Dans la bibliothèque de... Alaa Eddine Aljem

Le jeune réalisateur, dont le premier long-métrage, “Le Miracle du Saint Inconnu”, poursuit son épopée à travers salles et festivals, partage avec les lecteurs de TelQuel ses quatre livres coup de cœur.

Par

1. L’assassin qui rêvait d’une place au paradis, de Jonas Jonasson

“C’est l’histoire d’un réceptionniste qui héberge un meurtrier. Per Persson, le réceptionniste, va rencontrer une femme prêtre qui ne croit pas en Dieu. Ensemble, il vont monter une affaire illégale, qui sera florissante, jusqu’au jour où le meurtrier devient croyant.

J’adore l’écriture de Jonas Jonasson, écrivain suédois : son ton absurde, drôle, mais cru par moment. Ce roman déborde d’inventivité, de personnages hauts en couleur, sincères, marginaux, tout en étant réaliste. Il a cet humour nordique, froid, cynique et plein d’observations sociales, qui parle particulièrement.”

L’assassin qui rêvait d’une place au paradis, de Jonas Jonasson, éd. Les Presses de la Cité, 2016 (traduction française).

2. L’art de perdre, d’Alice Zeniter

“Dans le cadre d’un projet d’exposition, Naima, la protagoniste, travaille sur un peintre d’origine algérienne. Comme son père à elle. C’est ainsi qu’elle va replonger dans l’histoire de l’Algérie, un pays qu’elle n’a jamais vraiment connu, ainsi que celle de sa famille, dont la fresque va se dessiner page après page.

L’art de perdre est un récit très puissant sur les non-dits de la guerre d’Algérie, dans lequel un lecteur est très vite pris d’empathie pour le destin de cette famille. C’est à la fois une quête d’identité et de réconciliation, mais aussi un voyage dans l’histoire commune de l’Algérie et de la France. Ce roman est lauréat du Goncourt des Lycéens 2017.”

L’art de perdre, d’Alice Zeniter, éd. Flammarion, 2017.

3. Vernon Subutex, de Virginie Despentes

“Il s’agit d’un véritable roman noir, aux allures d’un feuilleton social. Le personnage principal, qui porte le titre du livre, est un disquaire parisien qui fait faillite. Il est contraint de survivre à travers des aides sociales, la solidarité de son entourage, notamment des amis de jeunesse.

C’est à partir de là qu’une vraie panoplie de personnages va être présentée. On retrouve dans ce roman un côté nostalgique qui transporte dans les années 1990, et de ce qu’il en reste, notamment la culture rock. La galerie de personnages que Virginie Despentes y dresse est à la fois fun et touchante.

Ces personnages, on les comprend, on se retrouve à faire des liens entre eux et les gens qui peuplent notre entourage. C’est aussi une chronique urbaine, un voyage et une fresque sociale d’une efficacité redoutable.”

Vernon Subutex, de Virginie Despentes, éd. Grasset, 2015.

4. Le Pain nu, de Mohamed Choukri

“C’est un incontournable, il est impossible que ce roman ne figure pas dans ma sélection. Le Pain nu est une œuvre majeure de la littérature marocaine, et même de la littérature maghrébine. C’est à la fois fort, rude, tranchant, mais aussi très sensible.

L’histoire est connue, c’est celle de son auteur, la vie de Mohamed Choukri. Il parle ouvertement et sincèrement, aborde ce qui était tabou hier, et qui l’est encore aujourd’hui peut-être, dans une moindre mesure.”

Le Pain nu, de Mohamed Choukri, éd. Point, 2013.