Contexte de pandémie oblige, le marché du travail fait face à un climat morose, certaines entreprises et commerces ayant été obligés de baisser le rideau alors que les actifs, jeunes et moins jeunes, sont pour beaucoup contraints à l’arrêt de travail. En l’espace d’une année, entre le troisième trimestre 2019 et la même période en 2020, l’économie nationale a perdu 237.000 postes en milieu urbain et 344.000 en milieu rural, soit une perte de près de 581.000 emplois.
Telles sont les observations du Haut-commissariat au plan (HCP), dans une note d’information diffusée ce mardi 3 novembre, relative à la situation du marché du travail au troisième trimestre 2020. Une baisse du taux d’emploi qui est une conséquence directe du Covid-19, là où une année auparavant, “entre le troisième trimestre de 2018 et la même période de 2019, l’économie nationale avait créé 143.000 postes d’emploi”.
Les jeunes actifs, premiers touchés
Premières victimes, les actifs et plus particulièrement les jeunes, principale couche impactée par le chômage au Maroc, qui ont ainsi vu l’écart se creuser. Entre le troisième trimestre 2019 et le troisième trimestre 2020, cette catégorie est passée d’un taux de chômage de 26,6 % à 32,3 %, soit une hausse de 5,7 points. Un taux de chômage qui a également principalement touché les diplômés, avec une hausse de 3,2 points, passant de 15,5 % à 18,7 %.
Le nombre de chômeurs est passé de 1.114.000 à 1.482.000 chômeurs, ce qui correspond à une augmentation de 33%
Dommage collatéral de la crise sanitaire, le nombre de chômeurs a augmenté de 368.000 personnes entre le troisième trimestre de l’année 2019 et celui de 2020, passant de 1.114.000 à 1.482.000 chômeurs, ce qui correspond à une augmentation de 33 %. “Cette hausse étant le résultat d’une augmentation de 276.000 chômeurs en milieu urbain et de 92.000 en milieu rural”, constate le HCP, soulignant une augmentation de 3,3 points sur la période, passant de 9,4 % à 12,7 %.
Un phénomène qui n’a fait aucune distinction entre les milieux urbains (12,7 % à 16,5 %) et ruraux (4,5 % à 6,8 %). Ni de genre : “Le chômage a également enregistré une forte hausse parmi les femmes, de 13,9 % à 17,6 % et parmi les hommes, de 8,0 % à 11,4 %.”
Fait surprenant, la région touristique de Marrakech-Safi compte parmi les régions ayant enregistré les plus bas taux avec 7,8 %, et ce, malgré la fermeture de nombreux établissements. La région de l’Oriental ainsi que les provinces du sud figurent parmi les plus impactées avec des taux de chômage respectivement de 21,2 % et 19,6 %. Suivent trois autres régions qui dépassent la moyenne nationale (12,7 %) à savoir Casablanca-Settat (14,7 %), Drâa-Tafilalet (14 %) et Fès-Meknès (12,9 %).
Les entreprises recrutent peu
Presque trois quarts des chômeurs (72,6 %) sont concentrés dans cinq régions : Casablanca-Settat vient en première position avec 25,8 % de chômeurs, suivie de Rabat-Salé-Kénitra (13,3 %), de Fès-Meknès (11,9 %), de l’Oriental (11 %) et de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (10,6 %).
C’est qu’au fond, les entreprises recrutent peu, contraintes même de se séparer de leurs salariés. Parmi les secteurs les plus impactés, le HCP révèle que le secteur des services a perdu 260.000 postes alors que celui relatif au secteur agricole, halieutique et forestier a, lui, enregistré une perte de 258.000 emplois. Le secteur industriel, “y compris l’artisanat”, a fait face à une perte nette de 61.000 postes.
En grande partie à l’arrêt pendant la période de confinement, de mi-mars à mi-juin, le secteur du BTP avait pu relativement se maintenir et créé un millier de postes (2000 postes créés en zone urbaine, pour 1000 perdus dans le monde rural). Une exception dans un marché marqué par la baisse de l’emploi. Celui-ci est passé de 40,7 % à 37,9 % au niveau national, avec une baisse de 2,1 points en milieu urbain et de 3,7 points en milieu rural. Et au HCP de souligner : “L’écart entre hommes et femmes a atteint 47,2 points avec des taux d’emploi respectifs de 61,9 % et de 14,7 %.”
Plus tôt dans l’année, le HCP constatait que la croissance économique n’a pas dépassé les 0,1 % au premier trimestre de 2020, l’activité se contractant même au second, avec 13,8 %. Et ce, en dépit de mesures introduites pour favoriser la relance.