Sur le terrain militaire
- Le conflit s’étend à l’ouest, Kiev en “état de siège”
Des bombardements russes ont touché ce week-end la base militaire de Yavoriv, à une vingtaine de kilomètres seulement de la Pologne. C’est la première fois que des attaques ont lieu à l’ouest de l’Ukraine, des bases où arrive une partie de l’aide militaire livrée par les Occidentaux. À Kiev et dans sa région, les bombardements russes continuent avec intensité. Un conseiller du président ukrainien reconnaît que la “ville est en état de siège”. Un autre objectif majeur est celui de priver les Ukrainiens d’un accès à la mer : l’attaque de la ville portuaire de Mykolaïv n’est qu’une étape vers Odessa, pour fermer la mer Noire à terme. L’armée russe n’exclut pas de lancer des assauts pour prendre le contrôle total des grandes villes ukrainiennes « déjà encerclées », a prévenu le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
• Un journaliste américain tué à Irpin
Brent Renaud, un documentariste de 50 ans a été tué dimanche à Irpin, au nord-ouest de Kiev. Un de ses collègues a également été blessé avec un civil ukrainien. La situation est aussi dangereuse pour les reporters et les ONG dans la ville de Marioupol, au sud, assiégée et bombardée depuis plusieurs jours, autant que pour les habitants qui espèrent d’urgence un convoi d’aide humanitaire, ce lundi après-midi.
- Un bilan qui s’alourdit
Les décomptes des victimes font état de manipulation de la part des Ukrainiens et des Russes. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a annoncé samedi que “environ 1300” militaires ukrainiens ont été tués depuis le 24 février, sans que cette information soit réellement vérifiable. Il y aurait 498 morts militaires russes selon les derniers chiffres communiqués par Moscou. Chaque camp accuse l’autre de viser délibérément des civils.
Les décomptes de l’ONU sont quant à eux fournis par la Mission de surveillance des droits humains en Ukraine (HRMMU) présente sur place. Une fiabilité renforcée, qui fait état de la mort d’au moins 596 civils, mais qui est probablement “très inférieur à la réalité”, de l’aveu même des Nations Unies, qui informent d’un travail compliqué sur le terrain. Au niveau des réfugiés, le chiffre s’allonge encore, à près de 2,7 millions dimanche 13 mars.
Sur le terrain diplomatique
- De l’espoir dans un quatrième round de négociations
Ce lundi 14 mars, une nouvelle session de discussions s’est tenue entre les négociateurs ukrainiens et russes. Ce quatrième “round” cette fois-ci par visioconférence a le mérite de susciter plus d’espoir que les trois premiers. Vladimir Poutine a évoqué vendredi 11 mars “des avancées positives” alors que Volodymyr Zelensky a concédé une “approche fondamentalement différente” de la part de Moscou dans les discussions. Mykhaïlo Podoliak, négociateur pour l’Ukraine a tout de même tempéré ce matin dans un message sur Twitter. Le pays demande toujours comme préalable “la paix, un cessez-le-feu immédiat, le retrait de toutes les troupes russes (…). Seulement après cela, nous pourrons parler de nos relations de voisinage et de nos différends politiques.” « En pause technique », les discussions reprendront mardi matin.
- La Chine va-t-elle s’impliquer ?
À Rome, de hauts responsables américains et chinois doivent se rencontrer, alors que la Maison Blanche s’inquiète d’une possible assistance de Pékin aux Russes. Selon le New York Times, qui cite des responsables américains anonymes, la Russie aurait demandé une aide économique et militaire à la Chine pour mener la guerre et contourner les sanctions occidentales. Une information démentie par Pékin et Moscou.
- Nouvelles sanctions en Europe, sans couper le gaz
Emmanuel Macron s’est entretenu, dimanche, avec Volodymyr Zelensky. Il a informé le président ukrainien du détail de l’aide supplémentaire que l’Union européenne a décidé d’apporter à l’Ukraine lors du sommet de Versailles qui s’est tenu jeudi et vendredi. L’UE a également déclaré viser trois secteurs dans une nouvelle vague de sanctions : la fin des exportations de produits de luxe, la fin des importations de fer et d’acier depuis la Russie vers l’Union européenne, et enfin l’interdiction pour les entreprises européennes de l’énergie d’investir en Russie.
Le président ukrainien ne se satisfait toujours pas de la réaction des Occidentaux. Il a de nouveau exhorté l’OTAN d’instaurer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de son pays, prévenant qu’à défaut l’organisation risquait de voir des “roquettes russes” tomber sur ses États membres. Un vidéomontage a également été publié par l’Ukraine, imaginant Paris sous les bombes, afin de faire réagir les dirigeants européens.
Would the famous Eiffel Tower in #Paris or the Brandenburg Gate in #Berlin remain standing under endless bombing of Russian troops?
Do you think that does not concern you?
Today it’s #Ukraine, tomorrow it will be the whole of #Europe. Russia will stop at nothing. pic.twitter.com/vi6z5UWV8q— Verkhovna Rada of Ukraine (@ua_parliament) March 11, 2022