La référence américaine, le WTI pour livraison en août, a dépassé 76,90 dollars pour la première fois depuis novembre 2014, pour monter jusqu’à 76,98 dollars. Vers 9h40 GMT (10h40 au Maroc), il grimpait de 1,56% par rapport à la clôture de lundi, à 76,33 dollars. “L’absence d’accord sur l’augmentation de la production en août et au-delà laisse le marché encore plus déficitaire qu’auparavant”, explique Neil Wilson, de Markets.com.
Echec des négociations
Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés via l’accord Opep+ ont en effet annulé leur réunion de lundi sans se donner de nouveau rendez-vous, sur fond de désaccord entre les Emirats arabes unis et le reste du groupe. Abou Dhabi demande à ce que son volume de production de référence, arrêté comme les autres à la date d’octobre 2018, reflète davantage sa pleine capacité de production, de 600.000 barils quotidiens plus élevée.
Cette divergence avait déjà fait capoter le premier cycle de réunions du cartel jeudi dernier, puis de nouveau le lendemain, au sein d’un groupe davantage habitué aux prises de bec entre Moscou et Ryad.
Cet échec des négociations, s’il n’est pas résolu, pourrait aboutir à une reconduction en août, voire au-delà, des quotas de production s’appliquant en juillet et non l’augmentation de la production de 400.000 barils un temps envisagée. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre le ministre saoudien et chef de file du cartel Abdelaziz ben Salmane, interrogé dimanche par Bloomberg TV.
A la question sur une possible augmentation de la production en août sans la participation des Emirats si ceux-ci venaient à faire bande à part, le ministre saoudien a répondu : “nous ne pouvons pas”. “C’est un accord, il se fait par consensus”, a-t-il continué.
Demande accrue en “or noir”
Or les économies qui repartent à mesure que les campagnes de vaccination contre le Covid-19 progressent et que les mesures de restrictions de déplacement des biens et des personnes sont levées ont besoin de davantage d’or noir.
“À court terme, il y aura moins de pétrole sur le marché”, reprend Neil Wilson mais “si l’accord venait à être rompu, les producteurs pourraient être tentés de pomper beaucoup plus”, de quoi refroidir les ardeurs actuelles des investisseurs. De plus, “il existe un risque que le respect des quotas de production actuels diminue, et que les Émirats arabes unis finissent par quitter l’Opep et pomper en quantité”, ajoute-t-il.
Produire plus et surtout exporter plus est en effet tentant pour les finances de chacun. Les investisseurs “ne doivent jamais oublier les conséquences des précédentes guerres de l’offre de pétrole et le pouvoir dont dispose l’Arabie saoudite en termes d’augmentation de sa production de pétrole”, prévient de son côté Naeem Aslam, d’Avatrade.
L’analyste fait notamment référence au sommet Opep+ de mars 2020 lorsque les deux poids lourds de l’alliance, la Russie et l’Arabie saoudite, s’étaient quittés dos à dos. S’en était suivie une guerre fratricide des prix.
Equation complexe
L’Opep+ fait de surcroît face à une équation complexe, entre une reprise bien réelle de la demande mais qui reste fragile, un retour probable à moyen terme des exportations iraniennes et le mécontentement de certains gros importateurs comme l’Inde devant les prix élevés.
La référence européenne, le baril de Brent de la mer du nord pour livraison en septembre, profitait également de la situation : elle s’appréciait vers 9H40 GMT de 0,21% par rapport à la veille, à 77,32 dollars, après avoir touché un nouveau plus haut depuis octobre 2018, à 77,84 dollars.