent les deux royaumes depuis des siècles.