Smyet bak ?
Mohamed Ouenza.
Smyet mok ?
Aziza El Amrani.
Nimirou d’la carte ?
BJ418047
Don Bigg dans “Mal al donia” sur MBC5, Ouenza dans “Maktoub” sur 2m… C’est une nouvelle tendance les rappeurs qui jouent la comédie ?
Non, ce n’est pas nouveau, des rappeurs font de l’acting depuis bien longtemps à l’étranger. Au Maroc, on n’est pas habitués à les voir sur ce terrain, c’est tout. Je pense que c’est très cool de voir un rappeur jouer la comédie. Après, c’est l’impact qui compte et il n’a pas été le même pour les deux rappeurs que vous citez…
Et jouer dans des feuilletons à succès, ça rapporte de l’argent ?
Ce n’est pas l’argent qui compte. Ok, j’ai été payé pour, mais j’aurais pu le faire gratuitement parce que je l’ai fait pour moi, pour mes parents, pour le petit enfant que j’étais et qui en rêvait.
Mais ça paie plus que le rap, non ?
Ah oui, ça paye bien plus !
Ali dans “Maktoub” a séduit bien du monde. C’est votre physique qui a joué en votre faveur ?
J’avais du mal, avant, à accepter que mon physique était peut-être à l’origine de cet engouement. Aujourd’hui, je le prends bien. C’est flatteur. Mais, souvent, le physique ne suffit pas. Parce qu’il y a tellement d’hommes beaux sur terre. Mais quand on est con, on est con. Il y avait presque une quarantaine de personnes quand j’ai passé le casting, et j’ai auditionné comme tout le monde.
Pas besoin de formation, donc, pour devenir acteur ?
Je pense que si. Après, j’ai des amis qui sont développeurs informatiques autodidactes et pourtant très très compétents. Ils touchent plus que certains surdiplômés.
C’est la même chose pour l’art, qu’on essaie de rendre académique alors que, dans ce domaine, il faut surtout qu’il y ait une âme derrière le talent. Il faut avoir une histoire à raconter. Et ça, ça ne s’apprend pas.
Ton personnage, Ali, a une réaction violente quand il apprend qu’il est venu au monde suite à un viol. Beaucoup ont jugé que cette réaction était inappropriée et qu’elle versait même dans le victim-blaming…
Je pense que les gens qui critiquent n’ont jamais vécu le drame d’être un “ould l’hram”. Avant de juger, mettons-nous à la place de quelqu’un qui se fait insulter pour ses origines tous les jours. Qui n’a aucun droit. Pas de livret de famille. Parler de ce sujet sensible est l’une des raisons qui m’ont poussé à accepter ce rôle.
Avant de décrocher le rôle d’Ali, tu regardais les séries ramadanesques, qui sont souvent critiquées elles aussi ? La première saison de “Maktoub”, par exemple ?
Je n’ai pas regardé tous les épisodes de la première saison. J’avais vu quelques scènes phares. C’était aussi pour ne pas être influencé, parce qu’Ali ne sait rien de ce qui s’est passé dans la famille Maataoui avant son arrivée. Quant aux critiques, les chiffres parlent d’eux-mêmes pour Maktoub.
C’est la série la plus regardée de toute l’histoire des séries marocaines. Je pense que les Marocains critiquent surtout les émissions diffusées pendant le ftour, comme les caméras cachées, les sitcoms, entre autres. Et je suis du même avis. Heureusement que les producteurs ont compris que la télévision doit commencer à challenger un peu le cinéma marocain et les séries turques. On a assez de matière et de talents pour pouvoir présenter de bonnes choses.
Vous produisez aussi des clips vidéo appréciés par la critique. Pour faire un clip comme “Li fate”, il faut un gros budget ?
Ça coûte surtout beaucoup d’efforts, physiques et psychiques. Dans mon cas, ça ne me coûte pas beaucoup parce que je suis mon propre producteur. Certains vont dire que je suis radin, mais j’aime bien garder le contrôle, c’est peut-être un défaut, mais ça me fait faire des économies.
