El Othmani à la Chambre des conseillers : “On espère ne pas reconfiner le pays. Mais c’est une option”

Le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, s’est adressé ce 3 novembre aux membres de la Chambre des conseillers afin de répondre aux questions liées à la situation économique et sociale du pays et aux répercussions de la pandémie de Covid-19. Voici les grandes lignes de son discours.

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Saad Eddine El Othmani devant la Chambre des Conseillers, le 3 novembre 2020. Crédit: Capture d'écran

Notre pays est à l’image du reste du monde. On vit avec l’impact de la crise du coronavirus. C’est la deuxième vague. C’est ce qui nous a poussés à prolonger six fois l’état d’urgence au royaume.

Les chiffres nous obligent à le faire. À l’international, des pays souffrent plus que lors de la première vague. Ce qui a poussé certains pays à annoncer un nouveau confinement. Ceci impacte l’économie à l’échelle mondiale. Nationalement, on a pris les mesures nécessaires depuis le début de la crise pour éviter le pire.

“C’est de notre responsabilité d’éviter le reconfinement”

Ces mesures ont permis à certaines villes comme Tanger et Marrakech de respirer après des crises sévères. On continuera. Avec les mêmes mesures, pour tenter de limiter la propagation du virus surtout dans les villes les plus touchées. On espère ne pas reconfiner le pays. Mais c’est une option. C’est de notre responsabilité de l’éviter, à l’approche de l’hiver et des maladies qui l’accompagnent qui ressemblent aux symptômes du Covid-19. On doit donc faire plus attention. La crise sanitaire s’ajoute à la sécheresse qui menace notre pays pour la 3e année consécutive…

Depuis le début de la pandémie, on a eu une approche marocaine pour limiter la propagation du virus. C’est une approche efficace, dont on peut être fiers. On a pu organiser les examens de la première année du baccalauréat, et assurer une rentrée acceptable vu les conditions.

Toutes les décisions prises se basent sur des données et des recherches effectuées par des spécialistes pour conseiller, analyser et prendre des décisions qui ne se prennent pas facilement.  Toutes les composantes doivent se focaliser sur un objectif commun. Se battre contre ce virus.

On doit essayer de limiter les dégâts pour qu’on puisse éviter de prendre des mesures encore plus sévères… C’est une équation difficile qu’on peut résoudre tous ensemble. La situation perdure. Aujourd’hui, on parle du moyen terme. Souvenez-vous quand je vous ai dit que le déconfinement est plus compliqué que le confinement.

“La situation pandémique est inquiétante”

La situation pandémique est inquiétante. Mais toujours sous contrôle. Sans oublier la grande pression que vivent les hôpitaux et autres établissements de santé. Actuellement, on parle de plus de 47 millions de cas dans le monde. Avec plus d’un million et demi de décès.

Dans notre pays, les nouveaux cas quotidiens sont entre 3000 et 4000 cas. Du 18 octobre au 1er novembre, plusieurs cas critiques se sont déclarés. Plus de 300 cas pour être précis, et c’est à ce niveau qu’on doit faire attention. Les personnes sous intubation sont au nombre de 69. Le taux de létalité est de 1,7 %, qui est l’un des meilleurs du monde où la moyenne est de 3 %.

“La situation économique du pays est compliquée, mais on a évité le pire”

Économiquement et socialement, les choses se sont bousculées à cause de l’impact du Covid-19. L’impact sera également ressenti en 2021. La situation économique du pays est compliquée, mais il faut dire qu’on a évité le pire grâce aux équilibres économiques trouvés avant l’arrivée de la pandémie.

Le taux de chômage qui baissait pour atteindre les 9,2 % en est la preuve. On reprend des couleurs. C’est une vérité. Aujourd’hui on doit relancer les projets pour réanimer l’économie nationale. Il faut poursuivre les efforts au niveau de l’investissement public, malgré la crise qu’on traverse. L’investissement public est à lui seul un effort qui permettra au pays de survivre. C’est une success-story à la marocaine, qui atteindra les 230 milliards de dirhams à la fin 2020.

On essaie de commencer à produire localement tous les produits qu’on était dans l’obligation d’importer il y a quelque temps. Un point très important, c’est que malgré la crise, on doit pouvoir mener à bon port tous les nouveaux projets lancés et les projets d’amélioration des secteurs.

On doit continuer de combattre la corruption, du mieux qu’on peut. Ce sont des projets qui se poursuivent, pour améliorer la situation. Selon les chiffres et statistiques, le Maroc s’améliore à ce niveau. Les délais de paiement sont aujourd’hui limités à 38 jours, ce qui n’a jamais été le cas auparavant. La transformation digitale se poursuit également. Surtout dans la crise sanitaire actuelle. On a accéléré quelques processus et programmes pour effectuer la transition de la meilleure des manières.

“À cause de la crise, le chômage est passé de 9,2 % à plus de 12 %”

L’informel est aussi au centre de nos intérêts, ainsi que la couverture sociale généralisée, et la couverture médicale. On cherche à améliorer les programmes existants, comme le Ramed, etc. Dans ce sens, on essaie d’échanger avec les composantes et experts pour avoir de meilleurs résultats.

Malgré la crise, le gouvernement tient sa promesse pour l’accord du 15 avril concernant l’augmentation des salaires des fonctionnaires à partir de 2021. On cherche à améliorer le secteur de l’enseignement, en plus de celui de la santé. On passera de 15.000 professeurs à 17.000 professeurs en plus, et de 4000 à 5500 nouveaux postes au niveau du ministère de la Santé.

Le budget du ministère de la Santé a atteint 18,6 MDH en 2020 et 23 millions de dirhams en 2021. À cause de la crise, le chômage est passé de 9,2 % à plus de 12 %. Mais les efforts vont dans ce sens, pour la création de l’emploi.

Malgré les trois années de sécheresse, on fait de notre mieux pour poursuivre les programmes lancés pour mettre l’eau potable à disposition de tous les Marocains. 5 barrages tourneront en 2021. C’est une première. On s’est toujours contentés de 2 ou 3 barrages.

“Les fake news sont aussi dangereuses que le virus”

On est face à une crise sanitaire inédite qui doit nous apprendre à garder la tête sur les épaules. La situation évolue vite, très vite partout dans le monde ! Cette situation nous oblige à faire attention aux fake news pour éviter les mouvements de panique. Les fake news sont aussi dangereuses que le virus.

On doit être réaliste pour affronter ce virus. Pour éviter ce qui s’est passé dimanche, avec le faux communiqué qui a circulé et qui annonçait un reconfinement national. Cela cause des mouvements de panique dont on peut se passer.

“C’est une crise sans précédent et personne ne peut se projeter”

Le Maroc, grâce à son roi, a pu limiter les dégâts avec des efforts communs de toutes les composantes de la société. On est tous en danger. On doit tous faire attention pour contrôler la situation. Économiquement, c’est compliqué, car c’est une crise sans précédent et personne ne peut se projeter. On ne sait même pas ce qui se passera dans un mois, l’évolution est imprévisible.

On doit poursuivre nos efforts, comme au début. Pour continuer notre lutte efficace. On est optimistes, malgré la situation compliquée. Les pays qui ont l’habitude de respecter les lois sont les plus efficaces dans la lutte contre le virus. C’est un fait. On doit respecter les mesures et les lois qui se sont imposées en cette période difficile.

Pour finir, je tiens à rappeler les propos du roi Mohammed VI au Parlement, qui a insisté pour qu’on s’aligne tous dans le même rang, main dans la main, pour survivre à cette pandémie.”