Smyet bak ?
Bougrine Mohamed.
Smyet mok ?
Halima.
Nimirou d’la carte ?
CB152016. Je facilite la tâche aux personnes qui veulent porter plainte contre moi.
Il y a dix ans, vous lanciez la “Chronique de Bilal Marmid”, puis “Face à Bilal Marmid (FBM)”. C’est quoi la recette pour devenir une marque de fabrique?
J’ai marié mes deux passions, journalisme et cinéma, et j’ai eu la chance de trouver un média qui a cru en moi (Medi1, ndlr). J’ai débuté en faisant des couvertures de festivals en tant que journaliste. L’aventure a commencé à Cannes, puis Berlin, Venise…
Lancer cette chronique était la suite logique, avec la confiance de Medi1 qui a ainsi créé son “Monsieur cinéma”.
Vous portez tout le temps une casquette estampillée “FBM”. Vous n’êtes pas un peu mégalo ?
Non, l’habit ne fait pas le moine ! Je porte des casquettes depuis longtemps. Quand j’étais jeune, j’étais fan de tennismen comme Pete Sampras qui portaient des casquettes.
Quand ma chronique est devenue télévisuelle, je me suis demandé s’il fallait que je la garde ou si ça pouvait décrédibiliser mes propos. J’estime que non, donc je l’ai gardée et c’est devenu la “marque” FBM, un vrai “style” (avec l’accent anglais, ndlr) !
Vous avez réussi à la poser sur la tête de nombreuses personnalités, dont Robert de Niro. Avouez : vous ne lui avez pas donné le choix ?
Non vous savez, dans le star system, rien n’est laissé au hasard. Le concept “FBM” est présenté aux invités avant l’émission : Robert de Niro savait ce que signifiaient ces initiales. S’il ne l’avait pas su, il aurait refusé, il n’est pas con !
Il aurait pu risquer que je fasse passer un message en lui imposant cette casquette. Mais il a compris le délire et il a accepté. Il a même gardé la casquette pendant un dîner officiel à Marrakech !
Devenir critique de cinéma dans un pays où des dizaines de salles ont fermé, vous êtes sûr que c’est une bonne idée ?
Beaucoup de mes profs disaient que je perdais du temps à vouloir devenir critique ciné. Plus tard, quand ils ont vu mon succès, ils m’ont dit : “On savait que ça allait marcher”… Comme par hasard (rires) !
En vrai, je n’ai fait que suivre mon cœur. Quand j’étais petit, je regardais beaucoup d’émissions étrangères, j’étais fasciné par cette puissance d’argumentation, cette capacité d’analyser les images. Je me suis dit que je voulais devenir critique, même si je savais que ce serait difficile ici.
Vous critiquez souvent négativement les blockbusters, mais c’est aussi ça qui fait vivre le cinéma marocain aujourd’hui…
Pour défendre les films d’un pays, il faut accepter cet exercice de critique professionnelle, qui passe par la mise en lumière des erreurs et points faibles, sans pour autant dénigrer.
J’ai toujours eu horreur des émissions ou rencontres cinématographiques où tout le monde glorifie tout le monde. L’idée, c’est de créer le débat, de faire une critique constructive. Sinon, on enterre toute tentative de promouvoir le cinéma.
Parler de cinéma, c’est bien, mais en faire, c’est plus difficile : avouez, vous préféreriez passer derrière la caméra…
L’idée du critique frustré parce qu’il ne peut pas faire de films est ridicule. Le critique ciné fait partie d’une chaîne. S’il n’existe pas, il n’y a pas de cinéma. On a aussi au Maroc beaucoup de faux cinéastes qui font de la m****, je n’ai pas envie de faire les mêmes erreurs qu’eux !
Peut-être qu’un jour je passerai derrière la caméra, mais pas maintenant. Et je ne ferai pas ça pour prouver quoi que ce soit. Je n’ai rien à prouver.
Lors du Festival national du film de Tanger, deux membres du jury, Lahcen Zinoun et Bouchra Boulouiz, ont quitté la cérémonie de remise des prix, en désaccord avec le palmarès. Vous faisiez partie du jury. Que s’est-il passé ?
