Mohamed Laroussi a su trouver des accents bien à lui pour parler de celle qu’à juste titre il idolâtre. La mère est le pilier central. A côté du père, une autre légende ! Marié à plusieurs femmes mais non polygame, homme pieux, Haj est un mythe vivant.”
Voilà, tout est dit. Merci à Kebir Mustapha Ammi, qui a signé une préface élogieuse à ce livre de Mohamed Laroussi. Dans le difficile exercice pour celui qui s’y exerce de raconter les siens, l’auteur se prête à l’épreuve, mais on sent une certaine gêne, sinon une humilité qui l’honore, à étaler la vie de sa famille à la merci de ses lecteurs.
“Les portraits sont peints à hauteur d’homme”, sans aucune condescendance, sans aucune élévation, les yeux dans les yeux pour ceux qui sont encore vivants, et la mémoire bien affûtée qui convoque la mémoire des absents.
«Dar Mima»
230 DH
Ou
Ce père qu’il idolâtre, toujours présent et en même temps si absent par la grâce d’un “pouvoir qui avait toutes les apparences de l’absolutisme”, l’auteur avoue avec beaucoup de regrets son impuissance à accepter ce père tel qu’il était, comme pour rattraper le temps perdu à entrer en conflit avec l’autorité paternelle, alors qu’“il en avait toute la légitimité”.
“Mes rapports avec mon père n’ont pas toujours été très bons. Il nous a fallu passer par de nombreux conflits et moults séparations pour que, plusieurs années plus tard, nos relations deviennent enfin plus apaisées, me permettent de m’approcher de lui, et de m’intéresser à lui au point qu’il était devenu assez rapidement mon principal centre d’intérêt, voire l’unique”, reconnaît Mohamed Laroussi.
Vraiment ? Oui, parce qu’avec la mère tout était plus fluide, “les relations étaient plus calmes, plus sereines et plus tendres”, au point qu’il n’y avait plus rien à découvrir de ce côté-là, les deux parties se connaissant parfaitement pour vivre “un amour très grand, intense, infini”.
Une maison surpeuplée
Dès le départ, on pense que le livre ne va tourner qu’autour du papa, ce patriarche à l’ancienne qui prend soin de son clan à sa façon, sans montrer trop d’amour même s’il en déborde, mais qui risque d’être interprété comme un fléchissement de son autorité. D’où le legs immense qu’il laisse aux bons soins des frêles épaules de la maman.
D’où le titre “Dar Mima”, cette maison qu’elle va gérer pendant des décennies à la force du cœur, dont elle est devenue la patronne en l’absence du patriarche. Et on comprend l’insistance de l’auteur sur son rôle central dans l’histoire de cette famille nombreuse, comme tant d’autres familles.
“C’était une épreuve très longue et très éprouvante que nous avions vécue avec elle et à ses côtés, mais finalement, par chance ou par je ne sais quelle autre mystérieuse raison, elle avait réussi à garder sa maison, sa grande maison qui avait été dirigée par son défunt mari, de main de maître pendant plusieurs décennies, d’une manière presque aussi stable, presque aussi prospère, et même presque aussi ouverte qu’il l’avait laissée à son départ définitivement de ce monde”, quel plus bel hommage peut-on faire à une maman, comme le fait son fils, l’auteur de cette œuvre ?
Mohamed Laroussi a beaucoup voyagé à l’intérieur du Maroc, avant de s’installer à Casablanca. Au gré des pérégrinations d’un père fonctionnaire, il a dû suivre le même chemin, jusqu’à ce que l’obligation de poursuivre ses études ailleurs le rattrape. Passé par la radio, le journalisme où il a été chroniqueur dans plusieurs supports, publicitaire connu et reconnu, il a décidé de se consacrer à sa passion de toujours : l’écriture. Au point qu’il est en train d’étoffer sa bibliographie avec déjà deux essais, un roman et cette chronique d’une famille marocaine qui ressemble à tant d’autres, mais qui est décrite de l’intérieur.
Dar Mima, de Mohamed Laroussi, éditions Onze (2021).
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