Les ventes ont par ailleurs nettement augmenté, de 9 % à 26,6 milliards de dollars sur un an, tirées par les nouveaux médicaments, la forte demande de produits contre des troubles générés par le virus (l’asthme par exemple). Cela malgré la baisse des revenus sur d’autres produits dont la distribution aux patients a été ralentie par la pandémie, notamment en oncologie, à cause de traitements repoussés pour donner la priorité à ceux contre le virus.
Le groupe a également enregistré une hausse de ses coûts, notamment logistiques ou d’équipements, à cause de la pandémie. “Les réussites dans nos médicaments en développement, l’accélération de la performance de notre entreprise et les progrès du vaccin contre le Covid-19 montrent ce que nous pouvons réaliser”, tandis que l’acquisition proposée d’Alexion à 39 milliards de dollars “vise à accélérer notre évolution commerciale et scientifique”, a commenté Pascal Soriot, le directeur général d’AstraZeneca.
AstraZeneca prévoit des ventes en hausse de 1 à 4 % et un bénéfice “qui accélère” l’an prochain, mais souligne que ces prévisions ne prennent pas en compte les ventes de vaccin contre le virus, pour lesquelles le groupe publiera des résultats à part à compter du prochain trimestre. “Les activités hors pandémie continuent à progresser”, remarque Richard Hunter, analyste de la plateforme de courtage en ligne Interactive Investors, étant donné que les ventes et profits tirés du vaccin ne sont pas inclus dans les chiffres publiés jeudi.
AstraZeneca indique aussi avoir initié des essais de phase 3 pour un médicament à base d’anticorps contre le Covid-19.
L’efficacité du vaccin en doute
Le sérum a valu au laboratoire d’être initialement salué par la communauté internationale, qui table sur les vaccins pour tenter de tourner la page de la pandémie, mais des retards de livraison en Europe et des doutes sur l’efficacité pour les plus de 65 ans ont créé la polémique.
Le groupe rappelle avoir reçu en décembre l’autorisation d’urgence pour commencer la distribution de son vaccin au Royaume-Uni, suivi par l’Inde, l’Argentine, le Mexique, le Maroc et l’agence européenne du médicament (EMA). L’EMA a annoncé mercredi avoir demandé à tous les développeurs de vaccins d’évaluer si leur produit est efficace contre les nouvelles mutations du coronavirus.
“Pour une entreprise à l’avant-garde de la lutte contre le Covid-19 la performance de l’action d’AstraZeneca a été médiocre, avec un cours au plus bas depuis dix mois”
L’OMS a de son côté annoncé le même jour que le vaccin anti-Covid d’AstraZeneca pouvait être administré aux plus de 65 ans et dans les pays où circulent des variants, malgré les doutes de plusieurs pays européens notamment la France et l’Allemagne. Malgré les assurances de l’OMS, l’Afrique du Sud s’est aussi dite prête à revendre ou échanger un million de doses du vaccin d’AstraZeneca, écarté au profit de celui de Johnson & Johnson. Pour rassurer, AstraZeneca a dit mercredi s’associer avec l’allemand IDT Biologika afin d’être capable de produire dès le deuxième trimestre davantage de vaccins pour l’Europe.
L’action prenait 1,70 % en début de séance dans un marché londonien en petite hausse. “Pour une entreprise à l’avant-garde de la lutte contre le Covid-19 la performance de l’action d’AstraZeneca a été médiocre, avec un cours au plus bas depuis dix mois”, remarque Michael Hewson, analyste de CMC Markets.
“Beaucoup de cela est dû au fait qu’AstraZeneca et son partenaire l’université d’Oxford produisent le vaccin sans en tirer de bénéfice (…) ce qui n’est pas le cas pour ses concurrents”, d’autant que le groupe a reçu beaucoup de critiques “sur la distribution plus lente que prévue du vaccin dans l’Union européenne”, ajoute-t-il.