En juin 2017, l’Arabie saoudite et ses alliés — les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte — avaient rompu avec le Qatar et lui avaient imposé des sanctions, dont la fermeture de leur espace aérien, empêchant donc tout vol direct. Ces quatre pays accusaient Doha de soutenir des groupes islamistes extrémistes et de connivence avec l’Iran, rival régional de l’Arabie saoudite, ce que le Qatar a toujours nié.
Le premier avion commercial au départ du Qatar et à destination de l’Arabie saoudite en trois ans et demi a décollé de Doha lundi, a constaté une journaliste de l’AFP. L’appareil de la compagnie Qatar Airways est arrivé à Ryad quelques heures plus tard. “Dieu merci, que Dieu garde le roi (saoudien), le prince héritier et les souverains du Golfe. C’est un grand moment et nous remercions Dieu”, a déclaré un passager en larmes, arrivé de Doha et réuni avec sa famille. “Je suis très heureux ! Grâce à Dieu, nous avons été réunis à nouveau”, a déclaré son fils alors que les membres de la famille, qui n’a pas voulu être identifiée, s’étreignaient. De son côté, Saudi Airlines doit assurer lundi une liaison de Ryad à Doha, selon son programme de vols.
La réconciliation et la levée des sanctions sont intervenues lors d’un sommet des six monarchies membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) la semaine dernière
La réconciliation et la levée des sanctions sont intervenues lors d’un sommet des six monarchies membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), dont fait partie le Qatar, réunies la semaine dernière en Arabie saoudite. Les liaisons au départ de la grande ville saoudienne de Jeddah, sur la mer Rouge, devraient débuter à une date ultérieure. Le New York Times avait rapporté que le Qatar payait plus de 100 millions de dollars par an pour utiliser l’espace aérien iranien afin de contourner l’Arabie saoudite pendant la crise.
Pression sur l’Iran
Les États-Unis se sont donc activés pour réconcilier les pays du Golfe, dans le cadre de la stratégie du président américain sortant Donald Trump d’isoler l’Iran et d’accentuer sa campagne de “pression maximale” sur Téhéran. Pendant des années, l’absence de liaisons entre les deux pays a empêché des familles mixtes de se voir, des hommes d’affaires de commercer et des expatriés vivant au Qatar de se rendre directement dans les quatre pays, et notamment de prendre des vacances à Dubaï, émirat populaire pour ses hôtels de luxe et ses bars branchés.
Les Émirats arabes unis ont annoncé la reprise des échanges avec le Qatar tandis que Bahreïn a indiqué que son espace aérien était de nouveau ouvert depuis lundi aux avions du Qatar. Doha et Ryad ont rouvert leur poste-frontière samedi. De nombreux automobilistes sont passés en deux jours par le poste-frontière de Salwa, à 500 kilomètres à l’est de Ryad, après avoir traversé le point de passage terrestre d’Abou Samrah au Qatar.
Les habitants du Qatar ont longtemps injecté des millions de riyals dans l’économie saoudienne, notamment dans les secteurs hôtelier, immobilier ou encore dans l’agriculture. “Venir en Arabie saoudite, c’est comme venir dans notre deuxième pays, il n’y a aucune différence dans les traditions”, affirmait dimanche Mohammed al-Marri, un Qatari venant d’entrer en territoire saoudien.
En deux jours, 167 voitures qataries sont entrées en Arabie saoudite, a déclaré dimanche Ali Lablabi, directeur général du département des douanes de Salwa. Le Qatar a toutefois annoncé des mesures strictes de contrôle sanitaire à cause du nouveau coronavirus pour les personnes arrivant d’Arabie saoudite.