C’est le premier chef de parti à céder la présidence de sa formation, ouvrant la porte des responsabilités à d’autres.
C’est aussi le premier politique à refuser les clés de la primature, après les élections de 1993 dont Driss Basri, l’ancien ministre de l’Intérieur de Hassan II, a configuré les résultats à sa guise. Il a refusé catégoriquement l’offre de Hassan II si jamais Driss Basri devait garder l’Intérieur”.
«الوطن أولاً ؛ مذكرات في السياسة والحياة»
220 DH
Ou
L’alternance avant l’alternance, qu’un certain Abderrahmane Youssoufi a accepté d’endosser en 1998. L’histoire retiendra du parcours de Boucetta qu’il n’a jamais laissé sombrer son parti, l’Istiqlal, dans les profondeurs du classement, ni le laisser tomber entre les mains du pouvoir. Beaucoup de ses militants ont connu la prison.
Aux côtés de l’USFP, l’Istiqlal a animé la vie politique en fournissant au pays quelques-uns de ses plus brillants ministres. Entre les deux formations, la concurrence était plutôt saine, même si l’USFP est elle-même issue, indirectement, d’une scission de l’Istiqlal.
Chez Mhamed Boucetta et Abderrahim Bouabid, et plus tard Youssoufi, on savait s’élever à des niveaux plus qu’honorables, et en même temps élever le niveau de la politique.
L’enfant de Marrakech se souvient de sa ville natale du temps d’El Bacha El Glaoui : « La période que j’ai passée à Marrakech était riche en événements et en actions. La ville vivait sous la férule du Bacha El Glaoui. La majorité de la population vivait dans la précarité et sous l’oppression du colonisateur français. Malgré cette situation, Marrakech connaissait une renaissance culturelle et une agitation nationaliste importantes, grâce à la diffusion de la connaissance et à l’éveil de la conscience collective ».
«الوطن أولاً ؛ مذكرات في السياسة والحياة»
220 DH
Ou
Une famille proche du sérail
Mhamed Boucetta est issu d’une famille aisée de Marrakech, qui avait accès au sultan et à ses palais, ce qui lui a ouvert bien des portes, surtout ceux de l’école.
C’est ainsi qu’il a entamé ses études à l’école Ben Youssef de Marrakech, une étape où il aura pour compagnon de banc un certain… Abderrahmane Youssoufi, débarqué de son Tanger natal alors sous régime international. Cette relation explique peut-être les relations plus que cordiales qui existaient entre l’Istiqlal et l’USFP. Une relation due à la personnalité des deux hommes.
A la mort de Allal El Fassi, alors président de l’Istiqlal, en 1974, Boucetta est pressenti pour prendre le poste. Il n’a pas sauté de joie quand il a été coopté par l’élite istiqlalienne, il a juste considéré que c’était une responsabilité à prendre et à assumer. Mais il ne s’est pas accroché au poste, comme les autres chefs de parti, excepté quelques rares cas, comme Ismaïl Alaoui du PPS ou Abderrahmane Youssoufi de l’USFP…
Peut-être que l’homme avait ses défauts, peut-être a-t-il fait des erreurs, comme cette arabisation assumée, et qui s’avérera désastreuse pour le système éducatif marocain, mais sa sincérité ne peut être remise en cause. Il n’avait pas la stature historique de Allal El Fassi, mais quand il a quitté l’Istiqlal, c’était encore le parti le plus fort de la scène politique.
“Dieu m’est témoin que j’ai donné le maximum de mes capacités, avec fidélité et abnégation, pour voir une meilleure version du Maroc sur tous les plans, uni et consolidé autour de ses institutions et de sa devise Dieu, la patrie, le roi”. La société marocaine retiendra que Mhamed Boucetta a supervisé l’élaboration de la nouvelle Moudawana en 2004.
Mhamed Boucetta, la patrie d’abord, de Mohamed Serraj Daou, éditions Centre culturel du livre (2021).
Commandez ce livre au prix de 220 DH (+ frais d’envoi) sur qitab.ma ou par WhatsApp au 06 71 81 84 60