Gouvernement : le trio RNI-PAM-Istiqlal accouche d’une Charte commune

Les trois chefs de partis de la majorité gouvernementale ont signé ce 6 décembre une Charte commune. Une rupture avec les précédents modes d’alliance des partis composant le gouvernement ? C’est la promesse de Aziz Akhannouch. Les détails.

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Abdellatif Ouahbi, Aziz Akhannouch et Nizar Baraka à Rabat, lors de la signature de la charte de la majorité, le 6 décembre 2021. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Tout sourire, les principaux ministres et dirigeants du trio RNI-PAM-Istiqlal se sont donné rendez-vous ce lundi 6 décembre pour signer la Charte gouvernementale au siège du parti d’Aziz Akhannouch à Rabat.

Le chef du gouvernement était accompagné au pupitre de son ministre de la Justice et chef du PAM, Abdellatif Ouahbi, ainsi que du ministre de l’Équipement et de l’Eau et chef de l’Istiqlal, Nizar Baraka. La “cérémonie officielle” n’a pas été suivie d’une conférence de presse, et plusieurs questions restent en suspens.

Retard dans la désignation des futurs secrétaires d’État, présentation de “solutions innovantes” dans l’Éducation nationale, dissensions quant à la révision de l’article 256-8 du Code pénal sur l’enrichissement illicite… Le gouvernement entretient le flou sur un ensemble de dossiers d’actualité, quasiment deux mois après sa nomination par le roi.

Souvenirs de blocage

Les trois partis voient dans cette charte une “incarnation de (leur) engagement collectif”. La majorité “ne tardera pas à apporter des réponses à toutes les questions qu’elle a engagées”, peut-on lire dans la déclaration commune des trois partis.

 

Au cours de son bref discours, Aziz Akhannouch a évoqué “une nouvelle expérience politique avec une culture de gestion différente, des mécanismes clairs, et une nouvelle perspective basée sur le respect mutuel entre les composantes de la coalition”. La critique adressée à l’allié d’hier, le PJD, est à peine voilée.

Tout ceci “rompt avec certaines méthodes du passé qui empêchaient la transformation des institutions de coalition en instances capables de donner des solutions”, a notamment déclaré Akhannouch, tout en faisant allusion au blocage qui avait marqué la formation du gouvernement entre 2016 et 2017, et dont il était l’un des protagonistes.

Nous avons réussi à gérer des moments constitutionnels marquants qui nécessitaient du temps, de gros efforts et des débats parfois infructueux pendant des mois”, a estimé de chef de gouvernement.

Légitimité partisane

De son côté, Abdellatif Ouahbi du PAM continue de se féliciter des résultats obtenus par le trio le 8 septembre dernier. “Ce n’était pas un cadeau offert, et nous n’avons ôté à personne sa légitimité”, a-t-il notamment lancé.

Abdellatif Ouahbi, Aziz Akhannouch et Nizar Baraka le 21 septembre au siège du RNI à Rabat.Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Dans une réponse implicite au chef de l’USFP Driss Lachgar qui observe une “prédominance” du trio dans tous les conseils élus du pays, Ouahbi poursuit : “Nous ne sommes pas seuls à représenter une force réformiste dans ce pays, et nous ne prétendons pas détenir la vérité absolue.”

“Une unité gouvernementale harmonieuse sans précédent dans l’histoire des gouvernements marocains”

Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice

Le ministre de la Justice et maire de Taroudant exclut de la charte de la majorité toute référence partisane. “Au contraire, nous adhérerons à des valeurs nationales et nous éloignerons de tout ce qui pourrait causer une perte supplémentaire de temps politique dans notre pays”, a-t-il promis. Ce sera “une unité gouvernementale harmonieuse sans précédent dans l’histoire des gouvernements marocains”, d’après lui.

Nizar Baraka a pour sa part révélé que la charte en question “était prête avant l’approbation du programme gouvernemental”, soit avant début octobre. Sa signature protocolaire aujourd’hui “constitue une phase essentielle pour développer l’intelligence sociale des composantes de la majorité afin de stimuler la forte volonté de changement”, a estimé le patron de l’Istiqlal. Dans son discours, Baraka a notamment appelé à “écouter la société” et à “répondre à la volonté populaire”.

Notons que plusieurs ministres, députés et dirigeants des trois partis étaient présents à cette cérémonie de signature. Les présidents des deux chambres du Parlement, Rachid Talbi Alami (RNI) et Naâm Miyara (Istiqlal), étaient parmi les convives.