Amine Diouri : “La nouvelle loi sur les délais de paiement est un changement de paradigme”

Inflation, crise, délais de paiement… les temps sont durs pour les entreprises. Les défaillances ont augmenté de 17% en 2022 après une hausse de 59% en 2021. Dans l’épisode “Défaillances d’entreprises : quand s'arrêteront les fermetures en cascade ?” du podcast Le Scan, Landry Benoit interroge Amine Diouri, responsable études et communication chez Inforisk Dun & Bradstreet.

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Comment expliquer cette nouvelle hausse des défaillances d’entreprises en 2022 ?

D’abord, par la typologie des entreprises. 90% sont des TPME. Elles n’ont donc pas forcément les moyens de résister longtemps aux crises. Et ces derniers mois, les entreprises ont été impactées par deux crises.

Le Covid a fait perdre en moyenne 25% de chiffre d’affaires aux TPME. Puis la guerre en Ukraine a provoqué une autre crise : la hausse du coût des intrants. Cette fois, ce sont les marges qui sont affectées.

Quel est le profil type de l’entreprise la plus affectée ?

C’est une TPME qui exerce dans le commerce et qui est basée à Casablanca. Elle affiche moins de 100.000 dirhams de capital social et moins de 5 ans d’ancienneté.

Mais il ne faut pas oublier que 99% des entreprises disposent de moins de 10 millions de dirhams. Aussi, il est logique que le commerce soit le secteur le plus touché car il représente un tiers des entreprises au Maroc.

Que pensez-vous de la nouvelle loi sur les délais de paiement ?

Nous avons eu deux lois en 2011 et 2016 qui n’ont rien apporté parce que le rapport de force n’avait pas changé. La nouvelle loi en cours d’adoption change de paradigme car l’Etat, à travers la Direction générale des impôts (DGI), va intervenir auprès des mauvais payeurs.

Cette fois-ci, on demande aux entreprises une déclaration trimestrielle des factures qui n’ont pas été payées dans leurs délais (de 120 jours). C’est une approche intéressante mais d’un point de vue opérationnel, ce sera compliqué de vérifier que ces déclarations trimestrielles correspondent bien à la réalité de la facturation, même si la DGI dispose de moyens importants.

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