C’est presque deux fois plus qu’en 2000 quand seulement 4 maladies non transmissibles se trouvaient dans le classement des 10 plus mortelles, souligne un rapport de l’agence onusienne couvrant la période 2000-2019. Pour 2020, la pandémie de Covid-19, qui a démarré en Chine il y a un an et a depuis fait plus de 1,5 million de morts recensés officiellement et des centaines de millions de malades, pourrait venir bouleverser le classement.
Mais, le bilan en vies humaines pâlit encore en comparaison de l’hécatombe de près de 9 millions de personnes mortes d’une maladie cardiaque l’année dernière. Elles étaient 7 millions en 2000, et « les maladies cardiaques représentent désormais 16% de toutes les causes de mortalité« , souligne l’OMS, ajoutant que si la situation s’améliore en Europe au sens large (15% de décès en moins sur la période, la région du Pacifique occidental a enregistré à elle seule plus de la moitié des 2 millions de morts supplémentaires.
Le fait que les maladies non transmissibles figurent de manière aussi proéminente sur la liste « met clairement en lumière la nécessité d’intensifier les efforts de prévention et de traitement des maladies cardio-vasculaires, des cancers, des diabètes et des maladies respiratoires chroniques« , explique l’OMS.
Ces chiffres, « soulignent l’urgence de drastiquement améliorer le système de soins primaires de manière équitable et holistique« , a souligné le directeur général de l’organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Un solide système de soins primaires est d’évidence la fondation sur laquelle tout repose, de la lutte contre les maladies non transmissibles à la gestion d’une pandémie« , a-t-il insisté.
Au total, 55,4 millions de personnes sont mortes en 2019, dont 55% liées à l’une des 10 maladies qui ont été les plus meurtrières l’année dernière. Juste derrière les maladies cardio-vasculaires on trouve dans l’ordre décroissant les accidents vasculaires cérébraux, les bronchopneumopathies chroniques obstructives (maladie des poumons entraînant des difficultés à respirer), les infections pulmonaires et les maladies néonatales. Viennent ensuite, les cancers des poumons, Alzheimer et autres formes de démence, la diarrhée, les diabètes et enfin les maladies rénales.
Les statistiques présentées mercredi montrent que les gens vivent plus longtemps en 2019 qu’en 2000 – 73 ans en moyenne contre 67 – mais pas forcément en meilleure santé. Pour les diabétiques dont le nombre a explosé depuis 2000 (+70%), le problème est moins un traitement – l’insuline a été découverte il y a près d’un siècle – mais seulement la moitié des gens qui en ont besoin y ont accès, a souligné Bente Mikkelsen, chargée des maladies non transmissibles à l’OMS.
Pour elle un des moyens les plus efficaces pour protéger les gens contre cette maladie: les taxes sur le tabac et les boissons sucrées par exemple. « Il est aussi très important d’augmenter les budgets santé« , a-t-elle souligné. « Seule une portion des gains en espérance de vie ces vingt dernières années est due à une vie plus saine« , a souligné Bochen Cao, qui fait partie de la division de l’OMS chargée de collecter et analyser les données.
Le sida a chuté de la 8ème à la dix-neuvième place dans le classement global. Il reste la quatrième cause de mortalité sur le continent africain même si le nombre de morts a chuté de plus de 1 million en 2000 à 435.000 vingt ans plus tard. La tuberculose a connu le même sort (désormais au treizième rang) grâce à une baisse de 30% du nombre de morts provoquées par la maladie qui affecte en général les poumons. De manière générale les maladies transmissibles jouent un rôle plus important dans les pays pauvres, représentant six des 10 maladies les plus mortelles: paludisme (sixième rang), la tuberculose (huitième rang) et le sida au neuvième.