Tahar Ben Jelloun, l’harmonie des couleurs et des mots

Dans La Couleur des mots, un récit intime, Tahar Ben Jelloun nous raconte les coulisses de ses premiers émois créatifs. D’une page blanche à peindre, à une toile vierge à écrire.

Dans ces années 1950 à Fès, l’horizon était limité. Pas de cinéma, pas de musée, pas de théâtre, pas de music-hall. Il fallait tout imaginer. Je décidai alors d’attribuer une couleur à chacun des jours de la semaine : lundi, gris foncé ; mardi, gris léger tendant vers le bleu ciel ; mercredi, vert ; jeudi, jaune ; vendredi, tantôt blanc tantôt orange ; samedi, bleu azur (…) Je sais que, pour certains, tous les jours sont gris. Cela se voit sur leur visage. On ne peut que les plaindre.

Comment se réaliser en tant qu’écrivain francophone quand le français n’est pas notre langue d’origine ? A quelle légitimité peut-on prétendre ? Lorsqu’il a commencé à écrire, Tahar Ben Jelloun s’est caché. L’écriture était une activité à laquelle il s’est adonné pendant ses dix-neuf mois en camp disciplinaire.

Avant cela, les emballages du magasin d’épices de son père avaient accueilli ses premiers gribouillis. Couleurs du dessin et mots de l’écriture, ces activités ont guidé sa vie, avec la passion pour moteur. Avec Fès pour coulisses, il développe dès sa petite enfance son sens de l’harmonie des couleurs. Avec Tanger pour théâtre, il découvre cette dualité qui sera l’empreinte de son parcours artistique : deux cultures, deux rives, pour deux passions, deux disciplines, l’écriture et le dessin, qui ont guidé sa vie, et lui ont permis de se développer.

Plus tard, à Paris, il découvre le cinéma qui lui donne encore plus le goût de “raconter des histoires”, dit-il. La musique, surtout le jazz, lui insuffle un sentiment de liberté, un sentiment qui lui était encore inconnu jusque-là.

«La couleur des mots»

Ben Jelloun Tahar

261 DH

Ou

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Aller simple vers une nostalgie heureuse

La Couleur des mots est un récit intime, dans lequel Tahar Ben Jelloun raconte ses premiers émois créatifs. On y découvre un homme ouvert, cultivé, sensible. C’est une construction originale qui se déploie au fil des pages, avec une dualité qui traverse l’ouvrage : on a tantôt des textes qui se suivent sans chronologie, comme des morceaux de vie ou des phrases-clés, et tantôt des dessins figuratifs.

Le lecteur est projeté entre deux villes, la Fès de son enfance, et Matera, en Italie du sud, qu’il connaîtra beaucoup plus tard. Si le livre semble de prime abord n’être qu’une suite de lignes fugaces, décrivant au gré du vent les mille et un fragments de la vie plurielle de l’auteur, il n’en est rien.

Tahar Ben Jelloun construit le témoignage d’une époque insaisissable et éphémère. C’est l’écriture hybride d’un homme qui sait être onirique et se saisir du réel. Il parvient à se frayer un passage à travers “un magnifique mur de pierres anciennes”, lisière spirituelle entre “ce que l’on sent et ce que l’on peut”.

C’est un écrivain qui peint la ville, ses maisons, ses jardins, et qui dessine “les mots et les couleurs, entre la douleur et la lumière du monde”. Combattre la peur du vide et créer un pont entre mots et couleurs : voilà le projet qui anime Tahar Ben Jelloun, son pinceau et sa plume.

“Après réflexion, Genet avait raison. Éduquer un peuple, c’est aussi lui procurer les moyens de se nourrir intellectuellement, artistiquement, lui donner envie de connaître d’autres cultures, d’autres langues, d’autres civilisations” : avec ce texte intime, c’est un voyage imaginaire, coloré, intellectuel et hors du temps que nous offre Tahar Ben Jelloun, nous invitant au passage à libérer notre propre capacité d’invention et d’improvisation.

La Couleur des mots, éditions L’Iconoclaste

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