Mehdi Alioua : “On peut imaginer un jour de fête nationale autour de la niya”

“Dirou niya” a été le slogan phare de l’épopée des Lions de l’Atlas au Mondial 2022. Chaque Marocain s’y est identifié. Au point de changer le cours de notre société ? L'analyse de Mehdi Alioua, sociologue et doyen de l’Institut d’études politiques de Sciences Po Rabat, pour Le Scan, le podcast actu de TelQuel.

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MANAN VATSYAYANA / AFP

Comment peut-on définir le concept de “niya” ?

Il existe plusieurs approches pour définir la niya. D’abord, la niya est un concept religieux et musulman qui implique de réaliser ses actes “avec une bonne intention”. Selon ce principe, les choses peuvent se réaliser si on le souhaite fort, et qu’on y ajoute de bonnes intentions.

Il y a aussi, dans le Maroc moderne, quelque chose qui est propre au football   : un supporter qui envoie des ondes positives pourrait aider à faire gagner son équipe. C’est donc croire très fortement en la victoire de son équipe.

La niya mise en exergue durant l’épopée marocaine au Mondial 2022 peut-elle avoir un impact au-delà du sport ?

Bien sûr. Ce qu’il s’est passé lors de cette Coupe du Monde nous a placés face à quelque chose qui va au-delà du sport. Nous avons été devant l’incantation la plus politique de la période postcoloniale du Maroc.

Il y a aussi eu une forte identification de la société aux Lions de l’Atlas, liée au fait que l’on a commencé à parler des individus, de leur maman, de leurs blessures et de leur abnégation. Nous avons ainsi commencé à faire partie de la même famille, à faire communauté nationale, à travers cette communion avec l’équipe. Tous, que l’on soit riches ou pauvres.

Comment pourrait-on transposer, traduire ou pérenniser cet élan d’optimisme au Maroc ?

Tant que l’on a des disparités sociales ou des antagonismes sociaux au Maroc, qui s’ajoutent au fait que la société marocaine n’est pas complètement unie – langue, statuts sociaux – il sera difficile de transposer cette niya dans la société.

Mais il faut essayer. On peut imaginer un jour de fête nationale qui ne soit pas politique mais qui soit purement festif et culturel et dans lequel on pourrait se retrouver, indépendamment de nos origines sociales ; à l’image de la Fête de la musique en France.

Il l’ont dit dans Le Scan

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