Le camp est installé sur un plateau à flanc de montagne (…) des massifs de lauriers roses, couverts de fleurs, nous accueillent à l’entrée. Au centre, des tentes dont les flancs relevés laissent voir l’impeccable ordonnancement. Un mât se dresse vers le ciel. Le drapeau chérifien claque au vent.” Cette description bucolique est celle du chantier de la Route nationale 509, plus connue sous le nom de Tariq Al Wahda ou Route de l’Unité. Un projet porté par Mehdi Ben Barka juste après le protectorat, pour cimenter une nation nouvellement indépendante.
Aujourd’hui délaissé, ce tronçon du réseau routier national, reliant Taounate à Ketama, symbolise l’état d’enclavement dans lequel se trouve actuellement la région du Rif, à l’origine des manifestations du Hirak. Cette route est d’ailleurs surnommée avec ironie “la solitude” par les habitants de la région.
Son instigateur, Ben Barka, n’a quant à lui pas été cité par un reportage de 2M sur l’exposition qui se tient actuellement aux Archives du Maroc, consacrée à la Route de l’Unité. Soixante petits kilomètres du réseau routier marocain actuel, mais un chantier immense dans l’esprit, à l’époque, car il a été pensé comme une pierre angulaire dans la construction d’une nation libérée du colonialisme.