Inflation : pourquoi le gouvernement se réveille trop tard

En dépit des mesures prises par le gouvernement, l’inflation continue de vider les poches des Marocains. Pourquoi ce fléau est-il aussi tenace et que faut-il faire pour y mettre un terme définitif ?

Par

TELQUEL

Ces fruits, ces légumes, cette eau appartiennent aux Marocains, je compte sur vous pour leur permettre d’y accéder à des prix convenables.” Aziz Akhannouch, la mine grave, apostrophe les professionnels du secteur agricole et agroalimentaire. Dans une série de réunions tenues entre le 7 et le 21 avril, le Chef du gouvernement a sonné l’alerte.

Face à lui, une interprofessionnelle des exploitants respectueuse mais lucide. Tour à tour, les acteurs du secteur égrènent les raisons qui expliquent la flambée des prix dont l’intensité ne donne que d’infimes signes d’apaisement. Fin mars, l’inflation a frappé de nouveau : +9,4% au lieu de +8,3% au trimestre précédent. Plus grave, pendant la même période, les prix des produits alimentaires ont crû de 18,4%.

Mal à l’aise, l’Exécutif, dont les promesses d’avant-ramadan laissaient présager d’une détente des prix pendant le mois sacré, tente de colmater les brèches. En dépit des missions d’inspection des prix diligentées par le ministère de l’Intérieur, des restrictions imposées aux exportations de fruits et légumes, de la levée des droits d’importations sur les ovins et de l’apparition insolite de “Jamousse”, zébus brésiliens, dans nos élevages (et nos rues), les prix ont poursuivi leur cavalcade infernale.

“Les meetings avec les professionnels sont intervenus trop tard, il a fallu que l’on adresse une lettre incendiaire au gouvernement, listant nos griefs, pour qu’enfin on daigne nous écouter”, regrette un exploitant présent lors d’une des trois réunions tenues avec Akhannouch.

Les courts extraits de ces échanges distillés au compte-gouttes par la communication du cabinet d’Akhannouch sont en effet édifiants. Il y est question de trois saisons consécutives de sécheresse, d’hivers de plus en plus froids, de fortes températures estivales pendant le mois d’avril, d’une explosion des prix des engrais azotés et des produits phytosanitaires, des effets du Covid sur le prix des intrants, etc.

Autant d’éléments de diagnostic qui ne sont que trop connus et depuis trop longtemps par l’Exécutif. “La vérité, c’est que le gouvernement ne peut pas feindre de découvrir en avril les facteurs ayant contribué à la crise actuelle, sauf que les temps de réaction politiques sont lents, c’est comme ça », tranche cet exploitant. Toujours est-il que les représentants des filières agricoles ne sont pas repartis bredouilles.

On soutient comme on peut…

Dans la foulée des réunions, le gouvernement annonce en effet une batterie de nouvelles mesures de soutien : lire la suite

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