Vahid Halilhodžić : “Beaucoup de journalistes ne m’aiment pas. Je ne les aime pas non plus”

Le sélectionneur national Vahid Halilhodžić a tenu une conférence de presse ce 8 avril pour revenir avec les journalistes sur les récentes actualités concernant les Lions de l’Atlas.

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Vahid Halilhodžić, sélectionneur de l'équipe nationale. Crédit: Aicpress

A l’issue des deux derniers matchs de l’équipe nationale contre la Mauritanie (0-0) et le Burundi (1-0), les réactions n’ont pas été tendres avec le sélectionneur national Vahid Halilhodžić, malgré une qualification haut la main. Absence d’identité collective, polémiques sur la présence ou l’absence de certains joueurs, comparaison de la prestation avec celle des autres grandes équipes d’Afrique… autant de critiques qui irritent le sélectionneur national, qui dénonce plusieurs attaques personnelles contre lui et certains membres de son staff. Ce jeudi 8 avril, le coach bosniaque a décidé de faire face aux journalistes et de tirer les choses au clair.

Je ne t’aime pas, moi non plus

Dès l’entame de son intervention, Vahid Halilhodžić est allé droit au but. “Je n’ai pas beaucoup apprécié les déclarations de certains journalistes, je suis même étonné de certaines provocations”, commence le coach national. Et d’enchaîner : “Je sais que beaucoup de journalistes ne m’aiment pas, pas tous. Je veux leur dire que je ne les aime pas non plus.

Vahid Halilhodžić est ensuite revenu sur son passif avec la presse, en dehors du Maroc. Il estime avoir toujours fait l’objet d’acharnements médiatiques injustifiés, même quand il gagnait. “Je suis habitué aux campagnes contre moi pour me faire partir de mon poste. Même quand j’étais au PSG, un quotidien faisait tout pour me faire expulser. À l’époque, ils n’avaient pas accepté qu’un Bosniaque soit à la tête du PSG…

Vahid Halilhodžić rappelle qu’il n’est “pas venu ici pour (se) faire aimer par le public, mais pour travailler”.Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

J’ai même été viré d’une équipe nationale alors que je l’avais qualifiée à la Coupe du monde”, a-t-il ajouté, en référence à sa dernière expérience, au Japon. Il a également cité son passage en Algérie, où il était passé d’indésirable à héros national à l’issue de la Coupe du monde 2014 disputée au Brésil : “J’ai eu des difficultés même chez nos voisins en Algérie, où je faisais l’objet de beaucoup d’attaques personnelles.

Pour lui, la raison de sa présence au Maroc est claire : “Je ne suis pas venu ici pour me faire aimer par le public, mais pour travailler.” Vahid Halilhodžić a finalement tenu à défendre son staff, qui n’est pas à l’abri des attaques des journalistes : “Mon adjoint Mustapha Hadji est une richesse pour le football national. Il restera avec moi jusqu’au dernier jour.

Captation vidéo

Après la contre-attaque, la démonstration. Dans une séance vidéo, Vahid Halilhodžić a essayé de montrer aux journalistes les points forts de son équipe. D’un point de vue tactique, il a insisté sur trois volets qui ont permis, selon ses dires, d’améliorer le rendement du onze national : le changement de rythme, l’accélération et la rapidité de la transmission entre les phases de jeu. “J’ai besoin de joueurs prêts à 100 % physiquement”, a-t-il déclaré.

Il s’est également félicité de l’engagement physique de ses joueurs contre le Burundi. “Nous avons vu une meilleure prestation contre le Burundi, avec plus d’engagement, contrairement au match précédent contre la Mauritanie. Avec le synthétique dur, le vent, la condition du ballon, les joueurs ne pouvaient pas se donner à 100 %, surtout qu’ils font objet de pressions de leurs clubs pour éviter les blessures, explique-t-il. Dans les vidéos, je vous ai montré au moins une vingtaine d’occasions où l’on pouvait facilement marquer contre le Burundi. La prochaine fois, mes joueurs vont travailler pour tout concrétiser.”

Course contre la montre

Sur sa stratégie globale avec l’équipe nationale, Vahid Halilhodžić estime avoir souffert du contexte sanitaire, qui l’a privé de plusieurs stages avec ses joueurs, surtout qu’il dispose d’un effectif assez large : 50 joueurs convoqués, dont 47 ont déjà joué durant ces douze matchs.

“J’ai toutes les conditions pour réussir au Maroc, mais mon plus grand problème est le manque de temps”

Vahid Halilhodžić

Le coach a également mis en avant des chiffres qui valorisent son travail : le Maroc a gagné 9 places FIFA en deux mois, devenant ainsi la cinquième meilleure équipe africaine. “Nous avons également terminé largement premiers à deux journées avant la fin de la phase des groupes, avec la meilleure défense en Afrique.

Pour lui, tous les feux sont au vert, surtout après l’arrivée d’Adam Massina et de Munir El Haddadi, deux atouts pour l’équipe nationale, selon ses termes. “J’ai une exigence de travail énorme envers mes joueurs, j’essaye de gagner chaque match. J’ai toutes les conditions pour réussir au Maroc, mais mon plus grand problème est le manque de temps.”

Coach Vahid a également estimé avoir reconstruit 80 % d’une nouvelle équipe nationale. “Je connais très bien le football marocain, ses qualités et ses faiblesses”, souligne-t-il, avant de se fixer une nouvelle tâche : améliorer la confiance et l’audace de ses joueurs pour pouvoir décrocher des victoires à l’extérieur.

Objectif Qatar 2022

Vahid Halilhodžić estime qu’il entre maintenant dans la phase 2 de son projet avec le Maroc, à savoir la qualification à la Coupe du monde 2022 au Qatar. “Depuis 20 ans, notre plus grand succès est une qualification pour la Coupe du monde. L’objectif est de former une équipe qui va s’y qualifier régulièrement, car nous avons les talents et les conditions pour. Nous avons besoin de travailler sur des petits détails qui font la différence”, explique-t-il. Il reconnaît que la tâche ne sera pas facile dans un groupe composé notamment du Soudan et de la Guinée, deux équipes qualifiées en Coupe d’Afrique.

Le coach bosniaque a d’ailleurs profité de l’occasion pour lancer un message à la FIFA, estimant que l’Afrique mérite plus que les cinq places qui lui sont aujourd’hui octroyées : “Le continent africain mérite une ou deux équipes de plus en Coupe du monde, la qualité du football africain mérite plus que les cinq places, les joueurs africains jouent dans les meilleurs clubs d’Europe.” Et de tempérer ses propos : “Il est très difficile tout de même pour une équipe africaine de gagner une Coupe du monde, car le business ne le permettra pas. Aujourd’hui, c’est l’argent qui dirige.