L’influente institution sunnite Al-Azhar soutient les victimes de harcèlement et d’agressions sexuelles

Après l’arrestation d’un homme soupçonné d’avoir agressé sexuellement près d’une dizaine de femmes en Égypte, le bras médiatique de l’influente institution Al Azhar condamne les agressions sexuelles et affirme que “les habits d’une femme, quels qu’ils soient, ne doivent pas être une excuse pour porter atteinte à sa vie privée, sa liberté et sa dignité”.

Par

Pour l’institution sunnite, "le harcèlement par des signes, des mots ou des gestes est un crime, un péché et une déviation comportementale". Crédit: DR

Al Azhar, influente institution sunnite, condamne les violences sexuelles suite à un récent scandale d’agressions sexuelles en série en Égypte. À travers son bras médiatique Saout Al-Azhar, l’institution indique que “les oulémas d’Al-Azhar appellent à soutenir les victimes d’agressions sexuelles et à les encourager à parler et à porter plainte contre leurs agresseurs”.

Se taire ou détourner le regard sur ces crimes menace la sécurité de notre société. (…) Les habits d’une femme, quels qu’ils soient, ne doivent pas être une excuse pour porter atteinte à sa vie privée, sa liberté et sa dignité”, lit-on dans un post faisant la promotion du prochain numéro de Saout Al-Azhar, à paraître le 8 juillet.

L’institution sunnite tranche : “Le harcèlement par des signes, des mots ou des gestes est un crime, un péché et une déviation comportementale. La condamnation de l’acte d’agression et de l’agression doit donc être absolue et non conditionnée à un contexte ou une condition.”

Asma Lamrabet qualifie la position d’Al-Azhar de “réconfortante”

Cette sortie médiatique claire et sans concession a largement été saluée par l’opinion publique en Égypte et ailleurs. Au Maroc, Asma Lamrabet, ancienne directrice du Centre des études féminines en Islam au sein de la Rabita Mohammadia des Oulémas a qualifié la position d’Al Azhar comme étant “réconfortante”.

Celle qui a été poussée en 2018 à la démission par la Rabita Mohammadia à cause de sa position en faveur de l’égalité dans l’héritage a écrit, le 5 juillet sur sa page Facebook : “On aurait bien aimé entendre la voix des autres institutions religieuses du monde musulman qui malheureusement sur ce sujet font le plus souvent preuve d’un silence assourdissant !

La position de la plus influente des institutions religieuses sunnites survient en pleine vague de dénonciation d’agressions sexuelles en série. Les autorités égyptiennes ont arrêté samedi 4 juillet un homme soupçonné d’agressions sexuelles sur des dizaines de femmes, a indiqué une source de sécurité à l’AFP, à l’issue d’une campagne sur les réseaux sociaux appelant les autorités à agir.

Des témoignages publiés récemment sur les réseaux sociaux, détaillant des agressions sexuelles contre plusieurs femmes et des chantages, ont provoqué la colère des internautes contre cet homme, accusé notamment de tentative d’agression sur une adolescente de 14 ans.

Tout harcèlement est “péché”

Selon ces témoignages, publiés depuis mercredi dernier sur un compte Instagram, ces agressions remontent au moins à 2018. “La personne accusée d’avoir harcelé ces femmes a été arrêtée et va faire l’objet de poursuites judiciaires à la suite des accusations portées à son encontre sur les réseaux sociaux”, a indiqué la source de sécurité. “Les personnes concernées devraient déposer des plaintes formelles.

D’après des informations publiées en ligne et rapportées par l’AFP, l’homme accusé est un étudiant. L’Université américaine du Caire a dévoilé dans un communiqué que le suspect avait étudié en son sein, mais qu’il avait quitté l’établissement en 2018.

La condamnation de l’influente institution religieuse égyptienne et son soutien indéfectible aux victimes sont inédits. Pourtant, en 2018, Al-Azhar a qualifié toutes les formes de harcèlement de “péchés”. Dans un communiqué cité par l’AFP, Al-Azhar a dénoncé des “actes interdits et comportements déviants” et affirmé que “l’habit ou le comportement des femmes ne doit en aucun cas justifier un tel acte”, qui constitue une “atteinte à la dignité et à la liberté des femmes”.