Après avoir participé aux essais cliniques du vaccin chinois, le Maroc s’apprête à lancer, mi-décembre, la campagne nationale de vaccination contre le Covid-19. Une opération qui se justifie par une courbe toujours ascendante des nouveaux cas de contamination, mais aussi par l’implosion des structures sanitaires et l’épuisement du personnel soignant.
L’absence de communication officielle et surtout exhaustive sur cette campagne, en phase préparatoire, laisse place au doute, aux rumeurs et zones d’ombres. Voici ce que l’on en sait jusqu’à présent.
Un vaccin made in China
Le 9 novembre, le roi Mohammed VI présidait une séance de travail consacrée à la stratégie de vaccination contre le Covid-19. Au cours de cette réunion, et sur la base d’avis rendus par le Comité national scientifique ad hoc, il a été souligné que la campagne vaccinale était “une réponse réelle pour mettre fin à la phase aiguë de la pandémie”.
Le souverain a donné son feu vert pour le lancement de cette “opération nationale d’envergure inédite”, qui vise la couverture de la population par un vaccin en tant que moyen idoine d’immunisation contre le virus et de maîtrise de sa propagation, lit-on dans le communiqué du Cabinet royal. Or, le communiqué royal ne mentionne pas de quel vaccin il s’agit.
Pour plusieurs sources contactées par TelQuel, le vaccin utilisé lors de la première phase de cette opération de vaccination sera “sans doute” le vaccin produit par le laboratoire chinois Sinopharm. D’abord parce que le Maroc a pris part à la troisième phase des essais cliniques de ce vaccin auprès de 600 volontaires, tous militaires ou du corps sécuritaire. Une participation qui a placé le royaume sur la liste des premiers clients du laboratoire chinois. Ce dernier a annoncé la production de 100 millions de doses à fin décembre, dont 10 millions seront acheminées vers le Maroc.
En plus du vaccin chinois, le Maroc est entré en contact avec plusieurs autres laboratoires, dont Pfizer-BioNTech, pour se placer en tant que client potentiel. Il a même conclu un autre contrat avec le laboratoire britannique AstraZeneca qui a annoncé, le 23 novembre, que son vaccin était efficace à 70 %. Ce contrat prévoit l’acquisition de 17 millions de doses une fois le sésame commercialisé.
Les soignants et sécuritaires d’abord
Pour la réussite de cette campagne de vaccination, Mohammed VI a appelé à la mobilisation de tous les services et départements concernés par la lutte anti-Covid-19, particulièrement le personnel soignant, les militaires ainsi que les différents corps sécuritaires. Ces mêmes catégories seront aussi les premières bénéficiaires de la campagne, car en première ligne.
Suivront les personnes âgées et les personnes vulnérables qui ont des comorbidités ou des maladies chroniques (hypertendus, diabétiques, atteintes de cancer, etc.), suivant les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Plus largement, toutes les personnes âgées de plus de 18 ans seront concernées par cette opération, même si la vaccination restera non obligatoire.
Au total, le Maroc espère parvenir à un taux de couverture par le vaccin de 80 % de la population, soit 20 millions d’âmes. Pour cela, il aura besoin de 40 millions de doses du vaccin étant donné que l’inoculation se fait en deux temps (Jour 1, puis Jour 21).
Gratuité assurée
En dépit du coût élevé des vaccins, les autorités sanitaires ont confirmé via plusieurs médias que l’accès à la vaccination serait gratuit pour l’ensemble des Marocains. Une information que nous n’avons pas pu confirmer auprès du très discret ministre de la Santé. Ce qui est sûr, pour le moment, c’est que les personnes démunies ou en situation de vulnérabilité bénéficieront d’un vaccin gratuit.
Qui plus est, selon nos sources, des discussions sont en cours entre les responsables du ministère de la Santé, des gestionnaires de l’Assurance maladie obligatoire (AMO), de la CNOPS pour les fonctionnaires du secteur public, de la CNSS pour les employés et cadres du secteur privé, et de l’ANAM concernant la possibilité pour les caisses de rembourser les frais de vaccination à leurs affiliés. Si un accord est scellé, “les assurés n’auront pas à payer le prix du vaccin”, rassure notre source.
2880 stations de vaccination
Dans son allocution pendant la traditionnelle séance de questions orales à la Chambre des représentants, lundi 23 novembre, le ministre de la Santé a affirmé que la campagne nationale de vaccination serait “amorcée dans les prochains jours”. Elle devrait couvrir l’ensemble du territoire grâce au déploiement de 2880 stations de vaccination. “La sécurité et l’efficacité de ce vaccin et de l’immunité qu’il confère sont confirmées par des signes positifs observés pendant les essais cliniques menés sur un certain nombre de volontaires marocains”, a-t-il précisé.
Parmi les mesures importantes prises à cet égard et détaillées par Khalid Aït Taleb, la mise en place de plusieurs comités centraux chargés de préparer un ensemble de documents et de plans, et d’acquérir les fournitures nécessaires conformément à la stratégie nationale. Il s’agira d’un comité technique chargé d’élaborer des directives techniques sur le vaccin et de former des équipes de vaccination avant le début de l’opération. Un comité pharmaceutique sera quant à lui chargé de l’encadrement des processus d’autorisation pour l’utilisation du vaccin sur le territoire national.
Un comité logistique évaluera les moyens logistiques disponibles ou à acquérir, en se concentrant sur la chaîne du froid afin de préserver la qualité du vaccin dès son arrivée sur le terrain. Le comité de communication sera lui chargé de préparer la stratégie nationale de communication nécessaire pour mobiliser tous les acteurs. Enfin, le comité de suivi et d’évaluation préparera les mécanismes d’enregistrement des bénéficiaires et de suivi de leur état de santé pendant et après la période de vaccination, a détaillé le ministre de la Santé.