La campagne de vaccination bat son plein au Maroc. Sont concernées, pour le moment, les personnes âgées de plus de 65 ans, en plus du corps médical, sécuritaire et enseignant. La vaccination des séniors vient cependant avec son lot de questions, notamment celles relatives à l’éligibilité des personnes atteintes de maladies chroniques.
De plus, l’élargissement futur de la population cible aux plus jeunes mettra en avant l’éligibilité à la vaccination des femmes enceintes et des personnes atteintes d’asthme ou d’allergies. TelQuel fait le point.
Pas de contre-indication pour les maladies chroniques
Sur le site web dédié à la campagne de vaccination au Maroc liqahcorona, le ministère de la Santé tente de lever le flou sur certaines questions. Concernant les maladies chroniques telles que le diabète, l’hypertension artérielle, les cardiopathies, les cancers ou le VIH, il n’existe aucune contre-indication, précise le ministère. Bien au contraire, ces personnes sont prioritaires, selon le Dr Tayeb Hamdi. Joint par TelQuel, le médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé nous affirme que la protection de cette catégorie de personnes est le but majeur de toutes les restrictions sanitaires mises en place depuis un an.
Il ajoute que “les personnes qui ne doivent pas se faire vacciner sont bien connues et généralement bien orientées par leurs médecins traitants. On parle là de patients atteints de formes graves de maladies immunitaires, ce sont des cas très rares et bien renseignés. Enfin, les personnes atteintes temporairement de maladies aiguës, telles que la forte fièvre, et celles qui suivent des traitements qui affectent le système immunitaire doivent avoir l’aval de leur médecin et ne pas se faire vacciner dans l’immédiat.”
Absence d’études sur les femmes enceintes et les enfants
Selon la plateforme liqahcorona, les femmes enceintes ou allaitantes ne sont pas éligibles à la vaccination contre le Covid par les deux vaccins dont dispose le Maroc. Si une femme découvre qu’elle est enceinte après avoir commencé un cycle de vaccination, elle doit aller au bout de sa grossesse avant de terminer le programme recommandé, précise le site. Les femmes qui essaient de tomber enceintes n’ont pas besoin d’éviter une grossesse après la vaccination.
Tayeb Hamdi précise pour sa part que “les femmes enceintes et allaitantes doivent éviter de se faire vacciner, pour le moment, car nous ne disposons toujours pas des résultats des études sur cette catégorie de personnes”. Cependant, ajoute notre interlocuteur, “il existe probablement des femmes dans leurs premières semaines de grossesse qui ne le savent pas et qui se font vacciner dans le monde, et on en aura aussi au Maroc. On attendra d’avoir les constatations de leurs cas dans les prochaines semaines”. Enfin, concernant les femmes enceintes obèses ou asthmatiques, “elles peuvent être éligibles à la vaccination, au cas par cas, toujours selon l’appréciation du médecin traitant”.
Sur la question de la vaccination des enfants, Tayeb Hamdi estime qu’en l’absence d’études sur les plus jeunes, il est impossible qu’ils soient concernés par la campagne. “Pour toutes les études scientifiques, on commence toujours par les adultes. Seul Pfizer a inclus les adolescents de plus de 16 ans dans ses recherches. Il est impossible aujourd’hui de parler de vaccination des enfants.” Et d’ajouter : “Le risque de développer la maladie chez les enfants est faible, ils ne sont pas contaminants. La vaccination des enfants se fera en dernier lieu en cas de non-atteinte d’immunité collective. C’est une décision qui doit être prise en fonction des résultats de nouvelles études qui se feront dans les prochains mois.”
La question des allergies divise les pays
Les allergies saisonnières et alimentaires ne représentent pas des contre-indications à la vaccination contre le virus, selon la plateforme liqahcorona. Cependant, les personnes qui ont eu des réactions antérieures graves, comme l’anaphylaxie, à des médicaments ou à des vaccins ne devraient pas recevoir le vaccin, insiste Tayeb Hamdi.
“Encore une fois, il s’agit de personnes conscientes de leur état allergique et qui sont généralement bien suivies par des médecins spécialistes. Quand on parle de l’allergie comme facteur d’inéligibilité au vaccin, on ne parle pas des cas bénins, des allergies alimentaires par exemple. La seule différence pour ces personnes est qu’elles sont surveillées pendant 30 minutes après l’injection, et non pas 15 minutes comme c’est le cas pour les autres”, souligne le spécialiste. Il est à noter qu’une deuxième dose ne doit pas être administrée à toute personne ayant présenté une anaphylaxie après l’administration de la première dose de ce vaccin.
Le chercheur en politiques et systèmes de santé soulève cependant que le protocole destiné aux personnes allergiques diffère d’un pays à un autre et selon le type de vaccin utilisé : “Les États-Unis, par exemple, reposent essentiellement sur le vaccin Pfizer qui est constitué de matières allergènes. Les personnes allergiques ne sont donc logiquement pas très ciblées par la campagne de vaccination, contrairement à la Grande-Bretagne où elles sont incluses dans le public visé.”