Le décollage de cet engin spatial non habité, retransmis en ligne et en direct, a eu lieu comme prévu depuis le centre spatial de Tanegashima (sud-ouest du Japon) à 6 h 58 heure locale (dimanche 21 h 58 GMT), après deux reports la semaine dernière en raison du mauvais temps.
Quasiment une heure après le décollage, des applaudissements ont retenti dans la salle de contrôle japonaise quand la sonde s’est séparée de son lanceur H-IIA numéro 42 de la société nippone Mitsubishi Heavy Electric.
À Dubaï, le décollage a aussi été vécu avec enthousiasme et émotion. Sarah al-Amiri, directrice adjointe du projet et également ministre des Technologies avancées des Emirats, a fait part de son “sentiment indescriptible” au moment du décollage. “C’est le futur des Émirats arabes unis”, a-t-elle déclaré à la chaîne Dubaï TV.
Âge d’or des découvertes arabes
Al-Amal envoie “un message de fierté, d’espoir et de paix dans le monde arabe”, a aussi déclaré le gouvernement des Émirats sur Twitter. “Nous renouons avec l’âge d’or des découvertes arabes et islamiques”. Le Burj Khalifa de Dubaï, la plus haute tour du monde, avait symboliquement projeté un compte à rebours de dix secondes sur sa façade plusieurs heures avant le décollage.
Les ambitions du richissime État du Golfe vont encore plus loin puisqu’il projette d’établir une colonie humaine sur Mars d’ici moins d’un siècle
Al-Amal devrait commencer à orbiter autour de Mars d’ici février 2021, marquant le 50e anniversaire de l’unification des sept principautés qui forment les Émirats arabes unis. Une fois sur place, la sonde doit faire le tour de la planète rouge pendant toute une année martienne de 687 jours terrestres. L’objectif est de fournir une image complète et inédite de la dynamique du temps dans l’atmosphère de Mars.
Plus connus pour leurs immenses réserves de pétrole et de gaz naturel, leurs gratte-ciel et leur goût du luxe, les Émirats arabes unis ambitionnent de devenir un acteur majeur dans le domaine des sciences et des technologies. En septembre dernier, Hazza al-Mansouri est devenu le premier Émirati envoyé dans l’espace, au côté d’un équipage de trois membres à bord d’une fusée russe Soyouz. L’astronaute est aussi le premier citoyen arabe à visiter la Station spatiale internationale (ISS).
Coloniser Mars
Les ambitions du richissime État du Golfe vont encore plus loin puisqu’il projette d’établir une colonie humaine sur Mars d’ici moins d’un siècle. Afin de s’y préparer, il prévoit de créer une “cité scientifique” dans le désert en périphérie de Dubaï, pour simuler les conditions martiennes et développer la technologie nécessaire pour coloniser la planète rouge.
Fondé en 2006 à Dubaï, le Centre spatial Mohammed Bin Rashid (MBRSC) a été le fer-de-lance du projet Al-Amal auquel ont participé quelque 450 personnes, dont plus de la moitié émiratie. Le programme inaugure cet été une véritable ruée vers Mars, puisque deux autres missions non habitées, l’une chinoise, l’autre américaine, doivent prochainement partir vers cette planète en raison d’une fenêtre de tir favorable depuis la Terre.
À ce jour seuls les États-Unis, l’Inde, la Russie et l’Agence spatiale européenne ont placé avec succès des sondes autour de Mars. Et seuls les Américains ont réussi à y faire atterrir des robots intacts : quatre atterrisseurs (fixes), et quatre engins mobiles appelés rovers (Pathfinder, Spirit, Opportunity et Curiosity, le seul encore actif).
Les États-Unis comptent faire décoller cet été leur rover martien le plus sophistiqué à ce jour, “Perseverance”, qui va tenter d’y déterrer des preuves que des microbes vivaient sur cette planète il y a trois milliards et demi d’années. La Chine s’apprête aussi à expédier d’ici fin juillet une sonde et un petit robot téléguidé vers Mars, sous le nom de mission “Tianwen-1”. En 2011, une première sonde chinoise vers Mars, en collaboration avec la Russie, s’était soldée par un échec.