Je n’ai pas envie d’investir 70 000 DH sur un clip pour 20 000 DH de bénéfice. J’essaye de faire des compromis, de travailler avec des gens qui se lancent et en qui je crois. Après, il y a des clips qui me coûtent 5000 DH, et d’autres 70 000 DH.
Donc, en plus d’être rappeur, vous êtes producteur et acteur, sans oublier graphiste. Vous n’avez pas peur de vous perdre dans toutes ces activités ?
Pas du tout. La preuve, c’est que ça me réussit. Et j’ai toujours été comme ça, j’ai hérité cette hyperactivité de mon père: il faisait le plombier, l’électricien, le professeur de math, de français et d’arabe. Il a aussi été chef cuisinier au Canada. C’était un caméléon, donc si moi je ne fais que de l’acting, du chant et du design, estimez-vous heureux.
Que pensez-vous de la polémique Toto ?
Il ne faut pas en faire un criminel. Il a dit des choses que tout le monde dit. Après, je lui en veux de s’être exprimé comme il l’a fait sur la scène Souissi sur laquelle bien des artistes marocains espèrent monter. C’était peut-être l’occasion de montrer une bonne image.
Vous avez aussi fait le bad boy, en conduisant une moto sans casque. Des regrets ?
La seule chose que je regrette, c’est d’avoir fait confiance à des gens qui ne le méritaient pas. Cela dit, je n’ai eu aucune mauvaise réaction. J’avais même demandé qu’on enlève le hashtag de soutien #Freeouenza.
Avant de passer au studio de TelQuel, vous avez publié une cover de “Mriski”, quelques mots sur ce projet ?
Mriski est un des morceaux que j’aime le plus, dans ma dernière mixtape et peut-être aussi dans ma carrière. La production est vraiment énorme et va, je le pense, révolutionner les clips au Maroc. Dans le clip, il y aura même une star de cinéma qui a marqué l’histoire des séries mondiales.
Est-ce que ça ne serait pas Robert Knepper ?
Who knows ? Pour l’instant, tout ce que je peux vous dire, c’est que sur la cover de Mriski, le maillot qu’on me voit porter porte les signatures de mes anciens compagnons de cellule. Certains sont sortis, d’autres sont toujours en prison.
La cover de votre mixtape “Alam” ressemble étrangement à celle de Kendrick Lamar pour “Good Kid, M.A.A.D City”…
C’est une inspiration, c’est clair. Mais sur la photo en cover de la mixtape, il y a des Subsahariens qui habitent aujourd’hui devant chez moi à Ouled Ziane. Et ça me rappelle un petit peu mon histoire en France. Ça rappelle aussi le concept de toute la mixtape : des rêves qui deviennent des maux.
Ce sont des personnes qui espéraient avoir une belle vie quelque part, mais qui se sont retrouvées dans la rue. On ne peut pas trouver pire.
Les Subsahariens vivent des trucs très difficiles là-bas. Nous, on les voit. Quand il fait froid, quand il pleut, ils n’ont pas d’abri. C’est donc aussi un message, pour qu’ils comprennent que les Marocains les aiment et qu’ils sont les bienvenus.
LE PV
Après plusieurs années passées en France, Ouenza a officiellement débuté sa carrière musicale au Maroc en 2018. En 2020, son #okwaitchallenge a attiré l’attention de grands noms du rap, tels que Don Bigg, Shayfeen, ElGrande Toto et Dizzy Dros.
Premier rappeur à réaliser des courts métrages au Maroc et à rapper en darija dans l’émission “Planète Rap” sur Skyrock, Ouenza s’est rapidement fait un nom dans la scène rap marocaine.
En 2022, il fait parler de lui quand il est arrêté pour non-port de casque à moto et condamné à deux mois de prison ferme. Un verdict qui a suscité une vague de solidarité avec le hashtag #Freeouenza. Le rappeur avait alors affirmé avoir été exposé à des violences policières. Mais un communiqué de la police de Casablanca avait contredit sa version.
Après sa libération, Ouenza a décroché un rôle dans la série Maktoub diffusée sur 2M pendant le dernier ramadan. Sa performance a été très appréciée par les téléspectateurs et commentée sur la Toile.