Cas de Covid chez les personnes vaccinées, hausse des contaminations… Le point sur la situation épidémiologique

Avec plus de 5000 nouveaux cas de coronavirus enregistrés le 24 juillet, l’épidémie est en reprise dans le royaume.

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Fadel Senna / AFP

En atteignant 5494 nouveaux cas samedi 24 juillet, le Maroc se rapproche du niveau atteint en novembre dernier. Lundi 26 juillet, le nombre de nouveaux cas est descendu à 2205, mais depuis le début de la pandémie, les nouvelles contaminations annoncées le lundi sont toujours plus basses que les autres jours de la semaine puisqu’il y a moins de tests effectués le week-end.

Une tendance haussière soudaine

Si le ministère de la Santé a annoncé une hausse des cas durant les deux premières quinzaines du mois de juillet, la tendance à la hausse est plus ancienne. “Le 21 juin, on avait 86 cas quotidiens. Le 21 juillet, on en a 4000, alerte le professeur Jaafar Heikel. En un mois, la tendance a complètement changé.” Au 21 juin, le taux de positivé des tests était de 1,5 %, soit une à deux personnes sur 100 testées positives au Covid. “Aujourd’hui, c’est une personne sur cinq”, avertit l’épidémiologiste.

Les dernières données montrent une concentration des cas dans la région de Casablanca-Settat, où environ 20 % de la population nationale est concentrée. “Entre 40 et 45 % des nouveaux cas sont de cette région”, affirme Jaafar Heikel.

Une situation expliquée selon les experts par le relâchement des mesures barrières, la circulation du variant Delta qui se transmet plus rapidement et la réouverture des frontières. “Face à ces trois facteurs, la vaccination a du mal à s’imposer”, regrette le professeur.

Si le gouvernement a tenté de limiter les déplacements, l'Aïd a favorisé le brassage de la population. “On a le même schéma que l’été dernier après la période de l’Aïd”, explique Jamal Hafid, président de la Société marocaine d’immunologie.

Des cas parmi les vaccinés

De nombreuses personnes ont témoigné avoir contracté le coronavirus malgré le vaccin. Au premier abord, ces déclarations surprenantes ont poussé une partie de la population à mettre en doute l’efficacité des vaccins. Mais les spécialistes sont unanimes : l’efficacité des vaccins n’est pas de 100 %.

Si l’efficacité d’un vaccin est supérieure à 70, 80 ou 90 %, la part des vaccinés parmi les nouvelles contaminations enregistrées dépend de la taille des groupes de personnes vaccinées et non-vaccinées dans la population. “Les non-vaccinés transmettent le virus aux personnes vaccinées”, précise Jaafar Heikel.

“Quoiqu’on dise, le vaccin diminue drastiquement le nombre de morts et permet d’avoir un Covid plus léger”

Jaafar Heikel, épidémiologiste

Le chercheur s’est intéressé à ces cas particuliers. “L’étude montre que 15 % des personnes vaccinées ont été infectés par le Covid”, rapporte l’épidémiologiste. Parmi ces personnes (vaccinées en priorité au début de la campagne vaccinale), 43 % sont atteintes de maladies chroniques et 52 % sont obèses. Ce sont donc des personnes susceptibles d’avoir des cas plus sévères de la maladie.

Quoiqu’on dise, le vaccin diminue drastiquement le nombre de morts et permet d’avoir un Covid plus léger”, assure Jamal Hafid. Alors que le nombre de contaminations est en hausse, le taux de létalité s’est stabilisé à 1,7 %. Signe que la vaccination limite la gravité de la maladie, d’après les experts.

Alpha et Delta

Le 3 mai, le ministère de la Santé annonçait avoir détecté trois cas de variant Delta (indien) à Casablanca. Comme pour le variant Alpha (britannique), les autorités ne communiquent plus les résultats du séquençage génomique. Depuis, les chiffres n’ont pas été réactualisés et le nombre de cas de variant Delta n’est pas connu.

“60 % des contaminations sont relatives à la propagation rapide du variant Delta”, selon un membre du Comité national scientifique et technique.Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

La question est pourquoi le ministère de la Santé ne publie pas les données”, regrette l’épidémiologiste. Selon lui, de nombreux clusters familiaux et communautaires ont été détectés, mais il est impossible de savoir si les contaminations sont dues au variant Delta ou au variant Alpha.

Mi-juillet, un membre du Comité national scientifique et technique expliquait les causes du rebond de l’épidémie, déclarant à TelQuel que “60 % des contaminations sont relatives à la propagation rapide du variant Delta”.

Les médecins restent unanimes : il faut veiller au respect des mesures barrières et encourager la vaccination. L’arrivée prochaine du vaccin unidose Johnson & Johnson pourrait accélérer l’immunité collective. Avec le rythme actuel, elle devrait être atteinte à la fin de l’année, selon les experts.

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