Washington prend une série de sanctions contre la Biélorussie

Les États-Unis vont dévoiler lundi une volée de sanctions contre des personnalités, entreprises et entités de la Biélorussie, faisant monter la pression sur le régime autoritaire d’Alexandre Loukachenko, a fait savoir à l’AFP un haut responsable de la Maison Blanche.

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Vladimir Poutine et le président bélarusse Alexandre Loukachenko. Crédit: Maxim Malinovsky / AFP

Un an après l’élection qu’il juge “frauduleuse” du président de la Biélorussie, Joe Biden va signer un décret qui durcit le régime de sanctions américaines en vigueur depuis 2006, en l’élargissant à plusieurs secteurs clés de l’économie de ce pays frontalier de la Russie, selon cette même source.

L’annonce américaine intervient peu après la conférence de presse annuelle du président bélarusse, qui a proclamé une fois de plus sa victoire lors d’un scrutin “totalement transparent” face à une opposition qui préparait un “coup d’État”.

Mettant directement en application ce nouveau décret présidentiel, le département du Trésor américain va, d’après le haut responsable, prendre ses “plus importantes sanctions à ce jour” contre des entreprises, personnalités et entités du Bélarus.

Le Comité national olympique sanctionné

Parmi elles, le Comité national olympique du Bélarus. L’institution est visée peu après que la sprinteuse Krystsina Tsimanouskaya a dit avoir été victime d’une tentative de rapatriement forcé des Jeux olympiques de Tokyo, pour avoir critiqué des responsables sportifs de son pays. La jeune femme, qui dit craindre la prison, est désormais en Pologne, voisine du Bélarus et fervent soutien de l’opposition exilée.

L’athlète bélarusse Krystsina Tsimanouskaya en conférence de presse le 5 août, au lendemain de son arrivée en Pologne.Crédit: Wojtek Radwanski / AFP

En plus de ce scandale qui illustre “l’incapacité (de cette institution) à protéger les athlètes de la répression politique”, les États-Unis accusent le Comité olympique bélarusse de “faciliter le blanchiment d’argent”. Washington va également sanctionner l’entreprise publique Balruskali OAO, l’un des plus gros producteurs d’engrais à base de potasse du monde, “source d’enrichissement illégal du régime”, selon la même source.

Seront aussi visés “des responsables économiques de premier plan soutenant le régime”, ainsi que quinze entreprises avec lesquelles ces personnes sont liées, dont la banque privée Absolutbank, et enfin des “entités” actives dans l’industrie du tabac, dans le BTP, l’énergie et les transports.

Ces sanctions sont la conséquence de “l’offensive continue contre les aspirations démocratiques et les droits du peuple du Bélarus”, mais aussi des “violations des règles internationales” et de la “corruption” du régime, a indiqué le haut responsable américain.

Protégé de Poutine

Les États-Unis appellent Alexandre Loukachenko, entre autres, à “libérer immédiatement tous les prisonniers politiques” et à engager un “dialogue” avec l’opposition en vue d’organiser une élection présidentielle libre, faute de quoi, indique la source, “l’administration américaine continuera à faire usage” de son pouvoir de sanctions.

Ces sanctions américaines interviennent par ailleurs dans un moment de grande tension entre les États-Unis et la Russie de Vladimir Poutine, principal allié du président bélarusse. Joe Biden avait reçu le 28 juillet à la Maison Blanche l’opposante bélarusse en exil Svetlana Tikhanovskaïa, une marque appuyée de soutien à celle qui affirme avoir remporté la présidentielle de 2020.

Le président du Bélarus exerce depuis cette élection une répression qui va crescendo contre toute forme d’opposition politique et de critique émanant de la société civile. La semaine écoulée a par exemple été marquée par l’ouverture du procès d’une des grandes figures de la contestation en 2020, Maria Kolesnikova, et par la mort suspecte du militant Vitali Chychov, retrouvé pendu en Ukraine.

Le président bélarusse a démenti lundi toute implication dans ce décès, en lançant lors de sa conférence de presse annuelle : “Chychov, mais c’est qui pour moi ou pour le Bélarus ? (…) c’est personne pour nous, qui serait allé le pendre ?” Il s’en est aussi pris à la sprinteuse Krystsina Tsimanouskaya : “Elle n’aurait jamais fait ça (critiquer les entraîneurs bélarusses, ndlr) seule, elle a été téléguidée par ses potes polonais”, a-t-il dit.

Ces affaires viennent après des mois d’arrestations massives, exils forcés d’opposants et liquidation de nombre d’ONG et médias indépendants. Le régime bélarusse est aussi accusé d’avoir détourné en mai un vol commercial en prétextant une alerte à la bombe, afin d’arrêter le dissident et journaliste Roman Protassevitch qui se trouvait à bord.