Le gouvernement approuve un plan d’urgence de 2 milliards de dirhams pour le secteur du tourisme

La dernière mesure de fermeture des frontières a prolongé la longue et profonde crise du secteur. Pour tenter de sauver les entreprises touristiques, un plan d’urgence de 2 milliards de dirhams devrait permettre de financer la prolongation des indemnités forfaitaires, le report des charges de CNSS, la prise en charge par l’État de la taxe professionnelle, la subvention au secteur hôtelier et la mise en place d’un moratoire sur les échéances bancaires.

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De rares passants marchent sur la place Jemaa El Fna à Marrakech, le 8 septembre 2020. Crédit: Fadel Senna / AFP

A défaut de l’ouverture des frontières réclamée par des professionnels du secteur désemparés, un coup de pouce financier. Le gouvernement a approuvé, ce mardi 18 janvier, un plan d’urgence d’un montant de 2 milliards de dirhams en faveur du secteur du tourisme, annonce un communiqué du ministère de tutelle.

Prolongations

Outre le report des charges dues à la CNSS pendant six mois, l’enveloppe est destinée à financer la prolongation du versement de l’indemnité forfaitaire de 2000 dirhams durant le premier trimestre 2022. Reprise en novembre 2021 après une interruption en juillet de la même année, cette indemnité est destinée aux employés du tourisme, aux transporteurs touristiques et aux restaurants classés.

Le plan d’urgence gouvernemental devrait aussi répondre à des revendications des professionnels du secteur contenues dans les dix commandements de la Confédération nationale du tourisme (CNT). Les deux milliards alloués par l’État vont permettre de mettre en place un moratoire sur les échéances bancaires et la prise en charge par l’État de la taxe professionnelle.

Ces deux mesures devaient faire l’objet de pourparlers entre le département de Fatim-Zahra Ammor et le Groupement privé des banques du Maroc (GPBM), mais aussi d’une coordination entre plusieurs ministères du gouvernement.

Dans le premier cas, le moratoire est applicable aux hôteliers et aux transporteurs touristiques pour une durée pouvant aller jusqu’à un an. Une période de grâce pendant laquelle les intérêts intercalaires seront pris en charge par l’État pour une période équivalente aux mois de non-activité en 2021, mais aussi pour tout le premier trimestre 2022.

D’un autre côté, l’État marocain s’engage à prendre en charge la taxe professionnelle des hôteliers pour les années 2020 et 2021.

Remise à neuf

La moitié de l’enveloppe globale, soit un milliard de dirhams, sera dédiée à une subvention au secteur de l’hôtellerie. “L’objectif de cette aide est de soutenir l’effort d’investissement (entretien, rénovation, formation…) des hôtels souhaitant se préparer à un redémarrage rapide de l’activité dès la réouverture des frontières”, précise le communiqué. Il semble que la lettre salée de Lahcen Zelmat, le président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), envoyée le jour même de la fermeture des frontières, ait porté ses fruits pour son secteur qui se taille la part du lion.

Le plan d’urgence gouvernemental va-t-il pour autant faire renaître le tourisme des cendres de la crise ? Rien n’est moins sûr. Fin novembre 2021, la fermeture totale des frontières pour contrer la vague Omicron avait raboté les recettes de fin d’année d’un secteur qui pèse près de 10 % du PIB du Maroc.

Excepté la parenthèse estivale 2021 qui avait apporté un bol d’air frais grâce aux MRE et au tourisme interne, le tourisme a traversé une quasi-année blanche en 2020. Vingt-deux mois de crise qui ont entamé l’optimisme des opérateurs touristiques qui réclament aujourd’hui une ouverture complète et sans délai des frontières afin que le royaume ne perde pas ses marchés pourvoyeurs de touristes. Au point d’accueillir ce plan d’urgence comme un lot de consolation ?