Le Caire, XIIIe siècle. C’est dans une Égypte médiévale que nous plonge La Sutane du Caire, premier roman de Dima Droubi, paru en 2016.
Une période marquée par les guerres et les conquêtes, et qui a vu une femme monter sur le trône : Charajat ed-Or.
Amour, gloire et beauté
Celle dont le nom signifie “arbre de pierres précieuses” a grandi dans les steppes du Caucase, avant d’être enlevée à sept ans par un cavalier mongol qui la vend à un marchand d’esclaves. Remarquant sa rare beauté, ses yeux d’émeraude et son intelligence, ce dernier décide d’en faire une jaryah, une esclave destinée aux seigneurs.
Poésie, littérature, philosophie, histoire, mais aussi mathématiques et astrologie sont au programme de son éducation. Tout ce qu’il faut pour devenir “un modèle de séduction, de féminité et de charisme”, ce qui ne laissera pas insensible le sultan El-Saleh Ayub, dernier grand sultan ayyubide, à qui elle sera offerte.
“Chajarat représentait tout ce qui comptait pour lui. Elle était son épouse, sa confidente et sa première conseillère politique (…) Quand il s’absentait, c’était elle qui gérait les affaires de l’État.” À bonne école, elle finit par assurer la défense de l’Égypte en l’absence de son époux parti pour Damas.
C’est donc tout naturellement qu’au décès du sultan des suites d’une maladie, la jeune veuve est élue chef d’État par les Mamelouks, avec tous les attributs du pouvoir. Pendant 80 jours, Chajarat ed-Or régnera sans partage. Parée du titre de “reine des musulmans”, elle remporte des victoires, notamment sur l’armée croisée du roi de France Louis IX, qu’elle défait.
Insuffisant pour certains, notamment le calife de Bagdad irrité par la prise de pouvoir d’une femme, qui incitent la sultane à laisser un homme diriger l’empire à sa place. Ce sera Aybak, chef de l’armée et premier sultan mamelouk, qu’elle épousera en secondes noces. Mais au bout quelques années de mariage, il songe à prendre pour épouse une femme plus jeune. Une trahison pour Charajat, encore très amoureuse, mais qui ne restera pas impunie…
«La sultane du Caire»
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Un destin invisibilisé
Pour ce roman historique, l’écrivaine a enquêté sur la “reine des musulmans”, seule femme à avoir régné sur une nation arabe. Un destin hors du commun, pourtant effacé de la grande histoire. Car Chajarat ed-Or fait partie de ces “Sultanes oubliées” recensées par Fatema Mernissi dans un essai du même titre qui a largement encouragé Dima Droubi à se pencher sur ce sujet.
Dans un passage repris dans l’ouvrage, la sociologue écrivait: “Les femmes musulmanes en général, arabes en particulier, ne peuvent compter sur personne, érudit ou pas, ‘impliqué’ ou ‘neutre’, pour lire leur histoire. Cette lecture est leur entière responsabilité et leur devoir…”
En mêlant faits historiques et imagination, Dima Droubi prend ainsi le pari de faire revivre une sultane qui a marqué l’histoire avant de sombrer dans l’oubli. Une femme qui, à une époque trouble, a osé faire éclater ses chaînes.
La Sultane du Caire, Dima Droubi, éd. Librairie Porte d’Anfa.
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