Seules les personnes de toutes nationalités “se trouvant à l’intérieur du royaume” saoudien pourront effectuer le Hajj, conformément aux mesures de précaution destinées à contenir la propagation du virus, a précisé l’agence.
Jusque-là, Ryad maintenait l’incertitude autour de la tenue de ce pèlerinage, l’un des plus importants rassemblements religieux au monde, qui a attiré 2,5 millions de musulmans en 2019 selon les chiffres du ministère chargé de l’organiser.
Le Hajj, prévu cette année fin juillet, est l’un des cinq piliers de l’islam. En raison de sa forte affluence, il peut aussi devenir un énorme vecteur de contagion du nouveau coronavirus, avec des fidèles venus du monde entier.
Distanciation sociale
Or, la pandémie “continue de s’accélérer” à travers la planète, s’est inquiété lundi 22 juin le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. C’est notamment le cas en Arabie saoudite, pays arabe du Golfe le plus touché avec une recrudescence du nombre de contaminations. Les autorités ont officiellement recensé plus de 161.000 personnes infectées, dont 1307 sont décédées.
Pour contenir la propagation de la maladie, l’Arabie saoudite a, dès mars, suspendu le petit pèlerinage, la Omra, qui s’effectue toute l’année à La Mecque et Médine, les deux lieux les plus saints de l’islam situés dans l’ouest du pays. Avec un Hajj “très limité”, les autorités saoudiennes assurent vouloir “répondre aux exigences de prévention et de distanciation sociale nécessaires pour assurer la sécurité et la protection” des fidèles, tout en “réalisant les objectifs de la loi islamique”.
S’attendant à une annulation ou du moins à de fortes restrictions, la plupart des pays musulmans avaient déjà suspendu ces dernières semaines les formalités de voyage pour le Hajj, décevant des millions de fidèles qui consacrent parfois toutes leurs économies à ce pèlerinage.
Fin mars, le ministre saoudien du Pèlerinage, Mohammad Benten, avait également demandé aux musulmans de reporter temporairement leurs préparatifs du Hajj.
Conséquences économiques pour l’Arabie saoudite
Ce Hajj “très limité” risque d’affecter l’économie de l’Arabie saoudite qui, premier exportateur de brut au monde, est déjà touchée de plein fouet par la chute des prix du pétrole, entraînant la baisse de ses recettes publiques.
En mai, Ryad a dû tripler le montant de la TVA et annoncer l’arrêt d’allocations sociales, afin de maîtriser un déficit budgétaire qui pourrait atteindre le niveau record de 112 milliards de dollars (environ 103,5 milliards d’euros) cette année.
Lors du Hajj et de la Omra, les pèlerins injectent chaque année 10,6 milliards d’euros dans l’économie saoudienne, selon le gouvernement, une somme sur laquelle le royaume va devoir faire une croix et qui aurait été la bienvenue en ces temps d’austérité.
Le grand pèlerinage fait partie des autres sources de revenus vers lesquelles le royaume souhaite réorienter son économie dans le cadre du plan de réforme du prince héritier Mohammed ben Salmane, qui veut débarrasser son pays de sa dépendance au pétrole.
Avec ses immenses foules qui s’entassent dans des lieux saints situés dans des espaces relativement petits, le Hajj représente chaque année un défi logistique colossal.
Au fil des années, le Hajj a été endeuillé par des bousculades mortelles qui ont suscité des critiques sur la gestion du pèlerinage par le royaume. La pire a eu lieu en 2015, coûtant la vie à quelque 2300 fidèles.