Hausse des prix des huiles de table : les explications du Conseil de la concurrence

Le Conseil de la concurrence a émis un avis relatif à l’examen du respect des règles d’une concurrence libre et loyale par les producteurs et importateurs des huiles de table suite aux augmentations des prix de vente constatées sur le marché national, dans lequel il met en avant les facteurs explicatifs de cette hausse.

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Dans un hypermarché, le 4 avril 2008 à Rabat. Crédit: Abdelhak Senna / AFP

Les résultats de l’étude menée dans le cadre de cet avis émis par le Conseil de la concurrence, qui a été saisi par le président de la Chambre des représentants, ont permis de conclure que les augmentations des prix de vente des huiles de table enregistrées sur le marché national s’expliquent par la conjonction de facteurs objectifs liés à la structure du marché lui-même et aux évolutions du marché extérieur duquel il est dépendant.

Déficit de matière première

Ainsi, parmi les facteurs explicatifs liés au marché lui-même, le Conseil fait état d’un amont agricole de la filière oléagineuse presque inexistant. “Le Maroc connaît un déficit structurel en termes de matière première utilisée pour la fabrication des huiles de table. Près de 98,7 % des besoins domestiques du pays sont importés, essentiellement sous forme d’huiles brutes et seuls 1,3 % sont couverts par les graines produites localement”, a-t-il fait observer.

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Également, le Conseil cite une activité de transformation marquée par une quasi-absence de la trituration. “En termes de valorisation des graines oléagineuses, l’activité de trituration est portée par deux opérateurs : Lesieur Cristal qui est l’opérateur historique avec son unité de trituration de Casablanca et le groupe HSB avec son unité de Ain Taoujdate dans la région de Meknès”, note le Conseil.

Le Conseil de la concurrence relève aussi que trois pays ou groupement de pays concentrent la quasi-totalité des importations du Maroc en huiles brutes. “L’approvisionnement en huiles brutes est concentré au niveau de trois pays ou groupement de pays qui constituent à eux seuls près de 95 % des importations. L’Union européenne (UE) représente 54 %, suivis de l’Argentine avec près de 34 %, puis des États-Unis avec environ 7 %”, précise la même source.

Une activité de raffinage qui reste compétitive

Il a en outre fait état d’une activité de raffinage avec des marges bénéficiaires raisonnables. “Il a été montré que les marges brutes dégagées par les opérateurs restent dans des limites raisonnables. Elles varient entre 4 à 5 %. L’activité du raffinage, quant à elle, reste compétitive au regard des importations en huiles raffinées qui demeurent marginales”, explique le Conseil.

“Néanmoins, ce segment continue d’être protégé par une barrière non tarifaire portant sur l’application de la règle d’origine étant donné qu’au niveau des importations de l’huile déjà raffinée, les 0 % des droits de douane ne s’appliquent que sur les huiles dont les graines oléagineuses sont d’origine de l’UE. Autrement, le taux de 40 % est appliqué”, selon le même avis.

Le Conseil soulève aussi une offre concentrée dans trois régions et une demande locale dominée par l’huile de soja. “Du point de vue géographique, 100 % de la production nationale est regroupée dans trois régions qui constituent par la même occasion les plus grands bassins de consommation du Maroc. La région Casablanca-Settat où sont implantées les sociétés Lesieur Cristal et Savola, concentre plus de 62 % du volume produit, suivie de la région Souss-Massa qui représente 23 % de la production globale, assurée par la société HSB, puis de la région Fès-Meknès qui couvre les 15 % de l’offre restante et assurée par Siof et HSB”, fait savoir le Conseil.

Conjoncture économique mondiale

S’agissant des facteurs explicatifs liés au marché extérieur, le Conseil met l’accent sur les cours mondiaux des huiles brutes en forte augmentation depuis le début de l’allègement des mesures de confinement liées à la pandémie de la Covid-19 et les coûts de matières premières aggravés par la hausse concomitante du prix de l’énergie et du transport.

“La tendance haussière des cours mondiaux des huiles brutes est accentuée par la récente forte augmentation des tarifs de l’énergie, du fret maritime et du transport de marchandises au niveau mondial, en raison du redémarrage rapide et simultané de l’économie mondiale, caractérisé par une hausse importante de la demande, une pénurie des conteneurs et une congestion des ports”, fait remarquer le Conseil.

Parmi les facteurs liés au marché externe, le Conseil évoque aussi la corrélation entre les prix de vente du marché national et les cours mondiaux des matières et les changements rapprochés dans l’application des prix de vente des huiles de table sortie usine.

(avec MAP)