Pour moi, être membre du jury, c’est une mission qu’on nous donne, et de mon côté, c’est une mission accomplie. J’ai jugé ce qui était artistique, et quand on juge les films artistiquement, ça donne un palmarès, avec des films primés et d’autres non.
Sans nommer personne, je ne comprends pas comment des présidents de chambres professionnelles, qui sont aussi réalisateurs et dont le film est présenté en compétition, peuvent proposer des membres pour composer le jury… J’appelle ça du conflit d’intérêts.
On parle beaucoup de copinage et de corruption dans le milieu. Cinéma et mafia, même combat ?
“Ce qui s’est passé à Tanger est plutôt bénéfique, finalement. Ça montre les failles du système”
“Mafia” est un terme fort. Mais il est essentiel d’entamer des réformes. Ce qui s’est passé à Tanger est plutôt bénéfique, finalement. Ça montre les failles du système. Le changement fait peur, donc il y a toujours des voix qui commencent à crier sur les toits. Mais je suis fier de m’être battu pour que le film d’Ismaël El Iraki, Zanka Contact, remporte le Grand Prix.
Qu’avez-vous pensé de la décision du CCM de l’interdire quelques jours plus tard, parce qu’il comportait une musique d’une chanteuse pro-Polisario ?
Le plus important dans cette histoire, c’est que le réalisateur et le producteur ont rapidement réagi à l’injonction du CCM qui leur a donné 48h pour retirer la chanson. Ils ont fait la rectification, le sujet est clos. En tant que membre du jury, je n’ai fait que juger un film présenté par le CCM, dans un festival organisé par le CCM.
Après trois ans d’absence, le Festival international du film de Marrakech revient. Ce type de festival “bling-bling” fait-il du bien au cinéma marocain ?
Oui, parce que ça reste une vitrine pour le cinéma marocain qui n’a pas souvent accès aux grands festivals dont les critères sont parfois très sélectifs.
Cette année, une dizaine de films marocains seront présentés en sélection officielle ou dans la section parallèle “Panorama”. Et pour une fois, je suis très satisfait de la sélection qui honore le cinéma marocain.
Vous êtes fasciné par Lars Von Trier. Mais ne faut-il pas être un peu tordu pour regarder des films comme ‘Nymphomaniac’ ou ‘Antichrist’, qui comportent des scènes de sexe et de violence extrême ?
Les films de Lars Von Trier sont rarement destinés au grand public. Mais je suis plutôt fan d’autres films de lui, comme Melancholia et Dancer in the dark. Le cinéma est fait pour voir jusqu’où un réalisateur peut donner libre cours à son imagination et exposer ses connaissances culturelles, sociologiques ou philosophiques.
Von Trier est un éternel incompris, et je crois que moi aussi je suis un éternel incompris ! Je n’aime pas ce qui est consensuel dans le cinéma. Quand on rentre dans une salle, c’est pour s’évader et suivre le travail souvent très réfléchi de grands cinéastes. Je ne suis pas contre le cinéma commercial, mais je n’aime pas qu’on m’impose ce que je dois préférer.
LE PV
En quinze ans, Bilal Marmid s’est imposé dans le paysage cinématographique marocain. Celui qui fait partie du cercle très restreint des critiques ciné du royaume sévit avec son émission “FBM” (“Face à Bilal Marmid”) où il a reçu pas moins de 320 invités, dont les acteurs Robert de Niro et Marion Cotillard ou le réalisateur Elia Suleiman.
Actuellement responsable du desk culture de Medi1 et Medi1TV, il ne s’est pas fait que des amis. Volontairement tacleur, celui qui dit détester le cinéma consensuel était membre du jury lors de la dernière édition du Festival national du film de Tanger, en septembre dernier.
Une édition marquée par des polémiques qui n’ont pas épargné le jury. Mais le critique ne semble pas désespéré pour autant, et dit attendre un “vrai changement” et un dépoussiérage du milieu.