*Cet article est le fruit d’une collaboration entre Diaspora par TelQuel et le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). Il n’a pas été rédigé par la rédaction de Diaspora par TelQuel.
Quand la crise sanitaire a été annoncée en mars 2020, beaucoup ont montré leurs craintes quant à la baisse des transferts de fonds effectués par les Marocains résidant à l’étranger (MRE). Les faits actuels déjouent tous les pronostics, même des plus optimistes. Ces transferts d’argent vers le royaume ont augmenté au cours des quatre premiers mois de l’année 2021, atteignant 28,8 milliards de dirhams (contre 19,84 milliards durant la même période un an auparavant). Il s’agit là d’une augmentation de plus de 45% par rapport à fin avril 2020, selon l’Office des changes. Une croissance phénoménale qui dépasse le bond déjà salutaire d’envois de fonds des MRE en 2020, de l’ordre de 5%, par rapport à 2019 (68 milliards de dirhams en 2020 contre 64,7 milliards en 2019).
Résilience à toute épreuve
Les chiffres sont là et ils sont très éloquents. Pour expliquer cette embellie, Souad Talsi, fondatrice du Centre Al-Hassaniya pour les femmes marocaines — la seule et la plus ancienne association au profit des migrantes marocaines au Royaume-Uni, reconnue par l’ONU —, nous déclare qu’“il y avait une crainte de la part des MRE au début de la crise du Covid. Mais il y avait également et surtout une solidarité sans faille de la part de notre communauté vis-à-vis de nos proches au Maroc. Cette solidarité, on la voit, en effet, dans la hausse des transferts de fonds. Il y a une résilience, sans conteste, de la part des Marocains du monde”. Autrement dit, malgré le contexte sanitaire difficile, les Marocains résidents à l’étranger se sont mobilisés pour maintenir les envois de fonds.
Selon cette militante associative, première migrante marocaine à être décorée par la Reine Elizabeth et à recevoir le prestigieux titre de MBE (Member of the British Empire) en 2011, les Marocains du monde se sont mobilisés pendant cette période du Covid pour soutenir leurs proches au Maroc. “Les MRE font la queue quasiment tous les jours devant les agences de banques marocaines pour envoyer les fonds. C’est à la fois une résilience et un défi face à cette pandémie. Et quand le Maroc ouvrira ses frontières, nombreux seront les MRE qui rentreront très rapidement au Maroc”, estime-t-elle.
Nouveaux défis
Souad Talsi, également membre du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), souligne à ce titre que les MRE retraités, n’ayant accès à aucun système de couverture maladie au Maroc et qui étaient jusque-là obligés de faire constamment des allers-retours entre le pays d’origine et celui d’accueil, ont dû se résigner à rester dans leur pays de résidence à cause de la crise du Covid, ce qui a été très difficile à vivre pour cette tranche de la population des Marocains du monde.
La diaspora a dû également faire face à d’autres problématiques, conséquences de la crise sanitaire. On compte notamment, explique Souad Talsi, les violences conjugales faites aux femmes exacerbées par le confinement, une santé mentale davantage fragilisée, essentiellement pour les personnes souffrant de maladies mentales, et les disparités de la qualité et des conditions d’accès des enfants à l’enseignement à distance selon le milieu familial.