La “Super League” européenne provoque un séisme dans le monde du football

Douze grands clubs de football européens ont officialisé ce 19 avril le lancement d’une “Super League” européenne, une compétition privée venue supplanter celles organisées par l’UEFA.

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Le Real Madrid a annoncé que son président, Florentino Pérez (au centre), a été désigné président de la Super League. Crédit: Gabriel Bouys / AFP

L’enjeu des rencontres de fin de semaine des différents championnats européens a été éclipsé par l’annonce, par douze grands clubs, de la création d’une compétition privée, nommée la Super League.

D’abord publiée par le quotidien américain le New York Times, l’information a provoqué un coup de tonnerre dans la planète foot, avant d’être confirmée dans la foulée par les douze clubs concernés via un communiqué conjoint : le Real Madrid, le FC Barcelone, l’Atlético de Madrid, la Juventus, le Milan AC, l’Inter de Milan, Manchester United, Manchester City, Liverpool, Tottenham, Arsenal et Chelsea ont officialisé leur participation “aussi tôt que possible” à la Super League, obligeant ainsi l’Union européenne des associations de football (UEFA) à sortir de ses gonds.

De fortes menaces

D’autres informations concernant le projet ont été divulguées durant la soirée. Le Real Madrid a annoncé que son président, Florentino Pérez, a été désigné président de la Super League. Andrea Agnelli, président de la Juventus de Turin, a démissionné de son poste de président de l’Association européenne des clubs (ECA) pour suppléer Florentino Pérez dans son nouveau poste.

L’annonce a été faite quelques heures avant la réunion de l’UEFA, qui doit entériner la nouvelle formule de la Ligue des Champions, plus au moins similaire à celle de la Super League. L’instance dirigeante du football européen menace de bannir définitivement les joueurs des clubs qui décideraient de quitter le navire. Ils ne pourraient plus participer à la Ligue des Champions ou à la Ligue Europa, si leurs clubs parviennent à créer leur ligue parallèle, ou même à représenter leurs équipes nationales dans les compétitions FIFA.

La FIFA a réagi ce 19 avril en appelant les différentes parties prenantes au calme et au dialogue, pour le bien du football européen et mondial

Cela semble beaucoup plus compliqué sur le plan juridique. Les clubs “frondeurs” auraient déjà avisé l’UEFA et la fédération internationale d’une procédure judiciaire pour garantir la viabilité de la Super League. Le Tribunal arbitral du sport (TAS), basé à Lausanne, devrait être décisif dans ce dossier.

La FIFA a également réagi ce 19 avril en appelant les différentes parties prenantes au calme et au dialogue, pour le bien du football européen et mondial. Côté politiques, Emmanuel Macron a rapidement réagi.  » Le président de la République salue la position des clubs français de refuser de participer à un projet de Super Ligue européenne de football menaçant le principe de solidarité et le mérite sportif » a indiqué L’Élysée au quotidien sportif français L’Équipe. Pour le Premier ministre britannique Boris Johnson, ce projet serait très dommageable pour le football : «cela frapperait en plein cœur notre football national et susciterait l’inquiétude des fans à travers le pays», a-t-il tweeté.

JP Morgan au sifflet

Selon le communiqué des douze clubs, le projet vise à “générer des ressources supplémentaires pour toute la pyramide du football”. “En contrepartie de leur engagement, les clubs fondateurs recevront un versement en une fois de l’ordre de 3,5 milliards d’euros destinés uniquement à des investissements en infrastructures et compenser l’impact de la crise du Covid-19”, poursuit le communiqué.

Si ce chiffre est confirmé, il suppose des revenus bien supérieurs à ceux obtenus par l’UEFA pour l’ensemble de ses compétitions de clubs (Ligue des champions, Ligue Europa et Supercoupe d’Europe), qui avaient généré 3,2 milliards d’euros de recettes TV en 2018-2019, avant une pandémie qui a fortement plombé le marché européen des droits sportifs, précise de son côté l’Agence France Presse.

Au sifflet derrière ce projet, JP Morgan. La banque d’affaires a en effet confirmé ce 19 avril son intention de financer la Super League. “Je peux confirmer que nous finançons l’opération”, a indiqué à l’AFP un porte-parole à Londres de la banque, sans plus de détails. Le média britannique Sky Sports évoquait déjà cette rumeur en octobre dernier, avec un financement compris entre 3 et 6 milliards de dollars.