A l’issue de cette réunion, le conseil de Bank Al-Maghrib a décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 1,5 %, jugeant “adéquate” la politique monétaire adoptée jusque-là pour soutenir le financement de l’économie, atténuer l’impact de la crise et favoriser la relance.
Selon les projections de Bank Al-Maghrib, l’économie nationale devrait connaître une contraction de 6,3 % avec des reculs de 5,3 % de la valeur ajoutée agricole et de 6,3 % de celle des secteurs non agricoles. En 2021, le PIB rebondirait de 4,7 %, porté par une hausse de 12,6 % de la valeur ajoutée agricole, suivant l’hypothèse d’une récolte céréalière de 75 millions de quintaux, et par une amélioration de 3,7 % de celle non agricole.
Inflation
Dans un contexte marqué par de faibles pressions émanant de la demande, l’inflation continuerait d’évoluer à des niveaux bas, ressortant à 0,4 % en moyenne en 2020 avant de s’accélérer modérément à 1 % en 2021.
Déficit budgétaire
Tenant compte des données de la Loi de finances rectificative 2020 et de la poursuite de la mobilisation des financements spécifiques en 2021, le déficit budgétaire, hors privatisation, devrait s’aggraver en passant de 4,1 % du PIB en 2019 à 7,9 % cette année, avant de s’atténuer à 5,1 % en 2021.
Outre les ressources internes, le financement des besoins du Trésor est assuré par une mobilisation exceptionnelle des financements extérieurs. La dette du Trésor augmenterait, passant de 65 % du PIB en 2019 à 76,1 % en 2020, et se situerait à 75,9 % en 2021.
Conditions monétaires
Tenant compte de l’évolution prévue de l’activité économique, de l’effet attendu du programme Intelaka ainsi que des différentes mesures de soutien et de relance, l’encours du crédit bancaire devrait enregistrer une progression autour de 4 % en 2020 et en 2021. Reflétant essentiellement la réduction de 25 points de base du taux directeur opéré en mars dernier, les taux débiteurs ont reculé de 29 points de base à 4,58 % en moyenne au deuxième trimestre, baisse ayant profité aussi bien aux grandes entreprises qu’aux TPME.
Ce repli devrait se poursuivre au regard de la réduction de 50 points de base du taux directeur, opérée en juin, et de la mise en place de dispositifs de garantie pour le financement de la relance à des conditions indexées sur ce taux.
Quant au taux de change effectif réel, après une appréciation de 1,1 % en 2019, il devrait se déprécier de 0,8 % en 2020 et de 2 % en 2021, résultat d’une dépréciation en termes nominaux ainsi que d’un niveau d’inflation domestique inférieur à celui des pays partenaires et concurrents commerciaux.
Comptes extérieurs
Pour l’ensemble de l’année, les exportations ressortiraient, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, en chute de 16,6 % avant d’augmenter de 22,4 % en 2021, portées en particulier par la progression prévue des expéditions du secteur automobile. En parallèle, les importations de biens se contracteraient de 17,4 % avant de s’accroître de 17 % en 2021.
S’agissant des recettes de voyage, elles ressortiraient en forte diminution, passant de 78,8 milliards de dirhams en 2019 à 23,9 milliards en 2020, pour rebondir à 49,1 milliards en 2021. Plus résilients à la crise, les transferts des MRE accuseraient une baisse limitée de 5 % à 61,5 milliards avant de s’améliorer de 2,4 % à 63 milliards en 2021.
Dans ces conditions, et tenant compte de rentrées de dons à hauteur de 7,2 milliards de dirhams en 2020 et de 2,6 milliards en 2021, le déficit du compte courant devrait se creuser à 6 % du PIB en 2020, au lieu des 10,3 % prévus en juin, et s’alléger à 5,2 % du PIB en 2021.
Concernant les entrées d’IDE, elles reculeraient à l’équivalent de 1,5 % du PIB cette année, contre 2,9 % du PIB en 2019, avant de revenir en 2021 au niveau moyen observé avant la crise. Ainsi, tenant compte de la mobilisation exceptionnelle des financements extérieurs, l’encours des avoirs officiels de réserve avoisinerait 294,7 milliards de dirhams à fin 2020 et 289 milliards à fin 2021, soit une couverture autour de 6 mois et 20 jours d’importations de biens et services.