À la fin des années 1960, le ministre et académicien Alain Peyrefitte a publié un livre, devenu célèbre, au titre ô combien parlant, Quand la Chine s’éveillera le monde tremblera. Ce visionnaire aurait emprunté son expression à Napoléon. La Chine s’est éveillée. Le monde a admiré son émergence, mais n’en a pas tremblé pour autant. Parce qu’il a tiré profit de son ascension”.
C’est ainsi que Fathallah Oualalou rappelle, dans l’introduction de son livre, La Chine et nous, répondre au second dépassement, comment l’Empire du Milieu est revenu de loin. Après avoir été la proie des puissances coloniales, le Japon et la Grande-Bretagne en tête, qui ont exploité ses richesses.
Le grand réveil
Au cours des années où cette prévision a été lancée, c’est-à-dire “au cours des années 1960 et 1970, la Chine était loin, très loin, de nous”, affirme d’emblée l’auteur. Mais “à la disparition de Mao Zedong (1976), la Chine s’est réveillée et s’est lancée dans un grand mouvement de réformes économiques et d’ouverture sur le monde. La motivation du développement économique et du rattrapage des économies développées est devenue le moteur essentiel des politiques publiques du pays”.
«La Chine et nous: répondre au second dépassement»
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Aujourd’hui, elle est la deuxième puissance économique mondiale, après avoir doublé son PIB entre 2010 et 2020, pour atteindre 14 300 milliards de dollars. Cet exploit, la Chine le doit à un visionnaire, Deng Xiao Ping, pourtant membre de la première génération des révolutionnaires chinois dirigés par Mao Zedong, qui a fait table rase de l’idéologie communiste pour ouvrir son pays au monde, sans enterrer l’idéal communiste, dont le porte-drapeau, le Parti communiste chinois, est toujours aux commandes.
Veillant au grain, il dirige une économie de marché ouverte sur le monde. Ce qui peut paraître contradictoire, voire paradoxal, mais les Chinois s’en accomodent bien, eux qui voient leur niveau de vie s’améliorer de jour en jour.
“La production industrielle chinoise a dépassé, sur le plan quantitatif, celle des Etats-Unis en 2008”
Fathallah Oualalou ne se contente pas d’analyser, il donne des chiffres à l’appui de ses analyses. Selon lui, “en 1980, l’écart entre le PIB chinois et le PIB américain était de 1 à 14. Il n’est plus que de 1 à 4” en 2020.
Autre donnée impressionnante, “la production industrielle chinoise a dépassé, sur le plan quantitatif, celle des Etats-Unis en 2008”. Comme si l’Empire du Milieu cherchait à rattraper le temps perdu, tellement son évolution est fulgurante.
Disposant d’un droit de véto au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, plateforme industrielle indispensable pour les grands groupes et les pays développés, grand pourvoyeur de fonds et d’Investissements directs étrangers, l’Empire du Milieu dialogue d’égal à égal avec les autres puissances.
Il les a même devancées en influence dans beaucoup de pays, où il est désormais le premier investisseur, notamment en Afrique.
Troisième partenaire commercial du Maroc
“La Chine est devenue l’atelier du monde. En 2011, les exportations chinoises ont dépassé celles des Etats-Unis, à la fois en volume et en valeur”, peu d’industriels dans le monde peuvent aujourd’hui se permettre d’ignorer la Chine.
Rien que pour l’automobile, par exemple, elle est devenue le premier marché mondial. Selon Oualalou, et c’est une affirmation qui interpelle, tellement personne ne s’y attendait il y a encore deux ou trois décennies, “l’événement économique chinois du début des années 1980 à 2015 est certainement le phénomène historique le plus important qui a accompagné l’avènement du troisième millénaire”.
De son fauteuil de ministre, il avait le privilège d’avoir accès à des données analytiques
Après avoir été professeur d’université et ministre pendant de longues années, Fathallah Oualalou a pris le temps d’analyser et d’observer le monde, et de comparer.
De son fauteuil de ministre de l’Économie et des Finances, il avait le privilège d’avoir accès à des données analytiques susceptibles de servir le Maroc dans son décollage économique. Aujourd’hui, la Chine est le troisième partenaire commercial du Maroc, derrière l’Espagne et la France. Dans combien de temps sera-t-elle le premier ? Question de temps.
La Chine et nous, répondre au second dépassement, de Fathallah Oualalou, éd. La Croisée des chemins
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