Je me nomme Alma Revel.
Je suis née le 7 février 1967 à Paris. J’ai quarante-neuf ans. Je suis la fille unique de Robert Revel et Marianne Darrois. Je suis de nationalité française. En instance de divorce, mère de trois enfants. Je suis juge d’instruction antiterroriste. Il y a trois mois, dans le cadre de mes fonctions, j’ai pris une décision qui m’a semblé juste mais qui a eu des conséquences dramatiques. Pour moi, ma famille. Pour mon pays.”
La narratrice est un juge antiterroriste qui a d’abord exercé comme juge d’instruction de droit commun. Nommée à ce poste, elle ne s’attendait pas à ce que ce soit aussi lourd, aussi harassant pour un être humain de supporter ce qu’on voit, ce qu’on vit, ce qu’on décide…
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“À mes débuts, j’ai été juge de droit commun ; si je relâchais un trafiquant, je savais qu’au pire il allait trafiquer, mais là, si je me trompe, des gens peuvent être tués à cause de moi. ”
Dès sa nomination, Alma Revel savait ce qui l’attendait. Surtout que les terroristes, aujourd’hui, ne se contentent plus de tuer, ils filment leurs actes et balancent leurs images sur les réseaux. Alors, voir les vidéos, acte insoutenable pour le commun des mortels, constitue pour la juge un quotidien sans cesse renouvelé.
“Est-ce que vous voulez vraiment voir les images de l’attentat ? Longtemps, c’est moi qui ai posé cette question. En tant que juge d’instruction antiterroriste, cela avait toujours représenté un problème éthique capital pour moi: devais-je montrer les images des attentats aux familles de victimes qui le réclamaient? Était-ce mon rôle ? Au nom de la vérité, fallait-il à tout prix voir ? Les images des corps mutilés, des boîtes crâniennes explosées, des corps d’enfants démembrés étaient-elles indispensables à la vérité ? J’essayais de dissuader les familles : je voulais les protéger de l’obscénité de la mort.”
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Voir et montrer la terreur
Juge antiterroriste n’est pas une promotion pour bons et loyaux services. C’est sûrement parce que personne n’a voulu du poste. Entre injures, pressions, menaces, c’est un cauchemar permanent. Sans oublier le travail jusqu’à pas d’heure et l’astreinte 24h/24 le reste du temps, en attendant une exécution sommaire ou une explosion quelque part.
Et quand vous prenez du service au lendemain des attentats de Charlie Hebdo en 2015, il faut expliquer aux familles pourquoi c’est arrivé, pourquoi la France n’a pas pu protéger les siens. C’est l’essence même du métier de juge antiterroriste, que la romancière détaille à la minute près, des audiences aux écoutes, en passant par le visionnage des vidéos et les souffrances des familles qui cherchent des réponses.
Au point qu’elle rapporte, probablement mot pour mot, les propos d’un juge qu’elle a rencontré lors de l’élaboration de son livre : “Mon quotidien, ce sont les missions dans des zones de conflit minées par le jihadisme (…), les exercices de sécurité, l’obligation de changer de chambre au milieu de la nuit pour ne pas être identifiable, la confrontation avec les gardes des détenus que je suis venue interroger, des types dont je ne sais rien, imprévisibles et sanguins, masqués de têtes de mort, les slogans scandés en pleine nuit : “Français ! Partez maintenant sinon ce sera trop tard !”, les risques de maladie, sur place, les traitements préventifs qui me laissent exsangue et ce moment où, avant de partir, j’embrasse mes enfants sans leur montrer mon émotion, en pensant que c’est peut-être la dernière fois.”
Vivre avec ce fardeau est déjà une mission inhumaine, rester en vie est un espoir de tous les instants. Mais quand Alma Revel trouve l’amour auprès de l’avocat d’un des terroristes qu’elle est censée juger, cela chamboule toute sa vie.
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