Omar Raddad : vers l'épilogue de l'une des plus célèbres affaires judiciaires en France ?

Le dossier d’Omar Raddad, ce jardinier marocain condamné, puis gracié sans jamais être innocenté, pour le meurtre en 1991 de sa patronne Ghislaine Marchal, sera réexaminé à partir de jeudi, lors d’une audience devant la Cour de cassation de Paris.

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Cette photo d'archives prise le 1er décembre 2008 montre Omar Raddad posant devant le ministère de la Justice à Paris. Crédit: MEHDI FEDOUACH / AFP

Condamné en 1994 à 18 ans de réclusion, sans possibilité de faire appel à l’époque, Omar Raddad avait au total passé plus de sept ans en prison.

Le jardinier marocain, qui n’a jamais cessé de clamer son innocence, avait bénéficié d’une grâce partielle du président Jacques Chirac et d’une libération conditionnelle en 1998, sans pour autant être innocenté ou voir sa condamnation annulée.

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Mais de nouveaux éléments, révélés par le journal Le Monde, sont venus relancer l’affaire, poussant la défense d’Omar Raddad, à déposer une nouvelle requête pour la révision de son procès.

Un rapport établi en 2019 par un expert privé, auquel a eu accès le journal français, a conclu à la présence d’une trentaine de traces d’un ADN complet masculin n’appartenant pas au jardinier et trouvées dans l’une des fameuses inscriptions faites avec le sang de la victime, qui désignaient Omar Raddad comme le meurtrier.

Dans son rapport, Laurent Breniaux a analysé 35 traces d’un des ADN présent dans la fameuse inscription « Omar m’a tuer ». L’expert favorise l’hypothèse d’un dépôt d’empreintes au moment des faits, et non d’une « pollution » ultérieure par les enquêteurs.

En d’autres termes, ces traces génétiques auraient pu être déposées par l’auteur de l’inscription, qui ne serait alors pas Mme Marchal mais potentiellement le véritable meurtrier, estime la défense d’Omar Raddad.

En 1999, une première requête en révision avait débouché sur des expertises graphologiques, qui concluaient à l’impossibilité d’attribuer l’inscription à Mme Marchal, et sur la mise en évidence de deux ADN masculins non-identifiés.

Mais le 20 novembre 2002, la Cour de révision avait rejeté la demande d’un nouveau procès, estimant qu’« il est impossible de déterminer à quel moment, antérieur, concomitant ou postérieur au meurtre, ces traces ont été laissées« .

S’appuyant sur le rapport révélé par Le Monde, la défense du jardinier marocain a déposé, en juin dernier, au palais de justice de Paris, une demande de révision du procès, une procédure très exceptionnelle en France.

En fonction de ces nouveaux éléments, la commission d’instruction de la Cour de révision pourrait demander de nouvelles précisions.

Une nouvelle audience pourrait alors se tenir et aboutir à une décision, selon les médias locaux, qui évoquent plusieurs possibilités : la justice pourrait rejeter la demande, comme elle l’avait fait en 2002, tout comme elle pourrait relancer l’instruction et ouvrir un procès en révision.

Selon Le Point, Omar Raddad, aujourd’hui âgé de 59 ans, sera présent jeudi lors de cet ultime recours. Il sera accompagné de son avocate, Me Sylvie Noachovitch, de l’ancien magistrat et député Georges Fenech, qui avait fait voter en 2014 un texte qui a assoupli les conditions de révision d’un procès criminel, et de l’écrivain et académicien français Jean-Marie Rouart, auteur d’Omar Raddad : la construction d’un coupable, publié en 1994 aux éditions De Fallois.

(avec MAP)