Smyet bak ?
Alexandre.
Smyet mok ?
Karima.
Nimirou d’la carte ?
Attends je cherche (rires)… A741065.
Vous avez aussi les nationalités anglaise et française… C’est quelque chose d’important ou juste “pour le passeport” ?
C’est important sans l’être. Moi, je me sens plus marocain, c’est spécial parce que c’est ma maman qui m’a donné sa nationalité. Avant 2007, j’avais grandi au Maroc, mais je n’étais pas marocain, j’étais un Français basé ici, avec une mère marocaine.
Et quand Mohammed VI a fait passer la réforme (du Code de la nationalité, en 2007, ndlr), on est devenus marocains avec mon frère. Les nationalités française et anglaise sont plus des passeports pour moi, parce qu’en dehors de mes études à l’étranger, c’est au Maroc que j’ai grandi et que je vis.
Avouez que ça sert aussi dans votre carrière, non ?
Bien sûr, ça me permet de travailler sur le sol anglais, en Europe, etc. Les passeports ce n’est pas juste pour le tourisme, ce sont des outils de travail. J’ai des agences à l’étranger et ça me permet d’aller passer des castings, de faire des allers-retours sans problème.
Vous avez surtout tourné dans des blockbusters et des productions internationales, le cinéma marocain ne vous intéresse pas ?
Ça m’intéresse, j’ai quand même tourné dans quelques projets locaux comme Fatema Mernissi, la sultane inoubliable, où j’interprète Abderrahmane Tazi. Mais ce n’est pas que je ne veuille pas essayer de jouer dans une série de 2M, c’est que le directeur de casting ou le réalisateur va souvent me coller le rôle du bourge d’Anfa sup’. Il y a aussi une image qu’on reflète, physiquement. Je suis entre les mains des réalisateurs marocains.
Vous avez joué dans Redemption Day de Hicham Hajji, mais aussi dans The Moderator, qu’il produit. Jouer dans des films qui, même s’ils en mettent plein la vue, sont bourrés de clichés, ce n’est pas risqué pour votre carrière ?
En tant qu’acteur, on m’a toujours dit : “Tant que tu fais bien ton travail, les gens ne te jugeront pas pour le travail du réalisateur ou le jeu des autres.” Mais tout projet peut avoir un impact négatif ou positif. Hicham Hajji a une vision du cinéma plus internationale, plus dans le blockbuster, l’action, et il est d’ailleurs le premier à dire qu’il fait des films divertissants, pour toucher un public plus large, et pas des films pour les Oscars. Il a pour stratégie d’engager de grandes stars américaines et ensuite de vendre son film avec un casting local aussi, ce que j’ai toujours apprécié.
Et pour en revenir à la question précédente, Hicham Hajji m’a choisi pour ses films parce qu’il a envie de montrer l’image d’un Maroc peut-être plus international, avec des acteurs qui peuvent aussi donner la réplique en anglais. J’aime bien ça, parce que ça permet aux gens de s’intéresser un peu plus à notre culture. Quant aux clichés, c’en est pour nous, les Marocains, mais malheureusement ça passe comme une lettre à la poste pour les Américains ou les Européens.
Ça vous plaît les rôles d’espion et de flic ?
C’est marrant parce que c’est le rôle qui revient le plus souvent, on me demande quasiment toujours de jouer un officier, un agent secret, un policier… J’en ai fait au moins cinq ou six (rires). Mais quand on me prend pour ces rôles, ça change, c’est moins le cliché du policier à moustache. Hicham Hajji m’a dit : “Pourquoi, dans les films, le FBI a toujours un agent beau gosse, avec les cheveux plaqués en arrière, qui parle toutes les langues, et nous on garde encore ce cliché ?”
Vous avez commencé très jeune avec le théâtre, pourquoi ne pas avoir continué sur les planches ? L’attrait des paillettes ?
J’ai toujours aimé le théâtre, mais le problème c’est que dès que je me suis tourné vers le cinéma, mes agents m’ont surtout envoyé des films, des publicités… évidemment parce que ça rapporte plus. Mais il ne faut pas oublier aussi qu’une pièce de théâtre, c’est une préparation qui dure six mois. C’est un engagement différent, qu’on ne m’a pas donné l’opportunité de prendre.
Vous avez un nom connu : Thami El Glaoui, votre arrière-grand-père, est une figure historique encore considérée comme un “traître”, et votre grand-père, Hassan, est un grand nom de la peinture. Avantage ou inconvénient ?
“Les El Glaoui, soit on nous aime soit on nous déteste. C’est comme les Kardashian !”
Les deux. En général, les gens ont des aprioris, et c’est comme ça pour tous ceux qui grandissent avec un nom connu. Quant à la carrière artistique de mon grand-père, pour certains cela m’enlève toute légitimité pour devenir un artiste. Ajoutez à cela le fait que ma famille soit médiatisée : on pense automatiquement que cela m’a apporté des opportunités.
Alors que quand tu connais l’histoire de ma famille au Maroc, tu te rends compte que soit on nous aime soit on nous déteste. C’est comme les Kardashian ! (rires). Ça peut t’ouvrir des portes, parce que les gens sont intrigués, mais ça peut t’enfermer. J’ai ça sur les épaules et je ne l’ai pas forcément demandé.
Assaâd Bouab et vous êtes un peu considérés comme les beaux gosses du cinéma marocain. Et ça, ça ouvre des portes ?
C’est un métier où certes le physique est important, mais c’est aussi une ancre. Quand on te considère beau gosse, on ne te met que dans ce type de rôle. Malheureusement, dans les films, ils aiment bien avoir un personnage qui est beau et qui va se démarquer, c’est celui que la fille va aimer… Mais mes amis acteurs qu’on ne cantonne pas dans ce rôle du “beau gosse marocain” ont plus d’opportunités : s’ils n’obtiennent pas le rôle principal, ils peuvent en avoir un autre.
Alors que pour moi, ça arrive rarement car il peut y avoir un conflit de physique. Une beauté classique peut être un handicap. Là, par exemple, je suis en lice pour jouer le fils d’un haut dignitaire algérien pour une production française, et la directrice de casting a dit à mon agent : “Il est presque trop beau.” Certains réalisateurs cherchent une beauté plus dure. Un physique avantageux, c’est à double tranchant.
LE PV
Brice Bexter El Glaoui accepte d’emblée de se prêter au jeu, pas impressionné pour un sou par l’interrogatoire musclé que TelQuel avait fait passer à son ami le réalisateur Hicham Hajji. C’est que cet acteur commence à se faire un nom, notamment depuis le blockbuster Redemption Day, semble très lucide sur les rouages d’un métier où l’apparence joue un rôle certain. Sur le poids de son nom de famille aussi : “Je sais que beaucoup me jugent d’emblée parce que je m’appelle El Glaoui, et pensent que je n’ai aucune légitimité de vouloir être artiste.” Il enchaîne pourtant les projets, et prévoit même de passer derrière la caméra : “Je vais bientôt tourner, et réaliser, mon premier court-métrage, qui traitera de l’avortement illégal. Ça fait écho à la tragédie qui a secoué le pays il y a quelques mois.” En attendant, on le verra en 2023 dans la série américaine d’espionnage Beirut, ce qui le fait d’ailleurs sourire : “Je joue encore un espion, de la CIA cette fois-ci. Ces rôles me poursuivent.”