Dans un rapport relatif à la mobilisation médiatique face à la pandémie, le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA) a passé en revue, du 1er mars au 30 juin, plus de 6000 heures de diffusion de 24 services radiophoniques et télévisuels, publics et privés, durant cette crise sanitaire.
Diffusé le 28 juillet, ce rapport révèle que 50 % de la grille de référence quotidienne de l’ensemble des télévisions et radios marocaines a été consacrée à des contenus en rapport avec le Covid-19, rapporte la MAP. “Cette réactivité médiatique est également illustrée par la création de programmes spécifiques traitant des différents aspects de la crise pandémique. Ces nouveaux programmes ont représenté plus de 33 % du volume horaire, les 77 % restants étant composés des émissions habituelles programmées avant la crise”, explique la HACA.
Interactivité et contenus de proximité
Cette couverture médiatique spéciale crise sanitaire s’est distinguée par un renforcement de l’interactivité et de l’offre de contenus de proximité. Les radios et télévisions ont donné massivement la parole à des spécialistes dans les domaines médical et académique, mais le citoyen a aussi été sollicité. “Il lui a été parfois possible d’envoyer ses propres vidéos. De même qu’il a été en mesure d’exprimer ses interrogations, ses attentes et son ressenti par rapport aux différentes dimensions de la crise pandémique”, note la même source.
Une proximité palpable grâce à l’usage de la darija, y compris dans les journaux télévisés
Une proximité palpable grâce à l’usage de la darija, y compris dans les journaux télévisés ou la présentation de programmes spécifiques. Aussi, l’utilisation par les médecins et les spécialistes sollicités par les radios et télévisions d’un vocabulaire simplifié et d’une narration illustrée d’exemples et de données accessibles au grand public est apparue comme un réel effort de vulgarisation scientifique, relèvent les auditeurs de la HACA.
Un effort particulier a été déployé pour sensibiliser le grand public aux dangers du coronavirus à travers des capsules, des émissions informatives, des programmes interactifs, dans le secteur public comme privé.
Durant cette crise, les radios et télévisions ont utilisé de manière significative le digital pour les possibilités de communication offertes par les plateformes digitales et les réseaux sociaux, indique le régulateur de l’audiovisuel. Cette ouverture numérique a permis de prolonger l’effet mobilisateur des programmes audiovisuels mis en place par les radios et télévisions, notamment à l’attention des jeunes.
Sous-représentation des acteurs politiques
Le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle a aussi émis des observations par rapport au traitement de la crise sanitaire par les radios et télévisions. L’analyse de différents passages à l’antenne a montré une faible représentation des acteurs politiques, syndicaux et associatifs.
On apprend que les représentants de l’administration et les intervenants des milieux médical, scientifique, et académique ont représenté 27 % des intervenants, tandis que les acteurs politiques et les représentants des milieux professionnels sont intervenus, respectivement, à hauteur de 21 % et 13 %.
“Une partie de ces résultats peut se justifier par les exigences de la première phase de la gestion de la pandémie où la communication devait mettre l’accent prioritairement sur les conseils sanitaires, les gestes barrières et l’observance des règles du confinement. Mais dans un deuxième temps, un traitement médiatique élargi aux effets sociaux, économiques et politiques de la crise du Covid-19 exigeait une plus grande ouverture des radios et des télévisions sur l’ensemble des acteurs publics”, note la HACA.
Parité à la trappe et ambiance anxiogène
La présence de personnalités féminines parmi l’ensemble des intervenants dans les magazines d’information analysés n’a pas dépassé la barre des 13 %. Une représentation minorée, en déphasage avec la réalité des compétences féminines impliquées dans la chose publique et expertes dans les différents domaines en rapport avec la crise sanitaire.
La sous-représentation des femmes parmi les personnalités publiques intervenues dans les programmes d’information ayant traité de la question du Covid-19 est aussi en dissonance avec le cadre référentiel édicté par la HACA en matière de garantie du pluralisme d’expression des courants de pensée et d’opinion au sein des radios et chaînes de télévision.
Les médias audiovisuels, notamment publics, auraient pu mettre en place davantage de programmes adaptés à des enfants exposés aux effets psychologiques du confinement
Par ailleurs, les radios et télévisions ont “par mégarde” omis de tenir compte du caractère anxiogène des sujets liés à la pandémie sur les enfants et le jeune public en général. Les médias audiovisuels, notamment publics, auraient pu mettre en place davantage de programmes adaptés à des enfants exposés aux effets psychologiques du confinement et surexposés aux médias classiques et numériques.
Toujours selon le rapport de la HACA, les radios et télévisions ont veillé à traiter les différentes dimensions de la crise sanitaire, mais les perspectives économique et sociale ont été largement privilégiées dans ce traitement, au détriment des perspectives politique et culturelle.
De manière générale, le suivi de la couverture et du traitement médiatiques consacrés par les radios et télévisions à la question de la pandémie a permis de faire le constat d’une réelle complémentarité entre l’action du service public de l’audiovisuel et l’effort d’information et de sensibilisation déployé par les opérateurs privés dans un contexte d’urgence sanitaire.
(avec MAP)