Nabil Adel : “Le Maroc doit observer ce qui se passe avec les pays du BRICS”

La Chine vient de sceller des accords avec le Brésil et la Russie pour que leurs échanges se fassent désormais dans leurs monnaies respectives, et non plus en dollars. Est-ce donc le début de la fin de la dollarisation de l'économie mondiale ? Dans Le Scan, le podcast actu de TelQuel, interview de l’économiste Nabil Adel.

Par et

AHMAD AL-RUBAYE / AFP

Peut-on réellement parler du début de la fin de la dollarisation de l’économie mondiale ?

C’est trop tôt pour le dire. Par le passé, il y a déjà eu des initiatives dans les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, ndlr), mais il faut savoir que le dollar exerce une domination considérable sur les échanges internationaux.

Aujourd’hui, 70% des transactions au niveau mondial sont libellées en dollars. Pour que des économies arrivent à se dédollariser, c’est très compliqué. Certes, les échanges entre le Brésil, la Russie et la Chine vont se faire dans leurs monnaies respectives, mais en dehors de ce groupement, les échanges vont continuer à se faire en dollars.

Cela va fragiliser le dollar à moyen terme, mais aujourd’hui nous sommes très loin d’une configuration où ça représenterait une réelle menace pour le dollar.

Vous dites que ces initiatives entre le Brésil, la Russie et la Chine sont fragiles. Pourquoi ?

“Il n’y a pas de réelle menace contre la domination du dollar”

Nabil Adel

Parce que le dollar s’appuie sur une économie américaine qui est très forte et que le dollar reste une monnaie stable. Que va-t-il se passer entre les pays du BRICS ? Si demain le Brésil bascule à droite, c’est un projet qui sera frigorifié. Il n’y a pas un noyau dur, même au sein des BRICS. Et l’Inde reste toujours fidèle au dollar.

Comment le Maroc doit-il se positionner ? Doit-il rejoindre les BRICS ?

Je pense qu’on ne remplit pas les conditions pour rejoindre les BRICS en matière d’économie, de taux de croissance, ni même de force démographique, car ce sont de gros ensembles.

Les BRICS ne sont pas un groupement régional comme l’Union européenne ou l’Union africaine. Le Maroc doit observer avec intérêt ce qui se passe, c’est un groupement qui aura certainement son mot à dire à l’avenir.

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