La saga de la famille Belhaj, qui se trouve au centre de l’œuvre de Leïla Slimani, se poursuit avec Regardez-nous danser, deuxième volet de la trilogie “Le pays des autres”.
Nous sommes en 1968, c’est-à-dire douze ans après l’indépendance du Maroc, un pays qui se cherche encore une destinée, des alliances, une voie à suivre… Où le roi refuse de lâcher une once de ses prérogatives.
Mathilde et Amine, ce couple formé par une Alsacienne et un Marocain, qui se sont rencontrés en France, un pays en pleine Guerre mondiale, se retrouvent au Maroc. Un pays désormais serein, indépendant, mais qui ne trouve pas la prospérité tant promise mais si chimérique pour la grande majorité de la population. Le couple prospère au milieu de la pauvreté ambiante. Amine développe son exploitation agricole et change de statut : il est désormais accepté dans les cercles de la bourgeoisie locale.
Cette saga est celle d’une famille qui participe à tisser l’histoire intime de ce Maroc qui n’appartient pas à tous ses citoyens, mais seulement à ceux qui ont réussi – si réussir c’est avoir beaucoup d’argent. En cette année 1968, les colons exploitent toujours les terres qu’ils possèdent, en ayant recours à une main-d’œuvre bon marché qu’ils appelaient les “bicots”. Ils ne savent pas encore que le pouvoir lorgne leurs terres, qui seront confisquées en 1973 et redistribuées à ceux qui peuvent en tirer bénéfice, donc les grands exploitants.
«Regardez-nous danser»
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Les riches et les pauvres
La bourgeoisie nationale n’hésite pas à afficher ses richesses, habite des villas cossues d’où elle peut observer par les fenêtres la misère des quartiers voisins. La colère germait dans la population, mais les tentatives de sédition sont tuées dans l’œuf, sans pitié, par un roi qui a fait de l’élite une alliée de choix. Dans un Maroc qui cherche encore sa voie, les bourgeois nationalistes, ceux qui savaient que c’est dans l’indépendance qu’ils feraient leur beurre, avaient trouvé la leur : celle de l’enrichissement facile.
“C’est dans cette période trouble, entre hédonisme et répression, qu’une nouvelle génération va devoir faire des choix. Regardez-nous danser poursuit et enrichit une fresque familiale vibrante d’émotions, incarnée dans des figures inoubliables”, peut-on lire dans la quatrième de couverture.
En attendant le troisième volet de cette saga qui parcourt, à travers le parcours d’une famille, l’histoire récente du Maroc. Leïla Slimani trace de ses personnages une image plus nette, plus humaine, avec leurs particularités, entre Amine qui tient à son exploitation, Mathilde toujours aussi compréhensive elle qui a quitté son pays pour vivre l’amour avec Amine, Aïcha la fille devenue femme et qui cherche l’amour. Selma et Selim qui, chacun de son côté, cherchent à s’émanciper de la tutelle familiale, trop patriarcale, aux traditions bien ancrées qu’il faut observer comme les prédécesseurs… Mais s’émanciper pour une femme n’est pas encore d’actualité.
Leïla Slimani a déjà, malgré sa jeunesse, une véritable œuvre qu’elle ne cesse d’étoffer. Depuis Le Jardin de l’ogre, à Chanson douce, en passant par Le Parfum des fleurs la nuit, la reconnaissance est tombée en 2016 avec le Goncourt, le plus grand prix littéraire en France. “Le Pays des autres”, dont le 2e tome est intitulé Regardez-nous danser, est le plus personnel de ses livres.
Regardez-nous danser, de Leïla Slimani, éditions Gallimard (2022)
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